Les apparitions de Marie Rose Mystique, reconnues par le Vatican

le jeudi, 01 mai 2025. Dans Apparitions et miracles

Dans une lettre publiée le 8 juillet 2024, le cardinal Víctor Manuel Fernández, préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, autorisait la promotion des apparitions mariales italiennes dites de la « Rose Mystique de Fontanelle » – ou « Madone de Montichiari ». Le dicastère accordait ainsi le « nulla osta » (aucun obstacle, ou autrement dit, le feu vert) à ces apparitions, et autorisait le culte public de la dévotion mariale liée aux messages reçus en 1947 et 1966 par la voyante Pierina Gilli. Un feu vert qui donne également la possibilité de dédier des églises et des lieux sacrés à une dévotion spécifique avec l'image correspondante. La lettre du cardinal Fernández affirme qu'on ne trouve pas « d'aspects moraux négatifs ou d'autres aspects critiques. On peut au contraire y trouver plusieurs aspects positifs ».

Plus récemment, le 14 avril 2025, une statue de la Vierge Marie, don du pape François, a été inaugurée par le cardinal Víctor Manuel Fernández dans les jardins du Vatican. Elle représente la Vierge Marie avec trois roses, comme elle serait apparue le 13 juillet 1947 à Pierina Gilli.

Montichiari, commune italienne qui se trouve dans le diocèse de Brescia en Lombardie, a été un lieu visité à plusieurs reprises par la Vierge Marie, en 1947. Elle est apparue à Pierina Gilli, une jeune femme, lui a demandé d'être invoquée en ce lieu sous le vocable de Rosa Mystica (rose mystique) et lui a donné plusieurs messages, dont celui de l'heure de grâce, le 8 décembre 1947.

La voyante, Pierina Gilli

Pierina a mené une vie très simple jusqu'à sa mort en 1991, à l'âge de 80 ans. Ses phénomènes mystiques couvrent deux périodes : la première remonte à 1947, lorsque la Vierge lui serait apparue, se présentant sous les titres de « Rose mystique » et de « Mère de l'Église ». Sur la robe blanche de Marie, la jeune femme dit avoir vu également trois roses -une blanche, une rouge et une jaune- symbolisant la prière, la pénitence et la souffrance.

Pierina Gilli est née le 3 août 1911 à Montichiari (Brescia) d'une famille paysanne, aînée de neuf enfants. Son père mourut à son retour de la guerre en 1918. Elle reçut des sollicitations pédophiles d'un proche de la veuve. Elle dut user de toutes ses forces pour échapper à son bourreau qui lui disait : « Si tu parles, je te tue ». Et sa résistance la fit considérer comme désobéissante et obstinée.

Sa mère l'apprit et Pierina décida de se faire religieuse. Mais sa santé l'en empêcha, malgré bien des tentatives. Elle sert alors à l'hôpital civil Desenzano, tenu par les Servantes de la charité, durant les quatre années de la Seconde Guerre mondiale. Le 14 avril 1944, à trente-trois ans, on l'accepte comme postulante chez ces mêmes religieuses, puis elle est envoyée comme infirmière à l'hôpital d'enfants de Brescia.

Le 1er décembre 1944, elle est atteinte de méningite et l'on attend sa mort. Mais le 17 décembre 1944, Marie crucifiée di Rosa (1813-1885, déclarée sainte en 1954), fondatrice des Servantes de la charité, lui apparaît et la guérit. En juillet suivant, son état s'aggrave, en décembre les pronostics sont très sombres. Pourtant, fin avril 1946, elle reprend ses fonctions d'infirmière à l'hôpital de Montichiari. Mais survient une rechute en novembre 1946, avec une occlusion intestinale nécessitant une intervention chirurgicale urgente.

Premier cycle d'apparition : 1947

Une fois de plus, Pierina est aux portes de la mort. C'est dans ce contexte grave que, dans la nuit du 23 au 24 novembre, la fondatrice des Servantes de la Charité lui apparaît à nouveau. Cette fois, elle lui fait signe de regarder dans un angle de sa chambre. À cet instant, Pierina est parfaitement éveillée et n'est sujette à aucun trouble sensoriel. Elle a pleinement conscience de ce qu'elle est en train de vivre :

 « Alors, je vis [...] une très belle dame, transparente en vêtements violets avec un voile de couleur blanche qui, de la tête, descendait jusqu'aux pieds. Elle était transparente. Elle ouvrait les bras et on voyait trois épées enfoncées dans sa poitrine au niveau du cœur. "C'est la Madone", lui dit la fondatrice. »

L'apparition lui demande d'offrir des prières et des sacrifices pour les âmes religieuses qui trahissent leur vocation, pour réparer les péchés mortels ainsi que le comportement des prêtres qui se rendent indignes de leur ministère. « Elle me recommanda particulièrement la sanctification des prêtres. Si ceux-là sont saints, bien des âmes se sanctifieront. » Enfin, la Vierge, invitant à la prière et à la pénitence, demande qu'on la vénère sous le vocable de « Rose Mystique » (« Rosa Mystica »).

