L'élection de Beauce contestée

le vendredi, 01 février 1946. Dans Élections

Une action en annulation de l'élection de Beau­ce et pour la déqualification de l'élu, M. Poulin, a été inscrite au greffe de la Cour Supérieure de St-Joseph de Beauce.

Le texte de la pétition étale une belle pourriture électorale.

On y signale, entre autres, que, dans chaque pa­roisse du comté, pendant les deux dernières semai­nes, des dépôts de boisson enivrante ont été éta­blis pour service de toute heure du jour ou de la nuit. "Des quantités allant jusqu'à 300 gallons d'alcool étaient mises dans ces dépôts, pour con­sommation et distribution aux électeurs en vue de les inciter à voter pour le candidat Poulin."

On devine l'effet dans un comté qui est sous le régime de la prohibition.

La pétition allègue aussi qu'au-dessus d'un mil­lion de dollars furent promis en octrois de toutes sortes, et que plus de $200,000 furent actuellement distribués dans le comté par l'organisation de l'Union Nationale, en vue de gagner les votes pour Poulin.

Des cabaleurs menaçaient les mères nécessiteu­ses, les bénéficiaires de pensions de vieillesse, les familles jouissant d'allocations familiales, les bé­néficiaires des octrois de voirie, de colonisation, d'agriculture, qu'ils perdraient tous leurs bénéfices s'ils ne votaient pas pour Poulin.

On a entrepris des travaux ridicules — mettre de l'asphalte sur de la neige, peinturer des ponts à la pluie, répandre du gravier à tout hasard — pour employer des journaliers à condition qu'ils votent pour Poulin. Les contribuables de la pro­vince ont payé !

Des agents, au service de l'Union Nationale, dit la pétition, se faisaient passer pour médecins, fai­saient déshabiller des électeurs, leur faisaient su­bir un examen fictif, leur faisaient remplir des for­mules d'application pour pensions et leur promet­taient de voir au paiement de ces pensions si Poulin était élu.

Des agents appelaient des électeurs au télépho­ne, se faisant passer pour Maurice Duplessis en demandant de voter Poulin. Après quoi ces élec­teurs recevaient des faux chèques de $100., por­tant la signature forgée de Maurice Duplessis, pour payer le vote qu'ils donneraient à Poulin.

Des bandes de jeunes gens furent amenés du dehors, pour terroriser des électeurs, particulière­ment dans St-Martin et St-Honoré. Et le jour du vote, ces bandes, payées grassement par les agents de M. Poulin, allèrent jusqu'à envahir des bureaux de votation et y dicter la conduite des scrutateurs et des greffiers d'élection en présence d'électeurs qui venaient voter.

Et d'autres, et d'autres.

*    *    *

C'est la démocratie au fumier. On pouvait bien atteler les animaux que l'on sait au char triomphal de M. Poulin le lendemain du vote. (Première page de Vers Demain du 1er décembre).

Les quelque 1,500 créditistes qui ont tenu de­bout, fermes, au milieu de ce déchaînement infer­nal, sont des hommes de trempe et toute la pro­vince créditiste les admire.

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