La confession individuelle remonte à l'origine de l'Église

le vendredi, 01 août 2003. Dans Catéchèses et enseignements

C'est Notre-Seigneur qui a institué le Sacrement de Pénitence

Tout péché mortel doit être obligatoirement accusé

« Nous savons par la théologie qu'il est permis d'absoudre un groupe dans un incendie ou un naufrage – vu que le prêtre n'a pas le temps de confesser tout le groupe un par un – mais dans ce cas, ceux qui ont échappé à la mort, doivent, après coup, faire une confession complète de tous leurs péchés mortels. »

Charles-Eugène Raymond, Rédemptoriste

Dans sa lettre apostolique sur le Sacrement de Pénitence, en forme de « motu proprio », intitulée « Misericordia Dei », publiée le 2 mai 2002, Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II à souligné "avant tout le caractère personnaliste du Sacrement de Pénitence". Comme la faute est personnelle pour en obtenir la guérison "le pardon doit être totalement personnel". Dans le journal Vers Demain d'août-septembre 2002, nous avons publié des extraits de la présentation de ce nouveau document par le cardinal Joseph Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

"Ce caractère fortement personnaliste du Sacrement de la Pénitence, explique le Cardinal Ratzinger, avait été un peu mis dans l'ombre au cours des dernières décennies, en raison d'un recours toujours plus fréquent à l'absolution collective, qui était considérée toujours davantage comme une forme normale du Sacrement de Pénitence – un abus qui a contribué à la disparition progressive de ce sacrement dans certaines parties de l'Église."

Notre Saint-Père le pape Jean-Paul II demande de cesser les absolutions collectives dans les paroisses et que le Sacrement de Pénitence, institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ, soit réintroduit là où il a été délaissé.

Nous publions, ici, un article rédigé dans les années « 1970 » par un Rédemptoriste de Sainte-Anne de Beaupré. Cet article démontre que le Sacrement de Pénitence, la confession individuelle, remonte aux origines de l'Église, du temps des apôtres.

Y.P.

Le Sacrement de Pénitence par le Père C. E. Raymond

Le Sacrement de Pénitence a été institué par Notre-Seigneur Jésus-Christ lorsqu'Il a donné à ses apôtres, et par eux à leurs successeurs, le pouvoir de remettre ou de retenir les péchés et par voie de conséquence la confession est également instituée par Notre-Seigneur puisque le prêtre ne peut pas équitablement remettre ou retenir les péchés, à moins que le pénitent ne les lui fasse connaître.

C'est un article de foi et on ne peut le nier sans se rendre coupable d'un péché mortel d'hérésie. Mais cette confession a-t-elle toujours été faite comme on la fait en notre 20e siècle (21e siècle en 2003) ? A-t-elle toujours été exigée avec la même rigueur, avec les mêmes formules stéréotypées ? Ne pourrait-on pas l'assouplir un peu, par exemple se contenter d'une confession communautaire ou de la confession d'un péché en particulier et des autres en bloc ? Il me semble que cela rendrait la confession moins onéreuse et permettrait à un plus grand nombre de s'approcher du Sacrement de Pénitence.

Réponse — Cette question ne manque pas d'intérêt ; tâchons d'y répondre à la lumière de l'histoire qui nous a conservé un grand nombre de témoignages sur la confession.

Élément divin et élément humain

Avant d'entreprendre notre course à travers les siècles pour leur demander une réponse à notre légitime curiosité, gravez bien ceci dans votre esprit : Dans l'administration de tout sacrement, il y a un élément divin et un élément humain, un rite essentiel établi par Dieu et un rite accidentel ajouté par l'Église. Dans le Baptême, par exemple, le rite essentiel est l'action de verser l'eau naturelle sur la tête de l'enfant en prononçant les paroles : Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. C'est tout ce qui est imposé par Notre-Seigneur ; c'est l'élément divin que l'Église ne peut pas changer. Les prières, les onctions, les signes de Croix que l'on ajoute sont l'élément humain, le rite accidentel qui a pour but de mettre en relief la nature et les effets du Baptême. Cet élément additionnel n'est pas nécessaire à la validité du sacrement et il peut changer au cours des siècles. Il en est de même de la Confirmation et des autres Sacrements. Mais revenons au Sacrement de Pénitence et distinguons bien le double élément divin et humain dont j'ai parlé.

