Les grandeurs de saint Joseph

Alain Pilote le mercredi, 01 mars 2017. Dans Saints & Bienheureux

Image du Père Éternel

Saint Joseph

Dans l’Église catholique, le mois de mars est traditionnellement consacré à saint Joseph. L’Évangile nous dit peu de choses de ce grand saint : en fait, on ne rapporte aucune parole de lui, mais on relate par contre ses gestes d’obéissance prompte à Dieu, ce qui amène l’Évangile à dire de saint Joseph qu’il était «un homme juste» (Matthieu 1, 19), c’est-à-dire ajusté à la volonté de Dieu.

Cela en dit déjà beaucoup, mais on ne peut s’empêcher de penser combien grandes devaient être les vertus de saint Joseph, puisque Dieu lui confia la protection de ce qu’Il avait de plus précieux: son fils Jésus, et la Vierge Marie. La chapelle votive, ou déambulatoire, de l’Oratoire Saint-Joseph à Montréal nous montre, sous forme de bas-reliefs, huit invocations tirées des litanies de saint Joseph:

Saint Joseph, Modèle des travailleurs• Modèle des travailleurs, priez pour nous

• Gardien des vierges, priez pour nous

• Soutien des familles, priez pour nous

• Consolation des malheureux, priez pour nous

• Espérance des malades, priez pour nous

• Patron des mourants, priez pour nous

• Terreur des démons, priez pour nous

• Protecteur de la Sainte Église, priez pour nous.

De nombreux saints et souverains pontifes ont écrit sur les grandeurs de saint Joseph. Saint Bernard de Clairvaux, par exemple, écrivait: «Il y a des saints qui ont le pouvoir de protéger dans certaines circonstances, mais il a été accordé à saint Joseph de secourir dans toutes espèces de nécessités, et de défendre tous ceux qui recourent à lui avec des sentiments de piété.»

Sainte Thérèse d’Avila, une des plus illustres propagatrices du culte de saint Joseph, écrivait: «Je ne me souviens pas de lui avoir jamais rien demandé, jusqu’à ce jour, qu’il ne me l’ait accordé.»

Jean-Jacques OlierJean-Jacques Olier (1608-1657), prêtre français et fondateur de la Compagnie des Prêtres de Saint Sulpice, écrivait: «L’admirable saint Joseph fut donné à la terre pour exprimer sensiblement les perfections adorables de Dieu le Père. Dans sa seule personne il portait ses beautés, sa pureté, son amour, sa sagesse et sa prudence, sa miséricorde et sa compassion. Un seul saint est destiné pour représenter Dieu le Père tandis qu’il faut une infinité de créatures, une multitude de saints pour représenter Jésus-Christ; car toute l’Église ne travaille qu’à manifester au dehors les vertus et les perfections de son chef adorable et le seul saint Joseph représente le Père Éternel...

«Aussi faut-il considérer l’auguste saint Joseph comme la chose du monde la plus grande, la plus célèbre, la plus incompréhensible... Le Père s’étant choisi ce saint pour en faire sur la terre son image, il lui donne avec lui une ressemblance de sa nature invisible et cachée et, à mon sens, ce saint est hors d’état d’être compris des esprits des hommes.

“Le Fils de Dieu s’étant rendu visible en prenant une chair humaine, il conversait et traitait visiblement avec Dieu son Père, voilé sous la personne de saint Joseph, par lequel son Père se rendait visible à lui… Il y voyait une figure vivante, spirituelle et divine de toutes ses grandeurs et de ses perfections. Il voyait en Joseph les secrets de son Père; il entendait par la bouche de ce grand saint la parole même de son Père, dont saint Joseph était l’organe sensible.”

Patron de l’Église

Le 8 décembre 1870, le bienheureux pape Pie IX déclarait officiellement saint Joseph Patron de l'Église universelle. En 1889, le Pape Léon XIII, dans sa lettre encyclique Quamquam pluries, sur le patronage de saint Joseph, expliquait cette décision de Pie IX:

«Pour quelles raisons spéciales saint Joseph a-t-il été nominativement déclaré Patron de l'Église? Pour quels motifs, en retour, l'Église espère-t-elle beaucoup de sa protection et de son patronage?

