Pas de produits gratuits mais de l’argent gratuit

Gilberte Côté-Mercier le samedi, 13 avril 1968. Dans Économie

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Mes chers amis,

Gilberte Côté-MercierVoici une nouvelle publiée dans les journaux du 19 octobre, Drummondville :

Plusieurs centaines de travailleurs de Drummondville, membres du local 1435 de l'Union des ouvriers du Textile d'Amérique Canadian Celanese, aimeraient voir instituer au Québec un plan d'assurance-santé gratuite. Les ouvriers considèrent aussi que l'éducation doit être gratuite à tous les niveaux et ils demandent le maintien de la régie des loyers. Voilà la nouvelle.

Avant de donner notre point de vue sur ces conclusions de ces ouvriers, mes amis, disons que nous faisons une grande distinction entre les ouvriers et les syndicats-ouvriers.

Quand les journaux disent que les ouvriers demandent telles choses, ils devraient dire les syndicats-ouvriers, menés dictatorialement par les chefs-ouvriers. La plupart du temps, les ouvriers membres de ces syndicats sont opposés aux mesures préconisées par leur chef. Ainsi, toutes les résolutions votées par les syndicats sont dans la ligne du socialisme ; jamais dans la ligne du Crédit Social qui est le contraire du socialisme.

C'est que les chefs-ouvriers sont des socialistes en même temps que des enragés contre le Crédit Social. Exemple, Jean Marchand, tandis que la majorité des membres syndiqués sont des créditistes, des anti-socialistes. Et justement, les trois résolutions dont il est question plus haut réclament des mesures socialistes. L'assurance-santé gratuite et la régie des loyers par l'État.

Les syndicats, les socialistes, veulent la santé gratuite, l'éducation gratuite et les loyers gratuits. Et quand ils disent gratuit, ils veulent signifier payé par un autre. La santé gratuite, c'est la santé payée par l'État et les taxes des citoyens. L'éducation gratuite, c'est l'éducation payée par l'État et par les taxes des contribuables. Les loyers, régis, ce sont les loyers payés en partie par les propriétaires. Dans les trois cas, le gratuit veut dire contrôlés par l'État ; contrôlés du côté du producteur et contrôlés du côté du consommateur. La santé gratuite, ce sont les hôpitaux, les médecins, les infirmières contrôlés et les malades contrôlés. L'éducation gratuite, ce sont les écoles, les programmes, les professeurs contrôlés et les enfants et les parents contrôlés en même temps que les idées contrôlées.

Le gratuit que demandent les syndicats n'a donc absolument rien de gratuit. Au contraire, il est plus coûteux que le payer par les individus. Quand c'est l'État qui paie, ça coûte toujours plus cher ; le prix étant grossi de tous les salaires des fonctionnaires et des ministres, de toute la graisse des contrats des gouvernements, de toute l'incompétence des administrateurs publiques et de toute l'irresponsabilité des réclamants.

Le gratuit que demandent les syndicats est donc tout ce qu'il y a de contraire au gratuit pour le porte-monnaie et tout ce qu'il y a de plus contraire au gratuit du côté des conditions à remplir pour obtenir ce gratuit imaginaire.

On ne peut dire que c'est gratuit quand le malade et l'élève doivent passer par des filières d'enquêtes, d'inspections, d'indiscrétions, de procès et de jugements plus ou moins partiaux.

Ce n'est pas gratuit puisque ça coûte tout ça. Ça coûte des tracas, des maux de têtes, des inquiétudes, des injustices, de temps, etc... et ça peut même causer des maladies et la mort. Les exemples ne manquent pas.

Voilà ce que c'est que de vouloir obtenir gratuitement des choses. C'est vouloir l'assujettissement à l'État, le socialisme.

Ce qu'il faudrait exiger gratuitement, mes amis, c'est de l'argent. Non pas des choses gratuites, de l'argent gratuit. De l'argent gratuit nous permettrait de nous procurer librement les choses. Des choses que nous désirons, tandis que les choses gratuites sont choisies par l'État et imposées aux conditions de l'État. L'argent gratuit, c'est la liberté. Des choses gratuites, c'est l'esclavage.

De l'argent gratuit qui irait directement à l'individu, qui lui permettrait de se procurer les biens qu'il désire : la santé, l'éducation, le logement, etc..

