Prêtre au cœur de feu, le Père Champagnat

le samedi, 07 octobre 2006. Dans Saints & Bienheureux

bannit de sa paroisse les cabarets, les mauvais livres, les danses, les soirées nocturnes

Père Marcelin ChampagnatNous aimons citer la grande œuvre d’éducation de la jeunesse accomplie par saint Marcellin-Joseph-Benoît Champagnat, fondateur de l’Institut des Frères maristes, dont nous avons fait allusion dans l’article qui suit. Le Père Champagnat est né en 1789 dans la paroisse de Marlhes dans le département de la Loire, en France. Nous tirons les informations du livre «La vie du vénérable M. J.-B. Champagnat» écrit par un de ses premiers disciples. En premier lieu nous parlerons de son gigantesque apostolat comme vicaire et ensuite, dans un article suivant, de la fondation de son Institut de Frères maristes

Nommé vicaire

Peu de temps après son sacerdoce, M. l’abbé Champagnat a été nommé vicaire à La Valla, paroisse du canton de Saint-Chamond (Loire)… Les premiers effets du zèle de M. l’abbé Champagnat furent pour les enfants. Persuadé que des principes reçus dans la jeunesse dépend toute la suite de la vie, il prit un soin particulier des petits enfants, et s’attacha à les instruire solidement des mystères, des vérités de la religion, à les former à la vertu et à leur donner l’habitude de la pratique des vertus chrétiennes.

Berceau de l'Institut des Petits Frères de Marie, à La Valla

Berceau de l'Institut des Petits Frères
de Marie, à La Valla

Les habitants de La Valla étaient bons et pleins de foi, mais très simples et très ignorants. Cette ignorance tenait à plusieurs causes, dont les principales venaient de la situation même du pays: la plupart des habitants, se trouvant disséminés et comme perdus dans des lieux écartés et de difficile accès, ne venaient que rarement à l’église. Enfin la paroisse était sans instituteur pour les garçons.

Par ses soins, une bibliothèque fut formée, afin de procurer de bons ouvrages à tous ceux qui avaient envie de lire. Il se chargea lui-même de distribuer ces livres aux jeunes gens, afin d’avoir l’occasion de leur donner de bons conseils, de les diriger dans leurs lectures, et de les conserver dans la piété et la pratique des vertus.

Il commença à renouveler la paroisse par ses sermons et ses instructions familières. Il corrigea les vices et les abus. Jamais il ne montait en chaire sans s’être préparé par l’étude, par la réflexion et la prière. Il commença d’abord par de courtes instructions. La première qu’il fit n’était que quelques simples réflexions, et pourtant elle impressionna tellement les auditeurs que chacun d’eux disait en sortant de l’Église: «Nous n’avons jamais eu ici de prêtre qui prêchait si bien que celui-là.»

Ce sentiment et cette opinion ayant fait écho dans la paroisse, on s’informait dans les familles, quand il devait prêcher; et on accourait, et l’église était toujours pleine. Les sujets ordinaires de ses sermons étaient de grandes vérités, telles que la mort, le jugement, l’enfer, l’énormité du péché, la nécessité du salut et le malheur de perdre son âme. Il traita ces vérités avec tant de force, qu’il arracha plusieurs fois les sanglots de tout son auditoire, et fit trembler les pécheurs les plus endurcis. Aux larmes qui coulèrent des yeux, succédèrent les remords, le regret d’avoir offensé Dieu, et le désir sincère de rentrer en grâce avec lui et de le servir fidèlement à l’avenir. Il s’opéra un changement merveilleux dans toute la paroisse. La foi se ranima, la piété refleurit, les Sacrements furent fréquentés, et le renouvellement fut presque général.

Conversions au confessionnal

C’est au tribunal de la Pénitence qu’il achevait les conversions que ses sermons avaient commencées. Et rien ne peut exprimer la bonté de son cœur pour les pénitents; il leur parlait avec tant de douceur, tant de charité et tant de force, que souvent il les faisait fondre en larmes. Ses paroles avaient une vertu particulière pour inspirer l’horreur du péché, pour détacher du vice, et pour faire aimer la vertu.

