La faim ne peut jamais être considérée comme un fait normal

le samedi, 01 mars 2014. Dans Doctrine Sociale

Voici des extraits du message du Pape François pour la Journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre 2013, adressé à M. José Graziano da Silva, directeur général de la FAO (Food and Agriculture Organization):

C’est un scandale que la faim et la malnutrition soient encore présentes dans le monde! Il ne s’agit pas seulement de répondre aux urgences immédiates, mais d’affronter ensemble, à tous les niveaux, un problème qui interpelle notre conscience personnelle et sociale, pour parvenir à une solution juste et durable. Que personne ne soit contraint d’abandonner sa terre et son milieu culturel par manque de moyens essentiels de subsistance! (...) La faim et la dénutrition ne peuvent jamais être considérées comme un fait normal auquel on s’habitue, comme si cela faisait partie du système. Quelque chose doit changer en nous-mêmes, dans notre mentalité, dans nos sociétés. Que pouvons-nous faire? Je pense qu’un pas important est de renverser avec fermeté les barrières de l’individualisme, de la fermeture sur soi, de l’esclavage du profit à tout prix et cela non seulement dans les dynamiques des relations humaines, mais aussi dans les dynamiques économico-financières mondiales. (...)

Le thème choisi par la FAO pour la célébration de cette année porte sur «Des systèmes alimentaires durables au service de la sécurité alimentaire et de la nutrition». Il me semble y lire une invitation à repenser et rénover nos systèmes alimentaires, dans une perspective solidaire, en dépassant la logique de l’exploitation sauvage de la création et en orientant mieux notre engagement à cultiver et protéger l’environnement et ses ressources pour garantir la sécurité alimentaire et pour nous diriger vers une nutrition suffisante et saine pour tous. Cela entraîne une interrogation sérieuse sur la nécessité de modifier concrètement nos styles de vie, y compris alimentaires, qui, dans de si nombreuses régions de la planète, sont marqués par le consumérisme, le gâchis et le gaspillage de nourriture. Les chiffres fournis à ce sujet par la FAO indiquent qu’environ un tiers de la production alimentaire mondiale est indisponible à cause de pertes et de gaspillages toujours plus vastes. Il suffirait de les éliminer pour réduire de manière drastique le nombre de personnes souffrant de la faim. Nos parents nous apprenaient la valeur de ce que nous recevons et de ce que nous avons, considéré comme un précieux don de Dieu.

Mais le gaspillage de nourriture n’est qu’un fruit parmi d’autres de cette « culture du rebut » qui conduit souvent à sacrifier des hommes et des femmes aux idoles du profit et de la consommation; un triste signal de cette « mondialisation de l’indifférence », qui nous fait lentement nous « habituer » à la souffrance de l’autre, comme si elle était normale.

Le Pape François

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