Comme l’écrivait Léon XIII dans son encyclique Quamquam Pluries, c’est « l'opinion qu'un grand nombre de Pères de l'Église ont admise et à laquelle acquiesce la sainte liturgie elle-même, que ce Joseph des temps anciens, fils du patriarche Jacob, fut la figure du nôtre (le Joseph du Nouveau Testament), et, par son éclat, témoigna de la grandeur du futur gardien de la divine famille. »
Comme l’explique le Père Michel Gasnier au début de son livre Les Silences de Joseph, non seulement ils portaient le même nom, mais ils se ressemblaient aussi dans leurs vertus et dans leur vie entrelacée d'épreuves et de joies, de coïncidences étonnantes.
L'un et l'autre – deux hommes justes dans tous les sens du terme – se sont donnés corps et âme à la mission qui leur a été confiée. Les deux Joseph, par une série de circonstances providentielles, se rendirent en Égypte : le premier, persécuté et livré par ses frères, en raison d’une jalousie féroce, et le second, devant fuir la rage jalouse d'Hérode, pour sauver Celui qui doit être le pur blé des élus.
Le Joseph de l'Ancien Testament a reçu de Dieu le privilège d'interpréter les rêves, étant ainsi averti de ce qui allait lui arriver. Le nouveau Joseph, reçoit par rêves les messages du Seigneur — accepter Marie comme épouse, et fuir immédiatement en Égypte, pour sauver l’Enfant des mains des soldats d’Hérode.
Il semble que les rêves du Joseph de l’Ancien Testament, bien que vérifiés en sa personne, n'aient vu leur pleine réalisation que dans la mission du second. Voici ce que le livre de la Genèse nous raconte sur le premier Joseph (37, 5-10) : « Joseph a aussi fait un rêve qu'il a raconté à ses frères... Il leur a dit : "Écoutez, si vous voulez, ce rêve que j'ai fait. Nous étions dans le champ à attacher des gerbes et j'ai vu que ma gerbe a été soulevée et s'est levée, et les vôtres l'ont entourée et s'inclinèrent devant la mienne, l'adorant..." Joseph fit un autre rêve, qu'il raconta également à ses frères, en disant : "J'ai vu que le soleil, la lune et onze étoiles m'adoraient." »
Ces rêves se sont réalisés dans la vie du premier patriarche lorsque son père Jacob a déménagé en Égypte avec toute sa famille et s'est prosterné efficacement devant Joseph, qui est devenu vice-roi du pays et père nutritionnel des peuples de la terre. Mais on peut penser qu’il préfigurait le mystère qui à Nazareth étonnerait le monde, quand Jésus, le soleil de la justice et Marie, louée par la liturgie comme une belle et lumineuse lune blanche, sont soumis à l'autorité de Joseph, le chef de famille.
Pharaon, étonné de la sagesse de son intendant, laissa bientôt le gouvernement du royaume entre ses mains, disant à ceux qui venaient le voir : Allez à Joseph (en latin, Ite ad Joseph) et faites tout ce qu'il vous dira. De même, le second Joseph a été chargé de gagner le pain de la Sainte Famille à Nazareth et, plus tard, d'être le défenseur officiel de l'Église.
Une autre vertu, commune aux deux, complète le parallélisme passionnant : la chasteté. Le premier a rejeté les incitations honteuses de la femme de Putiphar. Encore plus parfaite était la chasteté du deuxième Joseph qui, sachant que Dieu avait placé sous sa protection la plus pure des créatures, l’épouse du Saint-Esprit, il la traitait avec un respect souverain et ressentait pour elle un amour très pur.