«Les voici: saint Joseph a été l'époux de Marie et il a été réputé le père de Jésus-Christ. De là, sa dignité, sa faveur, sa sainteté, sa gloire. Certes, la dignité de la Mère de Dieu est si élevée qu'elle ne peut être surpassée par aucune autre. Toutefois, Joseph ayant été uni à la bienheureuse Vierge par le lien du mariage, il n'est pas douteux qu'il n'ait approché plus que personne de la dignité suréminente au nom de laquelle la Mère de Dieu surpasse de si haut toutes les natures créées.

Léon XIII«En effet, de tous les genres de société et d'union, le mariage est le plus intime, et il entraîne essentiellement la communauté de biens entre les deux conjoints. Aussi, en assignant Joseph pour époux à la Vierge, Dieu lui donna non seulement d'être le compagnon de sa vie, le témoin de sa virginité, le gardien de son honneur, mais encore, en vertu même du pacte conjugal, d'avoir part à sa sublime dignité.

«De même, Joseph brille entre tous par la dignité la plus auguste, parce que, de par la volonté divine, il a été établi le gardien du Fils de Dieu et regardé par les hommes comme son père. D'où il résultait que le Verbe de Dieu était humblement soumis à Joseph, qu'il lui obéissait et qu'il lui rendait tous les devoirs que les enfants sont obligés de rendre à leurs parents.

«De cette double dignité découlaient d'elles-mêmes les charges que la nature impose aux pères de famille; ainsi, Joseph était le gardien, l'administrateur et le défenseur légitime et naturel de la maison divine dont il était le chef. Il exerça de fait ces charges et ces fonctions pendant tout le cours de sa vie mortelle. Il s'appliqua à protéger avec un souverain amour et une sollicitude quotidienne son épouse et le divin Enfant; il gagna régulièrement par son travail ce qui était nécessaire à l'un et à l'autre pour la nourriture et le vêtement; il préserva de la mort l'Enfant menacé par la jalousie d'un roi, en lui procurant un refuge ; dans les incommodités des voyages et les amertumes de l'exil, il fut constamment le compagnon, l'aide et le soutien de la Vierge et de Jésus.

«Or, la Sainte Famille, que Joseph gouvernait avec un pouvoir en quelque sorte paternel, contenait en elle-même les prémices de l'Église naissante. De même que la Très Sainte Vierge est la mère de Jésus-Christ, elle est aussi la mère de tous les chrétiens qu'elle a enfantés sur la montagne du Calvaire, au milieu des suprêmes souffrances du Rédempteur crucifié; Jésus-Christ est aussi comme le premier-né des Chrétiens, lesquels, par l'adoption et par la rédemption, sont ses frères.

«Telles sont les raisons pour lesquelles le bienheureux Patriarche regarde comme lui étant particulièrement confiée la multitude des Chrétiens dont se compose l'Église, à savoir cette immense famille répandue par toute la terre, sur laquelle, en sa qualité d'époux de Marie et de père de Jésus-Christ, il possède une autorité quasi paternelle. Il est donc naturel et très digne du bienheureux Joseph que, de même qu'il subvenait autrefois à tous les besoins de la famille de Nazareth et l'entourait de sa très sainte protection, il couvre maintenant de son céleste patronage et défende l'Église de Jésus-Christ.»

Léon XIII terminait son encyclique avec la prière suivante à saint Joseph:

Prière à saint Joseph pour l’Église

Ite ad Joseph - Allez à Joseph

Nous recourons à vous dans notre tribulation, bienheureux Joseph, et après avoir imploré le secours de votre très sainte épouse, nous sollicitons aussi avec confiance votre patronage. Par l'affection qui vous a uni à la Vierge immaculée, Mère de Dieu; par l'amour paternel dont vous avez entouré l'Enfant Jésus, nous vous supplions de regarder avec bonté l'héritage que Jésus-Christ a acquis au prix de son sang, et de nous assister de votre puissance et de votre secours dans nos besoins.

Protégez, ô très sage gardien de la divine Famille, la race élue de Jésus-Christ. Préservez-nous, ô Père très aimant, de toute souillure d'erreur et de corruption; soyez-nous propice et assistez-nous du haut du ciel, ô très puissant libérateur, dans les combats que nous livrons à la puissance des ténèbres.

