Éduquons la population sur les causes de la pauvreté pour la vaincre résolument

le samedi, 01 octobre 2011. Dans Témoignages

Réflections d’évêques après notre semaine d’étude sur le Crédit Social

En août dernier, huit archevêques et évêques d’Afrique sont venus à notre maison-mère de Rougemont, au Canada, pour assister à notre semaine d’étude sur la démocratie économique (aussi appelée Crédit Social) et à notre Congrès annuel. Depuis 2008, 34 évêques africains ont ainsi assisté à nos semaines d’étude, et ils sont tous determinés à faire connaître cette solution autour d’eux. Voici des extraits de leurs réflections:

Évêques et Archévêques d'Afrique

 

Mgr Basile Mvé Engone, salésien, archevêque de Libreville, Gabon:

Je suis très content d’avoir pris part à cette semaine d’étude des Pèlerins de saint Michel, sur le Crédit Social... Cela m’a permis de mieux comprendre un peu le fonctionnement de la finance. On voit ça de loin mais, on ne voit pas comment c’est organisé, comment ça fonctionne.

Je remercie Louis Even et tous les Pèlerins de saint Michel qui poursuivent sa mission, mission de faire en sorte que l’homme et la femme prennent leur présent et leur futur en main, dans la dignité, pour lutter contre la pauvreté, en appliquant le Crédit Social. Cela m’a beaucoup intéressé de voir le lien qu’il a mis entre le Crédit Social et la Doctrine Sociale de l’Église pour nous aider, pour aider l’homme, pour aider le chrétien à mieux s’engager dans cette lutte contre la pauvreté: cette lutte pour s’approprier les biens que Dieu donne à tous les hommes pour qu’ils puissent satisfaire leurs besoins quotidiens. Cela m’a permis aussi de comprendre le caractère vicieux et inhumain de l’argent...

L’expérience que j’ai vécue est une expérience qui me conforte dans la lutte que nous menons pour rendre la vie de l’homme plus humaine, plus belle, plus riche. Je me dis que ce combat, nous pouvons le gagner, mais pas seuls, mais en collaboration, dans l’unité, ensemble... Ce que nous proposent les Pèlerins de saint Michel, c’est de faire en sorte que l’homme ne soit plus mis de côté, sur le bord de la route, mais qu’il soit là sur le chemin et qu’il soit lui-même l’acteur de son propre développement, et qu’il participe à ce développement.

Mgr Louis Portela Mbuyu, évêque de Kinkala, Président de la conférence épiscopale du Congo et de l’ACERAC (Association des Conférences Épiscopales de la Région der l’Afrique Centrale):

Messe à l'église de RougemontMesse à la paroisse de Rougemont

Merci pour l’enseignement reçu; cet enseignement lève le voile sur les arcanes qui marquent notre monde économique et social dans le monde entier… Cela mérite une mobilisation des cœurs, des vies, de tout le monde. Ce que vous faites ici a besoin d’être plus connu et mieux connu, et a besoin d’être répandu un peu partout… Le problème est tellement important et urgent que nous n’avons plus le temps de dormir. C‘est vraiment un mystère d’iniquité que des gens puissent se plaire dans la souffrance des autres, dans la misère des autres. Ce n’est pas humain, l’homme n’a pas été créé pour cela; c’est diabolique, c’est satanique.

Félicitations d’avoir choisi de combattre, de lutter pour cette cause, parce que cette cause n’est pas la cause d’une catégorie spéciale, c’est la cause qui concerne l’humanité tout entière. Nous savons qu’aujourd’hui le monde est sous la coupe de ces magnats de la finance qui cherchent justement à faire le gouvernement mondial, qui cherchent à exercer une domination mondiale pour combattre l’humanité. En lisant d’ailleurs toutes ces révélations de John Perkins où on dit que dans un pays particulier, il s’agit de l’Indonésie, Perkins a été envoyé pour voir comment investir, comment les puissances financières aux Etats-Unis du FMI, de la Banque Mondiale peuvent investir, mais on lui dit que, bien sûr, on va lancer, construire des routes, des centrales électriques, mais le pays va être criblé de dettes et que justement, grâce à ces dettes, ce pays sera à la merci de ce que nous voulons. C’est pour dire que ce ne sont pas de petites choses, ce sont des choses graves.