Le 1er juin 1947, la Vierge lui apparaît une seconde fois. Elle n'est plus transparente, mais réelle, avec trois roses posées horizontalement sur la poitrine, de gauche à droite : une blanche, une rouge et une jaune. Pierina lui demande la signification de ces fleurs : la rose blanche signifie la prière ; la deuxième, la réparation ; la troisième, l'esprit de sacrifice.

Le 13 juillet, la Madone précise :

La rose blanche signifie l'esprit de prière pour réparer les offenses infligées au Seigneur par les personnes consacrées qui ne vivent pas avec cohérence leur vocation ;

La rose rouge signifie l'esprit de sacrifice pour réparer les offenses infligées au Seigneur par les consacrés qui vivent dans le péché mortel ;

La rose jaune-or signifie l'esprit d'immolation pour réparer les offenses infligées au Seigneur par les prêtres qui trahissent leur vocation et, en particulier, pour obtenir leur sanctification.

Seulement si ces trois roses seront offertes avec amour, les trois épées tomberont du Cœur de la Vierge.

Ce 13 juillet, la Madone révèle aussi son identité : « Je suis la Mère de Jésus et la Mère de vous tous. Le Seigneur m'envoie pour promouvoir une plus efficace piété mariale dans les instituts et congrégations religieux [...] et parmi les prêtres. Je promets à tous ceux qui m'honoreront ma protection, un renouveau de vocations, moins d'apostasie, et un grand désir de sainteté. Que le 13 de chaque mois soit un jour de prière dédié à Marie et préparé durant les douze premiers jours du mois. Je ferai descendre sur ce jour une abondance de grâces et de vocations. »

Le 22 novembre 1947, Notre Dame prévient de sa prochaine apparition dans la cathédrale de Montichiari. À la découverte de ce message, plusieurs milliers de personnes décident de se rendre en ce lieu à la date annoncée.

François et Jacinthe de Fatima

Par conséquent, lors de la sixième apparition, le 7 décembre 1947, dans la cathédrale de Montichiari archibondée, la Vierge apparaît dans un manteau blanc tenu à droite par un garçon et à gauche par une fillette, tous deux également vêtus de blanc. Elle annonce : « Demain, je montrerai mon Cœur Immaculé si peu connu des hommes… À Fatima, j'ai fait propager la dévotion de la consécration à mon Cœur… Ici, à Montichiari, je souhaite que la dévotion déjà recommandée en tant que Rosa Mystica, unie à la vénération de mon Cœur Immaculé, soit approfondie […], afin que les âmes consacrées obtiennent des grâces accrues de mon Cœur maternel. »

Pierina demande : « Qui sont les deux enfants à vos côtés ? » Elle répond : « Jacinthe et François [deux des trois voyants de Fatima]. Ils seront maintenant tes compagnons dans toutes tes tribulations. Eux aussi ont beaucoup souffert, bien qu'ils fussent beaucoup plus petits que toi. Vois, ce que je souhaite de toi : simplicité et bonté comme en ces enfants. »

L'heure de grâce

Le lendemain, 8 décembre 1947, la Vierge, se montrant « sur un grand escalier blanc orné des deux côtés de roses blanches, rouges et dorées », sourit et dit : « Je suis l'Immaculée Conception. » Commençant à descendre les marches de l'escalier, elle ajoute :

« Je suis Marie de la grâce […], Mère de mon divin Fils Jésus-Christ. […] Ici à Montichiari, je désire être appelée Rosa Mystica. Je souhaite que chaque année, le 8 décembre, à l'heure de midi, on célèbre l'heure de grâce pour le monde entier. Par cet exercice, on obtiendra de nombreuses grâces [...]. Qu'on veuille faire part, le plus vite possible, au […] pape Pie XII, que c'est mon souhait que cette heure de grâce soit connue et diffusée dans le monde entier. Celui qui ne peut pas se rendre à l'église doit prier chez lui à l'heure de midi, et il recevra alors mes grâces. Celui qui prie ici sur ce marbre et verse des larmes de repentir trouvera une voie sûre et recevra de mon Cœur maternel protection et grâces. »

À ce moment, la Mère de Dieu montre son Cœur à Pierina en disant : « Vois ce Cœur qui aime tant les hommes, tandis que le plus grand nombre l'accable d'outrages ! Lorsque les bons et les méchants s'uniront dans une prière unanime, ils obtiendront de ce Cœur miséricorde et paix. »

Ce jour-là, trois guérisons extraordinaires se produisent. La première concerne un enfant de cinq ans atteint de poliomyélite qui, jusque-là, n'avait jamais pu marcher : sans l'aide de quiconque, l'enfant peut subitement se déplacer sans béquilles ni appareillage. La maladie n'a laissé aucune séquelle.