Avant qu’il fût à La Valla, plusieurs personnes ne se confessaient pas depuis longtemps; un très grand nombre d’autres se contentaient de se confesser à Pâques, et de remplir de loin en loin les autres devoirs religieux. M. Champagnat eut la consolation de convertir les premiers et de ranimer les seconds. Il leur parla avec tant de force et d’onction des biens infinis que nous possédons en Jésus-Christ, et que ce divin Sauveur nous communique par les sacrements, que bientôt les confessionnaux furent assiégés, et que les communions mensuelles quadruplèrent. Comme le plus grand nombre des fidèles s’adressaient à lui, les samedis, les dimanches et les grandes fêtes, il était obligé de passer une grande partie de la nuit au confessionnal.

Guerre aux danses aux réunions nocturnes

Dans ses instructions familières ou dans ses sermons, il attaquait vivement les vices, les bals et les désordres qui régnaient dans la paroisse. L’ivrognerie, les danses, les réunions nocturnes, le jurement, le blasphème et la lecture des mauvais livres furent ceux contre lesquels il s’éleva avec plus de force. Un moyen très efficace que lui inspira son zèle pour faire cesser les réunions dangereuses et les danses qui avaient lieu à certaines époques de l’année, dans la plupart des hameaux, fut d’y aller faire le catéchisme le jour même où l’on avait l’habitude de tenir ces assemblées.

Il s’éleva avec tant de force, du haut de la chaire, contre ces désordres, et il fit tant de démarches, soit auprès des jeunes gens, soit auprès de leurs parents, qu’il vint à bout de faire cesser entièrement ces réunions nocturnes.

Dans ces entretiens familiers qu’il faisait pour former à la piété et à une solide vertu ce grand nombre de chrétiens, il descendait dans les plus menus détails des devoirs du chrétien:

«Mes chers frères, leur disait-il, je vous engage à profiter des occasions que vous avez pour pratiquer la mortification. Nous voilà au temps où vous ramassez les fruits, où vous les avez sans cesse sous les yeux ou entre les mains; privez-vous d’en manger entre les repas. Ce n’est pas sans doute un péché que de manger un fruit; mais, c’est une excellente mortification que de s’en priver pour l’amour de Dieu et l’esprit de pénitence.»

Les cabarets devinrent déserts

Un autre vice qui lui coûta le plus à corriger fut l’ivrognerie. À force de prières, d’exhortations et de menaces des châtiments de Dieu, il parvint aussi à les détruire. Les cabarets, qui souvent étaient pleins pendant les nuits, avant qu’il fut à La Valla, devinrent déserts, et on n’osait même plus y aller pour affaires durant le jour. Quand les exhortations adressées du haut de la chaire ne lui suffisaient pas pour faire cesser un abus ou pour corriger quelque vice, il allait trouver les coupables en particulier dans leur maison, les priait, les exhortait et les menaçait jusqu’à ce qu’ils eussent promis de changer de vie.

Il entreprit également de purger la paroisse des mauvais livres qui s’y étaient répandus, et il y réussit. Tous les mauvais livres furent détruits et remplacés par de bons ouvrages sur la religion et la piété.

La visite aux malades

Mais la visite des malades et le soin de leur administrer les Sacrements fut peut- être l’œuvre qui lui coûta le plus de fatigues et où son zèle brilla avec plus d’éclat. Le jour, la nuit, il était toujours prêt à partir quand il était demandé. Il n’attendait pas même qu’on vînt le chercher; et, dès qu’il apprenait qu’il y avait quelque part un malade, il allait le voir. La rigueur de la saison, la pluie, la neige, rien ne l’arrêtait. Il bravait tout, lorsqu’il s’agissait de procurer les secours de la religion à un moribond.

La vie tout entière du P. Champagnat n’a été qu’une œuvre de zèle… «Aimer Dieu, disait-il, quelquefois, aimer Dieu et travailler à le faire connaître et à le faire aimer, voilà quelle doit être la vie d’un frère.» Dans ce peu de mots, sans le savoir, il s’est peint lui-même et a fait tout son histoire.

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