L'élément divin, le rite essentiel du Sacrement de Pénitence qu'on retrouvera toujours dans notre voyage à travers les âges comprend : a) l'aveu détaillé et complet des péchés mortels, b) la contrition (regret des fautes commises et ferme propos de ne plus les commettre), c) la satisfaction ou pénitence et d) l'absolution du prêtre. C'est l'être sacramentel tel que bâti par le Christ lui-même, c'est la structure intime du Sacrement de Pénitence que l'Église ne peut pas changer.

L'élément humain, le rite ou cadre extérieur que l'Église a ajouté comprend les formules ou prières qui précèdent, accompagnent ou suivent la confession elle-même. Voici un modèle de ce rite extérieur que nous avons appris dans notre enfance et qui est encore en usage au moins chez les plus âgés : à genoux, au pied du prêtre. Bénissez-moi, mon père, parce que j'ai péché. Je confesse à Dieu (tout au long ou une partie) et après l'accusation des péchés en détail ; je m'accuse en plus de bien d'autres péchés que je ne connais pas et de ceux de toute ma vie, j'en demande pardon à Dieu et à vous, mon Père, la pénitence et l'absolution. Voilà ce qu'on appelle le cadre extérieur, la partie mobile de la confession qui peut changer et qui change de fait avec les siècles et les pays ou les diocèses.

Cette formule vous la trouvez à peu près identique dans le Catéchisme du diocèse de Québec rédigé en 1702 par Mgr de Saint-Vallier.

Le Concile de Trente

Prenons maintenant notre envolée à travers les siècles pour nous rendre compte de la manière dont le Sacrement de Pénitence était administré jadis. Si vous le permettez, nous allons faire escale au 16e siècle, au temps du Concile de Trente. Après avoir porté plusieurs décrets sur la confession, les Pères du Concile ont ajouté :

"L'Église, au Concile de Latran tenu en 1215, n'a nullement établi le précepte de la confession pour les fidèles, sachant bien qu'elle était déjà nécessaire et instituée par Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais elle a seulement ordonné que tous les fidèles coupables de péché mortel auraient à satisfaire à ce précepte de la confession, au moins une fois l'an. Si quelqu'un dit que la confession de tous ses péchés (mortels) telle que l'observe l'Église est impossible et ne repose que sur une tradition humaine, que les gens de bien doivent s'efforcer d'abolir. Qu'il soit anathème".

Voilà une réfutation péremptoire de ceux qui prétendent que la confession, a été inventée et imposée par le Pape Innocent III au 4e Concile de Latran en 1215.

Le Concile du Latran

Reprenons notre route et arrêtons maintenant au 13e siècle, à l'année 1215, date du 4e Concile du Latran dont on vient de parler. Ce Concile impose la confession annuelle à ceux qui ont gravement péché et se préparent à recevoir la communion pascale obligatoire. À ce concile Innocent III ne fait que déterminer le temps de la confession. Notre-Seigneur a institué la confession, mais il n'a pas dit combien de fois il fallait se confesser pendant la vie ; il a laissé à son Église de fixer la fréquence de la confession. Innocent III prescrit de se confesser au moins une fois l'an et nécessairement avant la communion pascale, s'il y a matière grave à confession.

Poussons maintenant notre course jusqu'au 8e siècle, à l'époque de Charlemagne. L'évêque Théodulphe, d'Orléans, une des lumières de l'épiscopat de son temps, nous décrit le rite ordinaire de la confession :

"Le pénitent s'agenouille d'abord devant Dieu avec le prêtre à qui il doit se confesser. Puis il accuse les fautes commises non seulement les mauvaises actions, mais encore les paroles et les pensées mauvaises qu'il a à se reprocher. Si la mémoire lui manque ou si la honte l'arrête, le prêtre l'interroge avec discrétion. L'examen du pénitent porte principalement sur les sept péchés capitaux. L'accusation terminée, celui-ci doit promettre de renoncer à ses anciens péchés et de les expier. Sur quoi le confesseur lui impose une pénitence proportionnée à ses péchés et l'absout immédiatement."

