Le cardinal Stefan Wyszynski sera béatifié

Thérèse Tardif le dimanche, 01 août 2021. Dans Saints & Bienheureux

Géant de la foi en Pologne

Le cardinal Stefan Wyszynski (1901-1981), appelé le « primat du millénaire » (car il avait présidé en 1966 aux cérémonies grandioses du millénaire de la présence du christianisme en Pologne, avec le baptême du roi Mieszko 1er), considéré comme héros national en Pologne au même titre que son compatriote le pape saint Jean-Paul II, pour avoir entre autres contribué à la chute du communisme, sera officiellement déclaré bienheureux par l'Église catholique le 21 septembre 2021 à Varsovie.

Le 2 octobre 2019, le pape François reconnaissait un miracle dû à l'intercession du défunt cardinal – une jeune femme âgée de 19 ans en 1988, atteinte d'une tumeur incurable à la thyroïde, a été guérie l'année suivante grâce à l'intercession du serviteur de Dieu. Son cancer n'est jamais réapparu depuis. Cette reconnaissance du miracle donnait ainsi le feu vert pour la béatification du cardinal, qui était d'abord prévue pour le 7 juin 2020, mais en raison de l'épidémie mondiale de coronavirus, la cérémonie a été remise en septembre 2021.

Enfance

Stefan Wyszynski est né le 3 août 1901 à Zuzela en tant que deuxième des cinq enfants de Stanisław Wyszynski, organiste et de Julianna Karp, décédée le 10 octobre 1910. Stefan avait alors 9 ans. (Karol Wojtyła, le futur pape Jean-Paul II, avait le même âge lorsqu'il a perdu sa mère.)

Stanisław et Julianna Wyszynski avec leurs enfants (de gauche à droite) : Stanisława, Janina, Stefan (le futur primat) et Anastasia. Photo prise en 1906.

Un an plus tard, son père épousa Eugenia Podlewska, une bonne amie de sa première femme. Bien que la belle-mère de Stefan ait été très gentille avec lui et ses frères et sœurs, il ressentait beaucoup le manque de sa mère.

Stefan commence ses études pour la prêtrise en 1917 au Séminaire de Włocekawek et est ordonné prêtre par Mgr Owczarek le 3 août 1924, le jour anniversaire de ses 23 ans. Après un an de travail dans la paroisse, il entreprend des études complémentaires à l'Université catholique de Lublin. Il y étudie le droit canon et les sciences sociales catholiques. En 1929, il soutient sa thèse de doctorat intitulée « Le droit à l'école de la famille, de l'Église et de l'État ».

La doctrine sociale de l'Église

Après avoir terminé ses études à Lublin, il se rend en Italie, en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne pour se renseigner sur les sciences sociales catholiques locales. Après son retour en Pologne, l'abbé Wyszynski sert dans de nombreux endroits différents. Il travaille comme vicaire de paroisse, est rédacteur en chef du mensuel Ateneum Kapłanskie pour le clergé et professeur au Séminaire de Włocławek. Là aussi, il organise une université ouvrière chrétienne, où il enseigne les sciences sociales catholiques.

La Seconde Guerre mondiale

Après le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la Gestapo commence à le rechercher. Son évêque, Mgr Michał Kozal (mort au camp de concentration de Dachau en 1943, et déclaré bienheureux par Jean-Paul II en 1987) lui a ordonné de quitter Włocławek afin qu'il puisse éviter d'être arrêté par les nazis. L'abbé Wyszynski organise l'éducation clandestine. Pendant l'Insurrection de Varsovie, il est aumônier du district militaire de Zoliborz-Kampinos et évite la mort dix fois.

Lorsque l'abbé Wyszynski retourne à Włocławek après la fin de la guerre, il y trouve une grave pénurie de prêtres : 2500 prêtres en Pologne avaient été tués ou envoyés dans des camps d'extermination. L'abbé Wyszynski s'installe alors au séminaire de Włocławek en tant que recteur, professeur, père spirituel et directeur.

Évêque

Le primat de Pologne de l'époque, le cardinal August Hlond, savait qu'en ces temps difficiles, la Pologne avait besoin d'évêques fiables qui pourraient garder la foi et l'espérance parmi les fidèles et former la jeunesse. En 1946, il propose le nom de l'abbé Wyszynski qui, le 25 mars de la même année, est nommé évêque de Lublin par le pape Pie XII. Le 12 mai 1946, il est consacré évêque par le cardinal Hlond au sanctuaire national de Jasna Góra. Dans ses armoiries, Mgr Wyszynski a placé l'image de Notre-Dame de Czestochowa et la devise Soli Deo (Dieu seul).