Supposons que je reçoive chaque mois un dividende ; de l'argent gratuit. Un dividende de $50. Je disposerai de ce $50 à mon gré. Je me ferai soigner si je suis malade et si je veux me faire soigner. Et je choisirai le médecin, l'hôpital, les garde-malades, les remèdes de mon choix. Je resterai le maître et je n'aurai pas besoin de faire rapport à personne, encore moins au gouvernement, de l'emploi de mon dividende. J'aurai gardé ma liberté et la dignité de ma personne sera sauve.

Si au lieu de recevoir de l'argent gratuit, je reçois la santé gratuite ou l'éducation gratuite, c'est-à-dire payé par le gouvernement, alors je dois me soumettre aux règlements du gouvernement. C'est la volonté du ministre qui me régit et je deviens l'esclave des enquêteurs, des inspecteurs, des médecins-fonctionnaires, des professeurs-fonctionnaires. Je suis à la merci de toute une machine socialiste qui m'enrégimente, me surveille, me donne des ordres et me traite comme un être sans intelligence et sans liberté.

Ceux qui réclament des choses gratuites réclament le socialisme. Ceux qui réclament l'argent gratuit réclament le Crédit Social. Le socialisme, c'est la perte de sa liberté, la ruine de la personne. Le Crédit Social, c'est la protection de la liberté, l'épanouissement de la personne.

Mais il y a des gens, ceux qui ne connaissent pas le Crédit Social, qui ne peuvent pas comprendre qu'un dividende puisse être distribué à chacun et que ce dividende ne soit pas alimenté par des taxes.

Aujourd'hui, tout l'argent gratuit qui vient du gouvernement, les pensions de vieillesse, les allocations familiales, les secours du Bien-Être, tout cet argent donné aux individus vient des taxes. Mais le dividende du Crédit Social ne viendrait pas des taxes. C'est $50 par mois de dividende qu'il faudrait donner au monde aujourd'hui. Au Canada, il y a 18 millions d'habitants. Un dividende de $50 ferait une somme de 900 millions de piastres par mois, soit 11 milliards dans l'année. Où donc le gouvernement prendrait-il ces 11 milliards pour les passer aux individus ? Pas dans les taxes. Mais où donc ? Ces 11 milliards serait des chiffres, de l'argent-comptabilité.

Pierre Charbonneau, par exemple, verrait dans son compte de banque $50 de plus au bout du mois. Ces $50 sont de l'argent-chiffre écrit dans son compte par la banque sur ordre de la loi. Et Jacques aussi voit $50 de plus dans son compte de banque. Et tous les Pierre et tous les Jacques et toutes les Pierrette et toutes les Jacqueline et tous et chacun des autres au Canada verraient $50 dans leur compte de banque de plus chaque mois. Cet argent, c'est un chiffre ; c'est un crédit de banque qu'il ne faut pas rembourser ; c'est de l'argent-comptabilité.

Mais d'où vient cet argent ? C'est de l'argent nouveau, si l'on veut. Des chiffres émis et qui sont basés sur les 11 milliards de produits du Canada qui ne se vendent pas. Le Canada produit 44 milliards chaque année en marchandises de toutes sortes, sans compter les services. Et les Canadiens sont obligés de s'endetter pour acheter plus que la moitié de ces 44 milliards. Pourquoi s'endetter ? Parce que l'argent manque, bien sûr. Et bien, rien qu'à émettre l'argent qui manque et le 11 milliards pour le dividende serait justement de l'argent-chiffre pour l'argent qui manque en face des produits.

D'où viendrait le dividende ? Ce serait de l'argent créé tout exprès pour combler le vide de l'argent qui manque.

Aujourd'hui, l'argent est créé mais il n'est pas créé en quantité suffisante. Il est mal créé. L'argent qui vient au monde aujourd'hui, c'est de l'argent-dette. C'est de l'argent-chiffre, de la comptabilité mais de l'argent-dette qui pèse sur le dos des consommateurs. Car tout l'argent qui vient au monde aujourd'hui est créé par les banques sous forme de dette.

Le dividende du Crédit Social serait aussi de l'argent-chiffre, de l'argent-comptabilité mais non pas de l'argent-dette. Il serait de l'argent libre de dette. De l'argent livre. Ce doit être aussi facile pour les banques de créer de l'argent libre que de l'argent-dette.