Et donc merci, je rends grâce à Dieu pour cela, à Louis Even, à Mme Gilberte Côté-Mercier, à M. Gérard Mercier et enfin à tous les fondateurs et à vous tous. Merci de vous avoir engagés sur ce chemin de la justice. Je suis admiratif par rapport à tous les gens qui sont ici. Et les témoignages que j’ai entendus, hier, des dames et des messieurs, m’ont beaucoup frappé, beaucoup touché. On sent que ce sont des personnes qui croient à une cause, et qui s’y sont engagées et qui veulent s’y engager jusqu’au bout. Il y a eu certainement beaucoup d’épreuves. C’est une évidence; eh bien, malgré ces épreuves, on ne peut que vous dire: Gardez les yeux fixés sur Jésus-Christ, comme le dit l’épître aux Hébreux (12:1,2), nous avons à courir l’épreuve qui nous est proposée. Que le Seigneur donne à chacun de vous, surtout les jeunes, d’aller jusqu’au bout, parce que c’est la cause même de Jésus-Christ...

Ce que vous faites relève de l’annonce de l’Évangile. Donc, ce n’est pas seulement un engagement social et économique. C’est vraiment l’annonce de l’Évangile. Dans le synode 1971, les Pères synodaux l’avaient rappelé en disant que le combat pour la justice et pour la transformation du monde fait partie intégrante de l’annonce de l’Évangile. Et donc votre engagement, c’est l’annonce de l’Évangile que vous êtes en train de faire. Alors quelle perspective!

Je suis heureux d’entendre ce qui a été dit, par exemple, que ce soit aux États-Unis ou en Pologne, que de plus en plus, vous avez même des universités qui prennent en compte cette étude du Crédit Social. Je crois que cela est très important. Il s’agit de diffuser cela à tous les niveaux de la société. Que ce soit dans les universités, que ce soit dans les milieux les plus modestes, peu importe; mais que cette doctrine soit connue et surtout que les vices du système mondial — aujourd’hui le système économique mondial — soient révélés, manifestés, que les gens connaissent cela. Comme le dit le prophète Osée (4, 6): «Mon peuple meurt faute de connaissances»… C’est vraiment quelque chose de pernicieux, c’est quelque chose de vicieux. Et nous avons à combattre cela. Que la lumière s’étende partout! C’est le combat de tout le monde! Nous avons à faire connaître la vérité de ce qu’est la véritable nature de ce système.

Mgr Jean Pierre Kutwa, Archevêque d’Abidjan, en Côte-d’Ivoire:

“On ne finit pas de rendre grâce. Avec les autres, je remercie les initiateurs de cette rencontre.. C’est un terrain très dangereux, le terrain de la finance. Et vous nous l’avez fait comprendre et nous le voyons nous-mêmes. Vous, vous luttez à armes inégales sur le plan matériel. Les financiers ont beaucoup de moyens matériels. Vous en avez très peu mais cela ne vous décourage pas. Vous voulez aller en lutte contre eux.

 

Il n’y a pas que le terrain matériel, mais le terrain spirituel. Là aussi vous luttez à armes inégales. Mais, cette fois-ci, en votre faveur parce qu’eux ils ont comme appui le démon, Satan, Mammon, un être créé; vous, vous avez comme appui le Créateur, donc, vous êtes les plus forts. Ce qui me réjouit, c’est cela: d’avoir implanté cette lutte, d’avoir mis les racines de cette lutte en Dieu. Je crois que ces racines ainsi plantées vous permettront finalement, face à ce Goliath, parce que c’est un Goliath. Avec ces racines plantées en Dieu, ce Goliath, un jour ou l’autre, un jour plus ou moins long, sera terrassé. Je suis convaincu. Avec la foi, mes amis, eh bien! le monde des finances sera assaini.