La deuxième est celle d'une jeune tuberculeuse de vingt-six ans devenue incapable de parler et dont le pronostic vital était engagé.

La troisième a lieu à quelques centaines de mètres de l'endroit où Rosa Mystica est en train de se manifester : il s'agit de la disparition instantanée, complète et durable, d'un problème cérébral lourd et d'une incontinence chronique, chez une personne de trente-six ans.

À remarquer que le même jour, 8 décembre 1947, à 13h, à l'Ile Bouchard, en France, la Vierge Marie est apparue à trois enfants Jacqueline Aubry (douze ans) ; Jeanne, sa sœur (sept ans), et Nicole (dix ans), leur demandant des prières pour le salut de la France.

Mgr Giacinto Tredici, évêque de Brescia, commence par enquêter discrètement. Face à l'affluence des fidèles à Montichiari, il demande à Pierina, en mai 1949, de ne plus se montrer en public, puis de se retirer temporairement dans un couvent de religieuses franciscaines de Giglio di Brescia, comme simple servante. En réalité, l'exil de la voyante va durer dix-neuf ans, temps pendant lequel elle ne désobéit jamais à l'évêque ni aux prêtres.

Tout semble donc terminé pour ces messages et apparitions. Le clergé local prend progressivement en charge le pèlerinage naissant. Comme pour chaque cas d'apparition, le temps est un facteur essentiel. Dans les mois qui suivent, les fruits spirituels sont recueillis en grand nombre : retour à la pratique, récitation du chapelet, conversions, guérisons, vocations... Les lieux ne désemplissent pas. Pierina revient.

Deuxième cycle d'apparitions : 1966

Le deuxième cycle d'apparitions eut lieu en 1966 à Fontanelle, dans la campagne de Montichiari. Le 17 avril 1966, Pierina va prier dans la grotte de Fontanelle, où coule une source. La Vierge apparaît et lui dit : « Mon divin Fils, tout Amour, m'envoie pour rendre cette source miraculeuse, comme signe de purification et de pénitence. Que tous les malades […] demandent pardon à mon Fils par un baiser d'amour, avant de se désaltérer à cette source. »

Le 13 mai, la Vierge demande que la source soit appelée « source de grâce » et qu'un bassin soit construit pour accueillir « tous ses enfants », surtout les malades.

Le 9 juin 1966, à l'occasion de la Fête du Corpus Domini, Pierina vit de nouveau Marie Rose Mystique dans les champs de froment prêts pour les moissons. La Vierge ordonna que ces épis deviennent farine pour Pain Eucharistique : « Combien j'aimerais que ce blé devienne Pain Eucharistique… en tant de Communions réparatrices ».

Le 6 août, Fête de la Transfiguration, la Vierge demanda à Pierina de faire célébrer le 13 octobre la journée mondiale de la Communion réparatrice : « Mon Divin Fils Jésus m'a invité de nouveau à demander l'union mondiale de la Communion réparatrice, et que cela ait lieu le jour 13 octobre […] que soit répandue dans le monde entier la nouvelle de cette sainte initiative qui doit commencer cette année pour la première fois et toujours répétée chaque année ».

L'évêque de Brescia est rapidement averti. Il s'interroge : pourquoi les apparitions, que l'on pensait définitivement terminées, recommencent-elles ? Par prudence, il ordonne à Pierina le silence le plus absolu. Celle-ci se rend désormais seule à la grotte et à la source, ou accompagnée uniquement d'une amie. Puis, le calme et la sérénité revenus, l'évêque autorise la venue des pèlerins à la grotte de Fontanelle pour des temps de prière, transforme le lieu en un centre marial et autorise la diffusion des messages transmis à Pierina depuis 1947.

Dès 1966, les travaux de construction d'un sanctuaire ont commencé sur le site, qui n'était pas structuré comme une église, mais comme un amphithéâtre ouvert. D'un côté, il y a une chapelle pour la célébration de l'Eucharistie, de l'autre une seconde chapelle, plus petite, pour protéger la source indiquée par l'apparition.

La renommée de Montichiari-Fontanelle dépasse bientôt les frontières de l'Italie. Depuis 1949, l'évêque de Fuzhou (Chine), Mgr Zheng, est un apôtre des messages qui ont été son réconfort spirituel pendant ses dix-huit années de travaux forcés dans son pays. Il existe maintenant un sanctuaire de Rosa Mystica à Fujian, en Chine.

En 2018, l'analyse théologique et doctrinale de tous les messages notés dans le journal de la voyante fut entreprise, et constata la pleine conformité de ces messages avec la foi catholique, ainsi que leur exemplarité spirituelle et morale. Finalement, dans une lettre publiée le 8 juillet 2024, le Vatican autorisait la promotion des apparitions mariales italiennes dites de la Madone de Montechiari. 

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