Ainsi donc, bien entendu que le dividende de $50 par mois, donné, de $600 par année, donné à chaque Canadien, ne viendrait pas des taxes mais d'argent nouveau créé tout exprès comme les produits sont des produits nouveaux.

Il y en a qui peuvent dire que si le dividende vient tous les ans, l'argent va s'accumuler. Ce n'est pas vrai. Le dividende vient mais il est dépensé au comptoir du marchand et des autres producteurs. Et la série des producteurs va dépenser le dividende de sorte que le dividende va retourner au néant par le mécanisme des prix, le mécanisme scientifique parfait du Crédit Social.

Le journal Vers Demain explique tout cela depuis 25 ans. Ceux qui veulent la centralisation des écoles, ceux qui veulent l'étatisation des hôpitaux et que vous entendez à peu près tous les jours à la radio, à la télévision, les socialistes qu'ils sont croient impressionner le peuple avec l'argument suivant : Puisque c'est le gouvernement qui paie, c'est lui qui doit surveiller ; c'est lui qui doit contrôler.

Et bien mes amis, tout est faux dans cet argument. D'abord, ce n'est pas vrai de dire que c'est le gouvernement qui paie. C'est le gouvernement qui paie les écoles ? Pas du tout. Le gouvernement prend l'argent dans nos poches pour payer les écoles. C'est donc nous qui payons les écoles. Et deuxièmement, c'est un sophisme d'affirmer que c'est celui qui paie qui doit contrôler. En vertu de quel principe de civilisation celui qui a l'argent possède-t-il la vertu pour contrôler ? Le contrôleur doit être celui qui détient des droits en rapport avec des responsabilités et cela n'a rien à voir avec l'argent.

Les parents ont des devoirs envers leurs enfants. Ces devoirs sont la source des droits de contrôle. Même si les parents n'ont pas d'argent, ils gardent leur devoir, leurs droits, leurs responsabilités et leur autorité vis à vis de leurs enfants. Et par conséquent, ce sont les parents qui ont le droit de contrôle sur les écoles que fréquentent leurs enfants, quel que soit celui qui paie. Autrement, payer voudrait dire enchaîner, soumettre. Accepter ce principe serait accepter une civilisation ou l'argent serait roi. C'est vrai que notre mentalité actuelle porte à traiter l'argent comme un dieu, en effet.

Mais cela demeure un principe faux.

C'est celui qui paie qui doit contrôler ? Non pas. Il faut plutôt dire que c'est celui qui a le droit de contrôle de par sa nature, ses fonctions et de par la volonté de Dieu, c'est celui-là qui doit posséder l'argent qui lui donne pouvoir de contrôle.

Les malades sont les maîtres de leur santé avec Dieu. Ce sont donc les malades qui doivent avoir l'argent pour payer les hôpitaux. L'argent devrait être remis aux malades et non pas aux hôpitaux. Et les malades devraient avoir en main tout l'argent qu'il faut pour rencontrer les soins offerts par les hôpitaux. Si médecins et hôpitaux existent, qu'ils s'offrent aux malades ; l'argent aussi doit exister et s'offrir aux malades. De même pour les écoles.

Les malades et les parents devraient recevoir de l'État des dividendes répondant aux soins possibles et à l'éducation possible dans le pays.

Nous réclamons et nous vous demandons de réclamer avec nous un dividende gratuit de $50 par mois donné à chaque Canadien. Un dividende pour remplacer tous les plans socialistes de choses soi-disant gratuites mais qui coûtent en réalité tout notre avoir et notre liberté.

Mes amis, écrivez-nous donc au Journal Vers Demain, Rougemont, conté Rouville. Envoyez-nous ce que vous êtes capable de faire, de nous envoyer pour nous aider. Nous avons besoin de votre aide pour continuer cette causerie de radio, télévision etc.. Et je remercie ceux qui nous ont écrit dans le passé et qui continuent à le faire. Ils nous encouragent beaucoup.

Nous vous reviendront la semaine prochaine à ce poste. L'adresse de Vers Demain, Rougemont, conté Rouville.

Au revoir mes amis!

Gilberte Côté-Mercier