Les fidèles ont vite reconnu en cet évêque de 45 ans le père des ouvriers et des paysans, le chef de la nation, en un mot, la seule autorité morale du pays. Comme le nouveau Moïse, Mgr Wyszynski (plus tard cardinal) aidera ses compatriotes à traverser le désert du communisme athée, soutenu par la reine de Pologne, la Vierge noire de Czestochowa, qui marche à la tête de son peuple comme une colonne de feu à la tête des Hébreux en l'époque de Moïse.

Le monde profane tentera de ridiculiser la dévotion des Polonais à la Vierge Marie en demandant « Où est ton Dieu ? » Mais Marie a triomphé, le communisme s'est effondré et « le meilleur des fils de Pologne » est devenu le Vicaire du Christ, le premier pape non italien en 450 ans.

En tant qu'évêque de Lublin, Wyszynski devient également le grand chancelier de l'Université catholique de Lublin. Il organise la Faculté de philosophie chrétienne de l'Université catholique de Lublin et est très actif dans les travaux du nouvel Institut des problèmes sociaux, économiques et ruraux

Primat

Après deux ans de travail dans le diocèse de Lublin, Mgr Wyszynski est nommé le 12 novembre 1948 archevêque de l'archidiocèse de Varsovie-Gniezno, devenant ainsi primat de Pologne (et président de la Conférence épiscopale polonaise, poste qu'il occupera jusqu'en 1981), en remplacement du cardinal Hlond, décédé le 22 octobre.

La situation de l'Église en Pologne est alors difficile, en présence du régime communiste instauré par la force. L'archevêque Wyszynski demande en vain l'achèvement des travaux sur un accord avec le gouvernement qui respecterait les droits de l'Église.

En 1952, les communistes commencent à liquider les jeunes séminaires théologiques et les noviciats religieux, et créent de nombreux obstacles à la délivrance de permis pour construire de nouvelles églises.

Alors que le primat Wyszynski devient cardinal le 12 janvier 1953, le régime communiste intensifie ses attaques hostiles contre l'Église. Le 9 février 1953, il publie un décret strict qui place l'Église sous contrôle communiste. Ensuite, le gouvernement prend une autre mesure radicale contre l'Église : il exige de chaque prêtre catholique un serment de fidélité au gouvernement communiste. Le cardinal Wyszynski s'oppose fortement à cette action.

En septembre 1953, le tribunal militaire de Varsovie condamne l'évêque Czesław Kaczmarek de Kielce à douze ans de prison. Sa condamnation était fondée sur des accusations selon lesquelles l'évêque aurait collaboré avec les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et qu'il aurait voulu renverser le gouvernement communiste. De nombreux prêtres sont aussi emprisonnés.

Arrestation

Le 25 septembre 1953, lors d'un sermon dans l'église de Sainte-Anne à Varsovie, le cardinal Wyszynski déclare publiquement que l'Église en Pologne se battra toujours pour la vérité et la liberté, et il exprime aussi publiquement son opposition catégorique à l'emprisonnement de l'évêque Kaczmarek par les communistes.

Quelques heures après ce discours de Wyszynski, un groupe de policiers armés fait irruption dans sa résidence et l'emmène à Rywałd, où il est interné. Peu de temps après, le régime communiste emprisonne cinq autres évêques, dont l'assistant du primat, Mgr Antoni Baraniak (plus tard archevêque de Poznan). Les communistes voulaient en faire le témoin principal du procès contre le Primat, mais ni la prison, ni les mauvais traitements, ni les tentatives de lavage de cerveau n'ont réussi à briser la volonté de fer de Mgr Baraniak. Cependant, il a dû payer sa loyauté par trois ans de prison et sa santé fut compromise.

Les agents de la police secrète avaient peur de la colère du peuple. Ils arrêtèrent le Primat la nuit, secrètement. Le chien qui gardait l'archevêché a attaqué le policier et l'a mordu avant que le cardinal ne puisse saisir le collier du chien. Le cardinal appela aussitôt la religieuse pour panser la plaie. Quand on lui demande de faire sa valise, il refuse, et dit : « Je suis venu dans cette maison pauvre et je veux la quitter pauvre. »

Les vœux de Jasna Góra

Pendant trois ans, le cardinal Wyszynski est transféré d'un lieu de détention à un autre, toujours en secret. Vingt gardes le surveillent jour et nuit. Le temps passé en prison fut une période de travail intense pour le cardinal Wyszynski. Il prépare un programme spécial pour la renaissance de la nation polonaise par la Bienheureuse Vierge Marie. Au cours de ses méditations en prison, il s'est souvenu de nombreux événements de l'histoire de la Pologne qui l'ont convaincu de choisir la voie mariale comme programme de ministère pastoral à l'avenir.

Le 8 décembre 1953, le cardinal Wyszynski signe l'alliance finale avec Notre-Dame par la consécration d'esclave de Jésus par Marie, conformément à l'enseignement de saint Louis-Marie de Montfort. Wyszynski attribuait à cette consécration la grâce de « ne jamais avoir eu l'ombre d'une rancune contre qui que ce soit ».