Et de même que vous avez arraché autrefois l'Enfant Jésus au péril de la mort, défendez aujourd'hui la Sainte Église de Dieu, des embûches de l'ennemi et de toute adversité. Accordez-nous votre perpétuelle protection, afin que, soutenus par votre exemple et votre secours, nous puissions vivre saintement, pieusement mourir, et obtenir la béatitude éternelle du Ciel. Amen.

 

Gardien du Rédempteur

En 1989, pour le centenaire de l’encyclique Quamquam pluries de Léon XIII, le pape saint Jean-Paul II écrivait l’exhortation apostolique Redemptoris custos (le gardien du Rédempteur), sur «la figure et la mission de saint Joseph dans la vie du Christ et de l’Église.» En voici quelques extraits :

«Dès les premiers siècles, les Pères de l'Église, s'inspirant de l'Évangile, ont bien montré que de même que saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s'est consacré avec joie à l'éducation de Jésus Christ, de même il est le gardien et le protecteur de son Corps mystique, l'Église, dont la Vierge sainte est la figure et le modèle.

Saint Jean-Paul II«Joseph gardien du fils de Dieu… Il serait inconcevable qu'à une tâche aussi élevée ne correspondent pas les qualités voulues pour bien l'accomplir. Il convient donc de reconnaître que Joseph eut à l'égard de Jésus, “par un don spécial du ciel, tout l'amour naturel, toute l'affectueuse sollicitude que peut connaître un cœur de père.” En même temps que la puissance paternelle sur Jésus, Dieu a aussi accordé à Joseph l'amour correspondant, cet amour qui a sa source dans le Père, “de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom.” (Ep 3, 15).

«Les Évangiles parlent exclusivement de ce que “fit” Joseph; mais ils permettent de découvrir dans ses “actions”, enveloppées de silence, un climat de profonde contemplation. Joseph était quotidiennement en contact avec le mystère “caché depuis les siècles”, qui “établit sa demeure” sous son toit… Le sacrifice absolu que Joseph fit de toute son existence aux exigences de la venue du Messie dans sa maison trouve son juste motif “dans son insondable vie intérieure, d'où lui viennent des ordres et des réconforts tout à fait particuliers et d'où découlent pour lui la logique et la force, propres aux âmes simples et transparentes, des grandes décisions, comme celle de mettre aussitôt à la disposition des desseins divins sa liberté, sa vocation humaine légitime, son bonheur conjugal, acceptant la condition, la responsabilité et le poids de la famille et renonçant, au profit d'un amour virginal incomparable, à l'amour conjugal naturel qui la constitue et l'alimente”. Cette soumission à Dieu, qui est promptitude de la volonté à se consacrer à tout ce qui concerne son service, n'est autre que l'exercice de la dévotion qui constitue une des expressions de la vertu de religion.

«Ce patronage (envers saint Joseph) doit être invoqué, et il est toujours nécessaire à l'Église, non seulement pour la défendre contre les dangers sans cesse renaissants mais aussi et surtout pour la soutenir dans ses efforts redoublés d'évangélisation du monde et de nouvelle évangélisation des pays et des nations «où – comme je l'ai écrit dans l'exhortation apostolique Christifideles laici – la religion et la vie chrétienne étaient autrefois on ne peut plus florissantes” et qui  “sont maintenant mis à dure épreuve”.»

Jean-Paul II terminait son exhortation en rappelant l’actualité de la prière de saint Joseph composée par Léon XIII. «Que saint Joseph obtienne à l'Église et au monde, comme à chacun de nous, la bénédiction du Père et du Fils et du Saint- Esprit!»

Saint Joseph endormiPape François aux PhilippinesLe 16 janvier 2015, durant une rencontre avec les familles lors de son voyage apostolique à Manille, aux Philippines, le Pape François déclarait, faisant référence à Dieu qui parlait à saint Joseph en songe: «Je voudrais aussi vous dire une chose personnelle. J’aime beaucoup saint Joseph parce c’est un homme fort et silencieux. Et sur mon bureau j’ai une image de saint Joseph en train de dormir; et en dormant il prend soin de l’Église! Oui, il peut le faire, nous le savons. Et quand j’ai un problème, une difficulté, j’écris un billet et je le mets sous saint Joseph, pour qu’il le rêve. Cela veut dire: qu’il prie pour ce problème!» 

 

Alain Pilote

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