Mgr Jean Zerbo, Archevêque de Bamako, au Mali:

Donc, merci à tous ceux qui nous ont permis de vivre comme une famille, ici, dans cette maison dédiée à notre Mère (la Maison de l’Immaculée). Quand les enfants se trouvent chez la maman, c’est vraiment la grande fraternité. Merci d’avoir tout fait pour qu’on vive cette fraternité… Merci au Pilote qui nous a fait décoller parfois, qui a su nous aménager un atterrissage diplomatique. Quand il sentait que les passagers s’assoupissaient, il savait introduire tout de suite quelque chose en bon pédagogue pour nous permettre de bien digérer ce qu’il nous servait. Je vous dis bien simplement que les atterrissages et les décollages ont été bien réussis.

Merci d’une manière spéciale aux familles qui ont pris le risque d’amener leurs enfants. Quelqu’un tout à l’heure nous parlait de l’avenir, de la relève. Je félicite ces familles. La présence d’enfants au milieu de nous a donné un air jeunesse, de vitalité à notre semaine d’étude, et je les encourage. Oui! Il faut savoir dès maintenant semer dans leur cœur la bonne semence, celle de la Parole de Dieu, celle de l’amour de Dieu, celle de savoir se dépenser pour les autres. Je souhaite justement que cet effort que vous faites pour les accompagner, puisse être une bonne semence dans leur cœur et porteur de fruits pour l’avenir de notre combat pour la civilisation de l’amour.

Comme résolution que dire? J’ai bien dit que le Pilote a bien su nous guider en bon pédagogue. Il a mis à notre disposition des documents opportuns… La résolution que je prends justement, c’est de repartir pour combattre l’ignorance. Il est vrai que le diable mène son travail, trompe certaines personnes et les amène à exploiter les autres, à vivre du sang des autres, et comme le dit le Psalmiste quand ils mangent leur pain c’est Son peuple qu’ils mangent. C’est cela qui existe réellement. Mais je crois qu’au fond du cœur de chaque personne, il y a quelque chose de bon. Et notre ministère consisterait à fortifier en nous cela et à nous employer à déraciner ces forces du mal que nous voyons autour de nous, spécialement dans le domaine particulier qu’est celui de la finance.

Cela repose justement sur la cupidité de chacun. Saint Paul dit: «La racine de tous les maux, c’est l’amour de l’argent» (1 Timothée 6, 19). Et effectivement c’est cela. Et Jésus justement nous demande: Que sert à l’homme de gagner l’univers s’il le paie de son âme? Alors ma résolution personnellement, c’est d’aller combattre cette ignorance, d’abord en faisant un compte rendu fidèle de ce que j’ai vécu ici… Nous mettrons à la disposition les documents pédagogiques qui nous ont été fournis ici, et qui sont vraiment faciles à lire: un ensemble de dix leçons qu’on n’est pas obligé de tout éplucher en une soirée.

Mgr Pierre Célestin Tshitoko Mamba, évêque de Luebo, en RDC, membre de la Commission épiscopale pour l’apostolat des laïcs:

Merci pour l’invitation à suivre une semaine d’étude sur le Crédit Social. Je voudrais remercier toute l’équipe de direction de nous avoir invités ici et d’avoir organisé cette semaine d’étude. Et je voudrais aussi remercier tous les Pèlerins pour les sacrifices consentis pour rendre agréable notre séjour ici. Nous avons vécu un temps formidable de fraternité. Nous avons pu nous parler sincèrement comme des frères. Je vous dis au nom de toute l’équipe, ici, un très grand merci. Nous ne sommes pas déçus; nous avons été enrichis.