C'est ainsi que l'on se confessait en France vers l'an 800. Ça ressemble passablement à nos confessions d'aujourd'hui.

Le rite essentiel de notre confession

Saint Isidore de Séville écrit au 7e siècle : "Le Sacrement de Pénitence comporte quatre actes : a) un aveu qui doit être fécond, puisqu'il doit rendre la vie ; b) une douleur (regret des péchés) ; c) une réparation des fautes accusées ; et enfin d) une absolution." On y retrouve aisément le rite essentiel de notre confession.

Saint Grégoire le Grand au 6e siècle dit aux pécheurs : "Pourquoi gardez-vous vos péchés dans le fond de votre conscience ? Tirez-les de l'abîme par la confession et vous serez déliés par le ministère des prêtres". Saint Léon le Grand au 5e siècle écrivait : "Selon la Règle (coutume) apostolique, il suffit de découvrir aux prêtres seuls, par une confession secrète, les péchés dont les consciences sont chargées".

Saint Grégoire au 4e siècle disait : "Découvrez sans crainte au prêtre tout ce que vous avez de plus caché, faites-lui connaître ce que vous avez de plus caché, faites-lui connaître le fond de votre cœur, comme vous montreriez à votre médecin vos plaies cachées." Saint Cyrille de Jérusalem écrit : "Confessez les péchés que vous avez commis soit par paroles, soit par actions, soit au grand jour, soit dans les ténèbres". Saint Ephrem disait : "Vous avez honte de confesser vos péchés, rougissez plutôt de les avoir commis", Saint Basile tient le même langage : "Il faut nécessairement découvrir ses péchés à ceux qui ont le pouvoir des clés". Saint Cyprien écrit au 3e siècle : "Que chacun confesse sa faute pendant qu'il est encore en ce monde, qu'on peut recevoir sa confession et que le pardon du prêtre peut être agréé du Seigneur",

Origène au 3e siècle nous dit : "L'un des moyens d'obtenir le pardon de ses péchés, c'est de les déclarer aux prêtres du Seigneur". La Sainte Écriture nous enseigne qu'il ne faut point cacher le péché qu'on a commis. Tertullien écrit : "Mais à qui faut-il faire la déclaration de ses péchés, si ce n'est aux prêtres puisque c'est à eux qu'a été accordé le pouvoir d'absoudre ?"

Saint Clément de Rome, Saint Pierre

Aux 4e et 3e siècles régnait dans toute l'Église ce sentiment que la confession au prêtre était un devoir qui s'imposait à tout fidèle souillé d'un péché grave. Saint Clément de Rome (1er siècle) dans sa lettre à saint Jacques s'exprime ainsi :

"Que celui qui a soin de son âme ne rougisse point de confesser ses péchés au prêtre afin qu'il en reçoive la guérison par la parole de Dieu et par un conseil salutaire. Saint Pierre, ajoute-t-il, enseignait de découvrir aux prêtres jusqu'aux mauvaises pensées."

Et nous voilà rendus au temps des apôtres. Notre course est finie, revenons à la base, c'est-à-dire à notre 20e siècle. Nous avons constaté que du 1er au 20e siècle, on a toujours exigé la confession individuelle et l'aveu de tous les péchés mortels. Jamais il n'a été question de la confession d'un groupe se terminant par l'absolution sacramentelle comme certains voudraient le faire aujourd'hui. Toujours on a exigé l'aveu de tous les péchés mortels, exhortant les confesseurs à aider les pénitents à dire toutes leurs fautes graves et à ne pas se laisser vaincre par la honte. Nous savons par la théologie qu'il est permis d'absoudre tout un groupe de fidèles dans un incendie ou dans un naufrage — vu que le prêtre n'a pas le temps de confesser tout le groupe un par un — mais dans ce cas, ceux qui ont échappé à la mort, doivent après coup faire une confession complète de tous leurs péchés mortels.

Essayons de rendre le Sacrement de Pénitence moins onéreux mais en restant toujours dans la ligne tracée par Notre-Seigneur. On a beau lui donner le nom de sacrement du pardon, il restera toujours une pénitence pour les faibles humains que nous sommes.

Charles-Eugène Raymond, Rédemptoriste

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