Réflexions sur la guerre en Irak

Alain Pilote le jeudi, 01 mai 2003. Dans Guerre

statue de Saddam Hussein
Le  9 avril 2003, après 20 jours de combat, l'armée américaine entrait dans Bagdad et renversait la statue de Saddam Hussein. Cependant, il faudra encore plusieurs mois pour rétablir l'ordre en Irak.

Les véritables enjeux: le pétrole et l'argent


En dépit de l'opposition des Nations Unies et de presque tous les pays du monde, le président américain George W. Bush a décidé d'aller de l'avant et de «libérer» l'Irak, sous le prétexte que Saddam Hussein était une menace immédiate à la sécurité des Américains. A la suite d'une formidable campagne de propagande dans les médias d'information américains en faveur d'une intervention militaire en Irak, personne aux Etats-Unis n'osait remettre en question les motifs de cette guerre, sous peine de ne pas passer pour «patriote», ou de manquer d'amour pour son pays. Cette campagne a fonctionné à un tel point que plusieurs Américains se sont demandé, lorsqu'ils sont appris que le Pape et le Vatican s'opposaient fortement à cette guerre: «Comment le Pape peut-il être contre la libération des Irakiens? Ne souhaite-t-il pas la fin du terrorisme? Peut-il être opposé au départ de Saddam Hussein?»

La vérité est que le Pape est pour la paix, et pour les Commandements de Dieu, y compris le cinquième, qui dit «Tu ne tueras pas». Si on examine la situation de plus près il semble que le véritable motif de l'intervention militaire américaine en Irak ne soit pas tant de libérer les Irakiens que de libérer le pétrole irakien.

Chose curieuse, la plupart des dirigeants des compagnies de pétrole, d'armements (les «marchands de mort») et autres compagnies qui pourraient bénéficier de cette guerre en Irak sont liés de près à l'administration Bush... La guerre contre le terrorisme n'est qu'un habile prétexte pour faire accepter cette guerre à l'opinion publique américaine, qui autrement refuserait que leurs jeunes soldats se battent uniquement pour des intérêts pétroliers et financiers.

Le Saint-Père sait que la paix ne peut être obtenue par la guerre, qui n'apporte que haine et destruction. La paix ne consiste pas seulement en l'absence de guerre, mais en l'existence de conditions de vie justes. Comme il est écrit dans le Catéchisme de l'Eglise catholique, le meilleur moyen d'obtenir la paix est d'éliminer les injustices et les inégalités excessives d'ordre économique ou sociale, qui sont les causes premières de la guerre. La paix est aussi une don de Dieu, qui nécessite la conversion des cœurs. Elle peut donc être obtenue par la prière, et non pas par les bombes, les canons, ou les fusils.

Qu'est-ce qu'une «guerre juste»?

La seule occasion où une guerre peut être justifiée, selon ce Catéchisme, est lorsqu'une nation est attaquée. Elle a alors le droit de se défendre militairement, mais selon certaines conditions fixées par les quatre arguments traditionnels de la doctrine dite de la «guerre juste»:

  1. Que le dommage infligé par l'agresseur à la nation ou à la communauté des nations soit durable, grave et certain;
  2. Que tous les autres moyens d'y mettre fin se soient révélés impraticables ou inefficaces;
  3. Que soient réunies les conditions sérieuses de succès;
  4. Que l'emploi des armes n'entraîne pas des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer. La puissance des moyens modernes de destruction (tels que les bombes nucléaires) pèse très lourdement dans l'appréciation de cette condition.

Le gouvernement américain prétend que son intervention en Irak est une guerre juste car c'est une guerre «préventive», afin d'empêcher l'Irak d'attaquer les Etats-Unis en premier, car Saddam Hussein posséderait des tonnes d'armes de destruction massive qui, même si elles ne sont pas utilisées par lui-même contre les Américains, pourraient tomber entre les mains de terroristes étrangers qui, eux, s'en serviraient contre les Etats-Unis.

Victimes de la guerre en Irak
Une victime parmi tant d'autre de cette guerre.

Cet argument ne saurait s'appliquer dans ce cas-ci. Si vous êtes les premiers à attaquer, même si vous appelez cela «guerre préventive», ce n'est pas du tout de la légitime défense, car c'est vous qui êtes l'agresseur, c'est vous qui déclenchez la guerre. Si tous les pays qui possèdent des armes de destruction massive sont ainsi une menace pour les Etats-Unis, où cela s'arrêtera-t-il? On est alors en droit de s'attendre à une série de guerres sans fin... (Le secrétaire américain à la Défense Donald Rumsfeld est même allé jusqu'à déclarer: «Si nous devons attaquer une quinzaine de pays ou plus, nous le ferons.»)

