Lucien Bouchard impose une taxe de $500 millions aux municipalités

le lundi, 01 décembre 1997. Dans Politique

Lettre adressée aux municipalités par un ex-maire indigné

par Georges-Henri Cloutier

De grâce, ne tombez pas dans le piège du gouvernement provincial.

Aux dernières nouvelles, certains maires et mairesses de certaines villes sont en train de se laisser gagner par les propositions gouvernementales, en affirmant que la taxe de $500 millions devrait être distribuée équitablement entre les municipalités. Voyons donc, vous tombez affreusement dans le jeu du gouvernement qui a fomenté intentionnellement une division entre les municipalités membres de l'Union des Municipalités du Québec, en cotisant différemment de 2.5% à 9.0%.

Peu importe la distribution de la taxe, elle reste un affront incroyable contre les municipalités parce qu'elle ne respecte en aucune façon l'autonomie municipale. En fait, le gouvernement se sert de son autorité et en abuse largement en s'emparant cavalièrement du butin municipal. C'est tout simplement malhonnête sur le plan intellectuel.

Les maires et mairesses n'ont pas à discuter de la répartition du transfert, ils doivent tout simplement protéger leurs contribuables respectifs et cela est une obligation du mandat d'un élu. Le premier devoir d'un élu municipal est de bien administrer l'argent de ses contribuables immédiats sous peine d'être poursuivi par ses contribuables si ce n'est pas le cas.

Les maires ne sont pas là pour payer les déficits d'un gouvernement supérieur qui fait du chantage administratif. Les maires sont là pour remplir des charges administratives qui leur ont été confiées par leurs électeurs. Et ceux-là doivent respecter l'esprit de leur mandat initial, autrement ils risquent bien gros d'avoir à subir des recours collectifs de ceux et celles qui ont mis totalement leur confiance en eux (elles).

Autonomie municipale bafouée

Si vous jouez le jeu du gouvernement :

a) vous admettez que le gouvernement peut s'ingérer dans les affaires municipales... ce qui signifie que vous acceptez que l'autonomie municipale soit bafouée publiquement ;

b) vous cautionnez le fait que l'argent et les surplus accumulés n'appartiennent plus à vos contribuables mais sont mis à la disposition de l'État qui décide d'en disposer à sa guise. C'est, à mon humble avis, un "virement de fonds" qui ne peut être accepté par aucune firme comptable responsable. Le principe de la propriété est sapé sans qu'aucune loi ou règlement ne cautionne une telle attitude de la part du gouvernement ;

c) vous admettez également que les municipalités qui n'ont pas de tels surplus devront retaxer leurs contribuables ou si on ne les taxe pas, on devra couper en proportion des services aux citoyens et citoyennes ;

d) vous brisez le lien de confiance entre vos contribuables et vous-mêmes. Les élus municipaux forment le gouvernement élu le plus près des gens et ces derniers ont confiance en vous. Ils ont confiance que vous allez bien administrer leurs biens et si vous êtes faibles devant l'Etat, les contribuables vont se sentir "floués" et n'auront plus confiance dans le dernier palier du gouvernement qui les défendait encore. N'oubliez pas, messieurs, mesdames, les contribuables vous font encore confiance. Ne trahissez pas ce lien privilégié que vous avez avec vos électeurs qui sont vos concitoyens et concitoyennes.

Citoyens trahis par des élus

En fait, le gouvernement a mis la "bisbille" dans l'Union des Municipalités du Québec en cotisant les villes différemment. Il ne faut pas, il me semble, avoir beaucoup d'expériences politiques pour voir le manège de Bouchard, Landry et Trudel. Ces derniers doivent être "morts" de rire quand ils entendent certains maires et mairesses discuter de la façon dont les citoyens vont se faire "dévorer" par le gouvernement provincial avec la complicité évidente de certains élus. La municipalité, ce n'est pas une perceptrice de taxes provinciales mais une entreprise de services strictement municipaux.

Je demande au Conseil d'Administration de l'Union des Municipalités régionales des comtés du Québec (UMRCQ) et de l'Union des Municipalités du Québec (UMQ) de se tenir debout, car vous êtes, semble-t-il, d'après les dernières nouvelles, le "seul bastion" en lequel les contribuables peuvent avoir encore confiance pour protéger adéquatement leurs intérêts contre un gouvernement provincial qui ne respecte plus rien pour parvenir à ses fins immédiates.

Georges Henri Cloutier

ex-maire de Black Lake

ex-administrateur de l'UMQ

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