Quand j’ai eu Vers Demain pour la première fois chez moi, je suis tombé sur la fable de «L’Île des Naufragés». A la fin, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi les habitants de l’île se fâchaient contre le banquier qui leur avait prêté l’argent. Je trouvais tout à fait normal qu’il puisse demander des intérêts après. Mais c’est ici (durant cette semaine d’étude) que je viens de comprendre le système bancaire que nous avons, un système qui est là pour appauvrir les citoyens de ce monde.

Participants de la semaine d'étudesLes évêques, prêtres et fidèles laïcs qui ont participé à la semaine d’étude d’août dernier. Photo prise après une messe à l’église paroissiale Saint-Michel de Rougemont.

J’ai compris que le système que nous avons, le système d’argent-dette, c’est ce système qui est responsable de notre pauvreté, de la pauvreté de la planète. J’ai compris aussi pourquoi nos gouvernements dans nos pays éprouvent beaucoup de difficultés à pouvoir nous sortir de la misère: il sont endettés et ils ne s’en sortent pas. Une solution pour sortir de cette misère, c’est la doctrine du crédit social; j’en suis maintenant convaincu et j’en remercie notre professeur Pilote de nous avoir éclairés. Ce qui m’a aussi frappé et édifié, c’est sa connaissance de la doctrine sociale de l’Église.

L’analyse du système financier actuel m’a permis de comprendre des réalités de mon diocèse... Je crois que le Crédit Social est une des solutions importantes pour humaniser notre planète, mais cela n’est pas facile parce que nous n’avons pas tous, les mêmes valeurs. Ceux qui ne partagent pas les mêmes valeurs que nous, sont apparemment plus forts que nous. Et on l’a dit à maintes reprises, c’est une lutte contre le Dragon. Et cela nous demande beaucoup de courage. C’est pour cela que je vous dis, comme Jean-Paul II: «N’ayez pas peur.» N’ayez pas peur parce que le Christ est avec vous. Le Christ demeure à jamais.

Père Jean Marie Kouassi, Secrétaire Général Adjoint, Archevêché d’Abidjan:

Depuis quelque temps, la nouvelle trouvaille terminologique à la mode est PPTE (pays pauvres très endettés) ... Nos états africains, pour ne parler que de ceux-là, afin de pouvoir bénéficier de la remise de leurs dettes, doivent satisfaire les cruelles et inhumaines exigences des bailleurs de fonds, pour être éligibles, et ce n’est pas toujours gagné, à l’initiative PPTE.

C’est dire en d’autres termes que pour bénéficier de la remise de nos dettes, nos états doivent passés par l’humiliation. Cela devrait choquer plus d’un, quand nos pays se réjouissent d’être éligibles à cette initiative PPTE. L’on me dira que l’objectif final reste l’annulation de la dette. Mais dites-moi, a-t-on vraiment besoin de toutes ces mesures inhumaines? Nos pays, nos états, ont-ils besoin de cette dé-classification, de tous ces Projets d’ajustements structurels (PAS) pour voir leurs dettes effacées ? D’ailleurs, n’ont-ils pas déjà payés cette dette sous la forme d’intérêts composés qu’ils ne cessent de rembourser par le même canal des PAS ?

En vérité, le trait commun de ces PSD, PVD, PE et autres PPTE, c’est que ce sont des pays dont la dette, à moins d’une opération quelconque du Saint Esprit, ne pourrait jamais disparaître d’elle-même! Cependant, devrons-nous désespérer? C’est ici que nous mesurons toute l’importance de cette semaine d’étude qui nous dit avec force: non, vous n’êtes pas autorisés à désespérer parce qu’il est trop tard pour être pessimiste. Dites-moi, entendez-vous comme moi le chant d’espérance qui monte de cette semaine d’étude? Entendez-vous comme moi, le chant d’espérance que fredonnent les Bérets Blancs et qui nous dit que le plus beau est à venir, tant que le Christ continuera de s’adjoindre des apôtres !

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