A ce compte-là, la Corée du Nord est une plus grande menace pour les Etats-Unis que l'Irak car, contrairement à Saddam Hussein, les dirigeants nord-coréens admettent qu'ils possèdent des armes nucléaires, et qu'ils n'hésiteraient pas à s'en servir si les Américains détruisaient leurs centrales nucléaires. (Et qu'arriverait-il si la Corée du Nord avait recours au même raisonnement que le gouvernement américain, et déclenchait une «guerre préventive» contre les Etats-Unis, avant que les Américains les attaquent en premier?) Cependant, les Etats-Unis n'ont pas l'intention d'attaquer la Corée du nord de sitôt, car il n'y a pas de pétrole par là...

Les Nations Unies n'ont pas approuvé l'intervention américaine en Irak parce que les Etats-Unis n'ont pas pu prouver que l'Irak était une menace pour eux. En fait, depuis la première guerre du Golfe en 1991, l'armée irakienne a été presque complètement anéantie, l'Irak étant bombardé pratiquement tous les jours par les forces américaines et britanniques depuis les douze dernières années. Quant aux armes de destruction massive en Irak, même après la fin de la guerre, on les cherche encore, ce qui quelque peu embarrassant pour les autorités américaines, qui prétendaient que le but premier de cette opération militaire était de désarmer l'Irak. Mais qu'importe qu'on en trouve ou non, il fallait que l'armée américaine envahisse l'Irak avant avril, où la chaleur dans le désert aurait été insupportable pour les soldats.

Quant à l'argument que Saddam Hussein était un tyran, qui n'a pas hésité à se servir d'armes chimiques contre sa propre population, il a été prouvé que ces armes chimiques ont été vendues pour la plupart par des compagnies américaines, du temps que l'Irak était en guerre contre l'Iran, dans les années 1980. Les Etats-Unis n'ont pas réussi non plus à prouver que Saddam Hussein était lié à Oussama ben Laden et son réseau terroriste Al-Qaida. D'ailleurs, c'est ben Laden lui-même qui disait que Saddam Hussein était un traître à la cause musulmane, car il ne permettait pas la création d'un Etat musulman en Irak.

Le véritable enjeu: le pétrole

Le véritable motif de cette guerre en Irak en est un d'ordre stratégique, et aussi une affaire de gros sous: le pétrole. 55% du pétrole consommé par les Etats-Unis provient de l'étranger, et ce pourcentage devrait passer à 65% en 2020, et s'accroître encore par la suite. Le Golfe Persique produit actuellement 30% de la production mondiale, mais contient les deux-tiers des réserves connues de pétrole de la planète. Son accès est donc vital pour les Etats-Unis.

L'Arabie Saoudite est le plus grand fournisseur de pétrole américain. Elle détient plus de pétrole que tout autre pays — l'équivalent d'environ 250 milliards de barils, ou un quart des réserves mondiales connues. Les Américains veulent trouver une source alternative d'approvisionnement, si jamais le pétrole de l'Arabie Saoudite leur devient inaccessible pour une raison quelconque. Le seul pays au monde ayant des réserves en pétrole suffisantes pour compenser la perte de l'Arabie Saoudite est l'Irak, avec au moins 112 milliards de barils en réserves connues, et de 200 à 300 milliards de barils en réserves non encore exploitées.

Au début, les Etats-Unis comptaient sur la Grande-Bretagne pour protéger les intérêts américains dans le Golfe. Mais lorsque la Grande-Bretagne se retira de la région en 1971, les Etats-Unis choisirent de se fier sur le Chah d'Iran. Mais lorsqu'en 1979, le Chah d'Iran fut renversé par les militants islamistes fidèles à l'Ayatollah Khomeyni, Washington décida alors d'assumer lui-même la protection de ses propres intérêts pétroliers dans le Golfe. Le résultat fut la «doctrine Carter» du 23 janvier 1980, qui déclare que l'accès sans restriction au Golfe Persique est un intérêt vital des Etats-Unis, et que pour protéger cet intérêt, les Etats-Unis peuvent avoir recours «à tout moyen nécessaire, y compris la force militaire».