Le cardinal Wyszynski a donné son pardon à tous, même ceux qui l'ont emprisonné et l'ont détenu dans des conditions difficiles, comme à Stoczek Warminski, où il a gravement endommagé sa santé pendant l'hiver rigoureux. La glace et le givre étaient alors partout : dans le couloir, dans la cellule et sur les fenêtres. Les pièces n'étaient pas du tout chauffées, les murs étaient couverts de champignons. Pour sortir dans le jardin, le primat devait déneiger les escaliers. Parfois, les congères empêchaient de quitter le bâtiment. Comme l'écrivait le primat, Stoczek était un endroit où il n'arrivait pas à « se réchauffer les pieds une seule fois ». Il a même dû se laver à l'eau glacée. Il y avait des moments où l'eau gelait. Il y avait aussi des jours où le primat ne pouvait pas écrire parce que ses mains froides refusaient de lui obéir. Ses mains enflaient, sa tête, ses reins et son estomac lui faisaient mal. Malgré de nombreuses demandes, il ne pouvait obtenir aucun médicament, pas même un analgésique.

À Komancza, le dernier lieu de son emprisonnement, le primat achève le texte du serment de Jasna Góra, qui doit être la pierre angulaire du renouveau moral et spirituel de la Pologne. Il est lié aux préparatifs de la célébration du millénaire baptême de la Pologne, en 1966.

Le 26 août 1956, plus d'un million de personnes sont rassemblées à Jasna Góra pour la fête de Notre-Dame de Czestochowa. Tous les évêques polonais entourent le fauteuil vide sur lequel le primat Wyszynski aurait dû s'asseoir. Puis l'évêque Michał Klepacz lit le texte du serment du primat Wyszynski, et les gens n'arrêtent pas de répéter : « Nous promettons d'être fidèles à Dieu, à l'Église et à l'Évangile. »

Après les cérémonies de Czestochowa et la manifestation ouvrière de Poznan en juin 1956, les autorités communistes décident de libérer Wyszynski de prison le 26 octobre 1956. Le gouvernement annule le décret de 1953 sur l'approbation des postes d'église par les communistes, puis annonce le rétablissement de l'enseignement religieux dans les écoles, le retour des moines et moniales à leur travail social et l'annulation du reste de la peine de Mgr Kaczmarek.

Grande Neuvaine

Ensuite, le primat Wyszynski met en œuvre son programme de la Grande Neuvaine pour le millénaire du christianisme en Pologne. C'est alors qu'il initie un programme de neuf ans de renouveau de la foi et de la morale. Fondé sur la vérité biblique et morale prêchée ainsi que sur la réflexion sur les sacrements, ce programme a été réalisé dans chaque paroisse et communauté ecclésiale. La peinture miraculeuse de Notre-Dame de Czestochowa commence un pèlerinage à travers le pays et atteint toutes les paroisses de Pologne. Devant cette image miraculeuse, chaque croyant et chaque famille catholique de Pologne s'engage à renouveler sa foi et sa vie morale. Ces activités ont aidé à sauver la nation polonaise d'une démoralisation et d'une sécularisation complètes.

Le régime communiste n'aimait pas l'idée de Wyszynski et son programme de renouveau. Malgré les assurances pour garantir la liberté de l'Église, les communistes recommencent à traiter les membres de l'Église avec hostilité. Ils organisent des cours de formation spéciaux sur la façon de détruire les membres de l'Église sur leur lieu de travail ainsi que dans les écoles et de créer des conditions similaires au mode de vie facile en Occident, pour créer des chrétiens froids, rendre les gens matérialistes, pour enfin quitter l'Église.

En 1964, le primat invite le pape Paul VI à participer au millénaire polonais, mais les communistes lui refusent l'entrée en Pologne. Fin 1965, l'épiscopat polonais invite des évêques de 56 pays aux célébrations du millénaire, qui ont abouti à une réunion à Jasna Góra le 3 mai 1966. Dans son homélie, le cardinal Primat déclare :

« Oui, nous devons tout transformer en amour. Je prie toujours pour ceux qui me calomnient et je pense que la prière de leur évêque leur sera utile. J'oublierai peut-être de prier pour eux s'ils cessent de m'insulter !... En ce moment historique, pleinement conscients et remplis de liberté d'esprit et d'amour pour notre terre, nous confions la Pologne à Marie ; nous lui donnons la Pologne comme ses esclaves, et les gens du deuxième millénaire se sentiront en sécurité près d'elle. Remplis d'amour pour l'Église universelle et pour l'Église de Pologne, nous confions notre nation à Marie pour l'Église, au service de l'Église universelle ! ».

