Page 14 - Sous le Signe de l'Abondance
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14   Chapitre 1

        l’association.
            C’est justement parce que c’est le bien de tous et de chacun
        que  c’est  un  bien  commun.  Ce  n’est  pas  le  bien  particulier  d’un
        seul, ni d’une section, qui est poursuivi par l’association, mais le
        bien de tous et de chacun des membres.
            Trois personnes s’associent pour une entreprise. Pierre appor-
        te la force de ses muscles; Jean, son initiative et son expérience;
        Mathieu, son  capital  argent. Le  bien  commun  c’est  le  succès  de
        l’entreprise. Mais ce succès de l’entreprise n’est pas cherché pour
        le bien de Pierre seulement, ni pour le bien de Jean seulement, ni
        pour le bien de Mathieu seulement. Si l’un des trois est exclu des
        avantages de l’entreprise, il ne va pas s’associer.
            Les  trois  s’associent  pour  retirer,  pour  tous  et  chacun  des
        trois, un résultat que chacun des trois désire, mais que ni l’un ni
        l’autre ne peut bien retirer tout seul. L’argent seul ne donnerait pas
        grand’chose à Mathieu; les bras seuls apporteraient peu de choses
        à Pierre; l’esprit seul ne suffirait pas à Jean. Les trois s’associant,
        l’entreprise  marche,  et  chacun  en  bénéficie.  Pas  nécessairement
        tous les trois au même degré; mais chacun des trois retire plus que
        s’il était seul.
            Toute association qui frustre ses associés, ou une partie de ses
        associés, affaiblit son lien. Les associés sont portés à se dissocier.
        Lorsque, dans la grande société, les marques de mécontentement
        s’accentuent, c’est justement parce que des associés de plus en
        plus nombreux sont de plus en plus frustrés de leur part du bien
        commun. Dans ce temps-là, les législateurs, s’ils sont sages, cher-
        chent et prennent les moyens de rendre tous et chacun des mem-
        bres participants du bien commun. Essayer de mater le méconten-
        tement en y ajoutant des punitions est une façon très inadéquate
        de le faire disparaître.
            D’ailleurs,  les  associations  humaines  étant  faites  d’hommes,
        donc  de  personnes,  donc  d’êtres  libres  et  intelligents,  leur  bien
        commun doit certainement être en confirmité avec l’épanouisse-
        ment de cette intelligence et de cette liberté. Autrement ce n’est
        plus un bien commun, ce n’est plus le bien, par l’association, de
        tous  et  de  chacun  des  êtres  libres  et  intelligents  qui  composent
        l’association.

                              Fins et moyens
            Il  convient  de  distinguer  entre  fins  et  moyens,  et  surtout  de
        soumettre les moyens à la fin, et non pas la fin aux moyens.
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