Saddam Hussein et Donald RumsfeldLorsque l'Irak, dirigée par Saddam Hussein, décida de déclencher une guerre contre l'Iran, l'ennemi numéro un des Etats-Unis, Hussein devint un ami des Etats-Unis, qui retirèrent l'Irak de la liste des pays qui appuyaient le terrorisme, et lui fournirent des milliards de dollars sous diverses formes d'aide. Celui qui alla porter cette bonne nouvelle en personne à Saddam Hussein en Irak n'est nul autre que Donald Rumsfeld, l'actuel secrétaire américain à la Défense, qui se rendit à Bagdad en décembre 1983 pour serrer la main de Saddam Hussein, en tant qu'«envoyé de paix» spécial du Président Reagan (voir photo).

Rumsfeld avait aussi été envoyé pour obtenir de Saddam Hussein son accord pour la construction d'un pipeline de 2 milliards $ par la compagnie américaine Bechtel (qui a encore des liens avec l'actuelle administration Bush, et a récemment obtenu un lucratif contrat pour la reconstruction de l'Irak). Rumsfeld déclarait à cette époque: «Hussein est un chic type avec lequel nous pouvons faire des affaires.» Mais finalement, Saddam décida que Bechtel chargeait trop cher pour le projet, et mis fin à toute discussion. C'est pourquoi ce même Donald Rumsfeld déclare maintenant: «Hussein est un dictateur cruel qui doit être renversé à tout prix.» La morale de cette histoire, c'est que lorsqu'il s'agit de pétrole, un dictateur est un ami des Etats-Unis lorsqu'il est prêt à faire affaire avec eux, mais un ennemi mortel lorsqu'il refuse de collaborer.

Lorsque Hussein cessa de «coopérer» avec les intérets pétroliers américains, les Etats-Unis se mirent pendant un certain temps à financer les deux côtés de la guerre (Iran et Irak), afin d'affaiblir les deux pays. Après 8 ans de guerre, l'Irak et l'Iran acceptèrent mutuellement de mettre fin à cette guerre désastreuse qui avait détruit leur économie. Les Américains ont ensuite provoqué la Guerre du Golfe en 1991, et puis l'invasion actuelle de l'Irak pour renverser Saddam Hussein.

Donald Rumsfeld insiste pour dire que la guerre actuelle «n'a rien à voir avec le pétrole», et qu'une fois la guerre terminée, le pétrole irakien profitera à la population irakienne. Mais c'est le contraire qui est vrai. Ces gens qui déclenchent les guerres pour des gains financiers, et utilisent les chefs de gouvernement comme des pions et des marionnettes, ont plus d'un tour dans leur sac. Les autorités américaines ont laissé entendre que les profits de la vente du pétrole irakien serviront à payer les compagnies américaines qui participeront à la reconstruction de l'Irak.

De plus, le «Wall Street Journal» a déjà fait rapport que la gestion du pétrole irakien qui, sous Saddam Hussein, était entièrement la responsabilité d'une entreprise d'Etat, sera maintenant prise en charge par une entreprise privée, dont les dirigeants seront nommés par les Américains. Le président du conseil de cette compagnie a déjà été nommé, il s'agit de Philip J. Carroll, ex-chef de la direction de Shell-USA.

Une autre raison qui peut expliquer «l'urgence» pour les Américains d'envahir l'Irak est que Saddam Hussein avait commencer à accorder des concessions pétrolières à des compagnies d'Europe, de Russie et de Chine, pour une valeur de 44 milliards de barils de pétrole, un montant équivalent aux réserves combinées des Etats-Unis, du Canada et de la Norvège, plus grand producteur européen de pétrole. A un taux de 25 $ le baril, de tels contrats étaient estimés à plus de mille milliards de dollars. Alors, voilà l'astuce : les contrats signés sous le régime de Saddam Hussein seront considérés comme invalides, à moins d'être reconnus par le nouveau gouvernement irakien... nommé par les Etats-Unis.

Pourquoi le Pape est contre la guerre

Si les Etats-Unis sont intéressés avant tout au pétrole, le Pape et le Vatican se soucient avant du sort des personnes et du respect de leur dignité de personne créée à l'image de Dieu. Au début de 2003, lorsque les troupes américaines ont commencé à se masser aux abords de l'Irak, le Saint-Père et les autres hauts dignitaires du Vatican multipliaient les efforts diplomatiques pour éviter cette guerre, et jusqu'à la dernière minute, ont espéré une conclusion pacifique à cette crise. Le Pape Jean-Paul II demandait à tous les chrétiens de prier le Rosaire pour la paix, et avait même envoyé deux de ses cardinaux rencontrer personnellement Saddam Hussein et le Président Bush.