À l'occasion du 600e anniversaire de la présence de l'image miraculeuse de la Dame de Jasna Góra, le cardinal Wyszynski commence en 1976 « six années de gratitude pour six siècles de présence de Marie ».

Un pape polonais

La vie de sacrifices et de fidélité à Dieu du cardinal Stefan Wyszynski a directement contribué à la chute du communisme en Pologne et dans d'autres pays d'Europe de l'Est, ainsi qu'à l'élection le 16 octobre 1978 du pape polonais, le cardinal Karol Wojtyla de Cracovie, son fils spirituel et associé à la lutte pour l'Église du Christ en Pologne pendant les années difficiles du régime communiste.

Ce 16 octobre 1978, le cardinal Wyszynski a encouragé le cardinal Wojtyła à accepter la nomination à la chaire de Pierre, lui disant que Dieu lui avait confié la mission d'amener l'Église dans le troisième millénaire. Le cardinal Wyszynski écrivit ce jour-là : « Réjouis-toi, Reine de Pologne, d'avoir donné à l'Église son meilleur fils, façonné dans la lutte et la souffrance de notre nation... La victoire que le cardinal Hlond avait prédite est arrivée : c'est la victoire de la Mère du Christ à qui notre nation est restée fidèle. »

Notre-Seigneur avait dit en 1938 à sainte Faustine Kowalska, l'apôtre de la Miséricorde Divine, qu'une grande lumière sortirait de Pologne pour éclairer le monde et le préparer à sa seconde venue.

Si nous avons eu un grand pape en la personne de saint Jean-Paul II, c'est parce qu'il avait eu un grand modèle et guide en la personne du cardinal Wyszynski.

Lors de sa première visite en Pologne en juin 1979 dans la cathédrale de Varsovie, Jean-Paul II a qualifié le cardinal Wyszynski de « clé de voûte de l'Église en Pologne », grâce à sa foi en Marie, la Mère du Christ.

Jean-Paul II a publiquement souligné qu'il appréciait le rôle du primat Wyszynski. « Un primat tel que Wyszynski apparaît une fois tous les mille ans » affirmait-il. Lors de la messe inaugurale de son pontificat, le 22 octobre 1978, les cardinaux s'avancèrent, comme c'est la coutume, pour rendre hommage au nouveau pape. Lorsque le primat Wyszynski s'approcha de Jean-Paul II et s'agenouilla pour embrasser l'anneau du chef de l'Église, le pape s'est levé, l'a embrassé, a embrassé la joue et la main du primat, soulignant ainsi son respect filial pour lui.

Le lendemain, 23 octobre, dans un message à ses compatriotes polonais, saint Jean-Paul II écrivait, en s'adressant au cardinal Wyszynski :

« Vénérable et cher cardinal primat, permets que je te dise avec simplicité ce que je pense. Il n'y aurait pas sur la Chaire de Pierre ce Pape polonais — qui aujourd'hui commence un nouveau pontificat, rempli de la crainte de Dieu, mais aussi de confiance — s'il n'y avait pas eu ta foi, qui n'a pas reculé devant la prison et la souffrance. S'il n'y avait pas eu ton espérance héroïque, ta confiance sans limites en la Mère de l'Église. S'il n'y avait pas eu Jasna Gora et toute cette période de l'histoire de l'Église dans notre patrie, liée à ton ministère d'évêque et de primat. »

Départ pour le Ciel

Malade au début de l'année 1981, des chaînes de prière se créent pour obtenir la guérison du cardinal Wyszynski. À la suite de la tentative d'assassinat de Jean-Paul II le 13 mai 1981, Wyszynski exhorte les fidèles à ne plus prier pour lui mais pour la vie du pape. Le cardinal Wyszynski offre sa vie à la Vierge Marie, en échange de celle de Jean-Paul II, qui est entre la vie et la mort. Le cardinaI Wyszynski meurt quelques jours plus tard, le 28 mai 1981 (jour de la fête de l'Ascension), des suites d'un cancer de l'abdomen, après avoir reçu par téléphone la bénédiction de Jean-Paul II, qui avait donc échappé à la mort. Ses funérailles, présidées par le Secrétaire d'État du Vatican, le Cardinal Agostino Casaroli, sont suivies par plusieurs centaines de milliers de personnes. Le cardinal Wyszynski a été inhumé dans la basilique cathédrale Saint-Jean à Varsovie.

Le procès de béatification du cardinal Wyszynski a été ouvert par Jean-Paul II en 1989. Le 19 décembre 2017, le Pape François a reconnu ses vertus héroïques, et un miracle a maintenant été reconnu pour la béatification du cardinal-primat. En raison de sa grande foi et de son rôle exceptionnel dans l'Église et la nation polonaise, il mérite vraiment le titre de « Primat du millénaire ». 

Thérèse Tardif

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