Jean-Paul II priant pour la paix en Irak
Le Pape Jean-Paul II a plus confiance dans la prière que dans les bombes pour obtenir la paix

Le Pape sait que les Irakiens ont grandement souffert d'un embargo de 12 ans, qui a entraîné la mort de centaines de milliers de personnes (la plupart des enfants), par manque de médicaments et autres produits essentiels, et que cette nouvelle guerre pourrait entraîner la mort de milliers d'autres innocentes victimes. La guerre est maintenant terminée, et on commence à avoir un petit aperçu du vrai visage horrible de la guerre : absence d'eau potable, d'électricité, de médicaments, de biens essentiels, les services publics qui ne fonctionnent toujours pas, bref, une catastrophe humanitaire qui affecte des millions de personnes.

Mais ce que le Pape et le Vatican craignaient le plus est la réaction que cette intervention militaire crée en retour dans le monde arabe, un choc qui entraînerait davantage d'actes terroristes contre les Etats-Unis et autres pays occidentaux. Pire encore, ces attaques américaines pourraient créer un tel ressentiment contre l'Occident, que cette colère pourrait se transformer en guerre générale des musulmans contre les chrétiens.

Les musulmans n'acceptent pas la présence en sol arabe d'Américains (de chrétiens, qui, selon eux, sont des «infidèles», puisqu'ils ne sont pas musulmans). Par exemple, c'est la présence permanente de soldats américains en Arabie Saoudite depuis la guerre du Golfe de 1991 qui a entraîné la création du groupe terroriste Al-Qaida d'Oussama ben Laden. Alors, à quoi doit-on s'attendre maintenant, puisqu'il semble que les soldats américains (et leurs alliés) devront rester encore des mois, sinon des années, en Irak? C'est pourquoi le président égyptien Hosni Moubarak déclarait, le 31 mars dernier: «Quand elle sera terminée, si elle se termine, cette guerre aura de terribles conséquences. Au lieu d'avoir un seul (Oussama) ben Laden, nous aurons une centaine de nouveaux ben Laden.»

Le cardinal secrétaire d'Etat Angelo Sodano, numéro deux au Vatican après le Pape, livrait le fond de sa pensée devant des journalistes le 29 janvier dernier:

«Certains pensent que les représentants de l'Eglise sont des idéalistes. Nous le sommes, mais nous sommes aussi réalistes. Est-ce que le danger d'irriter un milliard de musulmans en vaut vraiment la peine? C'est la question que j'aimerais poser à mes amis américains: est-ce bien ce que vous voulez? Souhaitez-vous provoquer des décennies d'hostilités de la part du monde musulman? Si la présence militaire occidentale dans la péninsule arabique a produit ben Laden, Al-Qaida, et l'attaque du 11 septembre 2001, quelle réaction infernale l'occupation de l'Irak produira-t-elle?»

Le 29 mars 2003, le Pape Jean-Paul II déclarait aux évêques catholiques d'Indonésie — pays comptant la plus grande population musulmane — craignant que le conflit en Irak puisse engendrer une confrontation plus vaste entre christianisme et islam: «Il ne faut jamais permettre à la guerre de diviser les religions du monde. Ne permettons pas à une tragédie humaine de devenir également une catastrophe religieuse.»

Dans son discours au Corps diplomatique, le 13 janvier dernier, le Souverain Pontife déclarait: «Non à la guerre! Elle n'est jamais une fatalité. Elle est toujours une défaite de l'humanité. Le droit international, le dialogue loyal, la solidarité entre États, l'exercice si noble de la diplomatie, sont les moyens dignes de l'homme et des nations pour résoudre leurs différends. Je dis cela en pensant à ceux qui mettent encore leur confiance dans l'arme nucléaire et aux trop nombreux conflits qui tiennent encore en otage des frères en humanité... Je me contenterai d'ajouter aujourd'hui, devant l'aggravation constante de la crise moyen-orientale, que sa solution ne pourra jamais être imposée en recourant au terrorisme ou aux conflits armés, pensant que des victoires militaires peuvent être la solution.»

Paroles du Pape lors de l'Angélus du 23 février 2003: «Depuis des mois, la Communauté internationale vit dans une grande crainte, en raison du danger d'une guerre, qui pourrait déstabiliser toute la région du Moyen-Orient et aggraver les tensions qui existent déjà malheureusement en ce début du troisième millénaire. Il est du devoir des croyants, quelle que soit la religion à laquelle ils appartiennent, de proclamer que nous ne pourrons jamais être heureux les uns contre les autres; jamais l'avenir de l'humanité, jamais au grand jamais, ne pourra être assuré par le terrorisme et par la logique de la guerre.»

Angélus du 2 mars 2003: «La paix est un don de Dieu qu'il faut invoquer avec une confiance humble et insistante. Sans baisser les bras devant les difficultés, il faut ensuite rechercher et s'engager dans chaque voie susceptible d'éviter la guerre, qui porte toujours avec elle des deuils et de graves conséquences pour tous.»

Le matin du 20 mars, le Saint-Père était informé que les Etats-Unis avaient débuté leur intervention militaire en Irak. Il se retira dans sa chapelle privée pour prier. Quelques heures plus tard, le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, exprimait la réaction du Saint-Siège par ces paroles: «Quiconque décide que tous les moyens pacifiques de la loi internationales ont été épuisés, assume une grave responsabilité devant Dieu, devant sa propre conscience, et devant l'histoire.» Dans les jours suivants, le Saint-Père exprimait sa «douleur et sa peine» que la recherche d'une solution pacifique ait été abandonnée. Le 22 mars, il déclarait:

«Quand la guerre, comme ces jours derniers en Irak, menace le sort de l'humanité, il est encore plus urgent de proclamer d'une voix forte et déterminée, que la paix est la seule voix pour construire une société plus juste et solidaire Jamais la violence et les armes n'ont pu résoudre les problèmes des hommes.»

Lors de l'Angélus du 6 avril 2003, Jean-Paul II ajoutait: «Ma pensée s'adresse en particulier à l'Irak et à tous ceux qui sont touchés par la guerre qui y fait rage. Je pense en particulier aux populations civiles sans défense qui sont soumises dans diverses villes à de dures épreuves. Dieu veuille que ce conflit finisse rapidement pour faire place à une nouvelle ère de pardon, d'amour et de paix.»

Coûts financiers

On sait lorsqu'une guerre débute, mais on ne sait jamais quand elle finit... Même si cette guerre en Irak est terminée, la présence de soldats est encore requise. La guerre de Corée s'est terminée en 1953, mais environ 30 000 soldats américains y sont encore stationnés cinquante ans plus tard. La guerre en Bosnie est terminée depuis plus de dix ans, mais les forces de l'ONU y sont encore nécessaires pour maintenir la paix. La guerre en Afghanistan est terminée depuis plus d'un an, mais entre 7 000 et 8 000 soldats américains y sont encore présents, sur une coalition internationale de 12 000 soldats. Il en coûte des milliards de dollars aux contribuables américains pour le maintien de toutes ces troupes outremer. Et on ne s'attend pas à ce que les soldats américains quittent l'Irak de sitôt...

Les autorités américaines pensent que cette guerre en Irak coûtera environ 75 milliards $. Mais comme le montre l'histoire, on s'est souvent trompé lorsqu'il s'agissait de calculer le coût des guerres. Selon une étude de l'économiste William Nordhaus de l'Université Yale, l'administration du Président Abraham Lincoln estimait le coût direct de la guerre civile (1861-1865) pour le Nord à 240 millions $ (en dollars de 2002), mais le coût final réel fut de 3,2 milliards $, soit treize fois le coût original prévu. En 1967, le Pentagone sous-estima le coût de la guerre du Vietnam de 90 pour cent: le conflit s'étira jusqu'en 1973, et coûta entre 110 et 150 milliards $.

Le général américain à la retraite Wesley Clark a déclaré: «Nous devons nous préparer à une présence américaine d'une durée indéfinie en Irak; au moins 100 000 soldats pour la première ou deuxième année aussi, des coûts de plusieurs milliards par mois, et des frictions continuelles.»

Avec une mentalité pro-guerre au pouvoir au Pentagone, on peut s'attendre aux raisonnements suivants: «La Syrie possède-t-elle des armes chimiques? Cache-t-elle Saddam Hussein? Envahissons-la pour le savoir! L'Iran veut se mêler de la formation du futur gouvernement irakien? On va leur apprendre à ne pas se mêler de ce qui ne les regarde pas! Qu'importe la réaction du monde arabe et les attaques terroristes en représailles!»

La folie de ces assoiffés de pouvoir ne connaît pas de limites. Les Financiers sont trop heureux de pouvoir ainsi prêter tout l'argent nécessaire pour financer ces guerres, car ils sont assurés de récolter les intérêts. Cependant, toutes ces guerres à répétition et ces milliers de soldats stationnés un peu partout sur la planète peuvent mettre en danger l'économie des Etats-Unis.

Refusons toutes ces guerres qui ne servent que les intérêts financiers de quelques-uns. Travaillons pour la paix en établissant des conditions économiques justes pour tous, ce qui peut-être fait par l'application de la philosophie du Crédit Social!

Alain Pilote

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