Intervention de Mgr Paglia sur la famille

Marcel Lefebvre le vendredi, 01 août 2014. Dans Mariage - Famille

à l’Assemblée plénière des évêques d’Afrique centrale

assemblée de l’ACERAC 7 juillet 2014

Les participants à l’assemblée de l’ACERAC accueillis par le président de la République du Congo (au centre).

 

ACERACLa 10e assemblée plénière de l’ACERAC (Association des conférences épiscopales de la région de l’Afrique centrale) a eu lieu du 6 au 13 juillet 2014 à Brazzaville, au Congo, sous le thème «La famille en Afrique aujourd’hui», en préparation du synode sur la famille devant se tenir à Rome en octobre 2014. L’ACERAC regroupe les conférences des évêques catholiques des six pays de la région de l’Afrique centrale: Congo, Cameroun, Centrafrique, Gabon, Guinée Équatoriale et Tchad. Plus d’une cinquantaine d’évêques, dont quelques archevêques et un cardinal, plusieurs prêtres experts dans différents domaines, en plus d’un certain nombre de couples, formaient en tout plus d’une centaine de participants de haut niveau.

Un des intervenants le lundi 7 juillet a été Marcel Lefebvre, directeur des Pèlerins de saint Michel de Rougemont, qui avait été invité par l’abbé Mesmin Prosper Massengo, secrétaire général de l’ACERAC. M. Lefebvre a pu s’exprimer pendant une heure devant tous les participants. (Voir son rapport plus loin dans cet article.)

Voici de large extraits de l’intervention de Mgr Vincenzo Paglia, Président du Conseil pontifical pour la Famille et envoyé spécial du Pape François, qui avait pour thème «La famille, ressource de la société et Évangile pour le monde»:

Mgr PagliaMgr Paglia

Pour saint Jean-Paul II, le Pape de la Famille, comme il a lui-même voulu être appelé, « l’avenir du monde et de l’Église passe par la famille, première cellule de la communauté ecclésiale vivante, mais aussi celle de la société. » La famille est aujourd’hui l’une des préoccupations majeures du Pape François, qui selon moi a besoin de notre soutien pour l’aider à transformer la société en portant l’Évangile dans les familles, car l’Afrique qui n’est pas en marge de la globalisation, doit préserver les valeurs de la famille trésor et ressource de la société et de toute l’humanité...

Dans une Afrique ballottée par des courants divers, défendre la famille, telle qu’elle est voulue par Dieu lui-même, n’est pas seulement un acte de cohérence avec leur foi… c’est préserver les fondements mêmes de la société et de tout vrai développement. Or, les menaces qui pèsent sur la famille aujourd’hui en Afrique sont légion: la dissolution des mœurs, les atteintes à l’unicité du mariage; le relâchement des liens entre les membres de la famille; la prolifération des unions de fait, mais aussi la misère, le chômage croissant qui ne permettent pas aux parents d’assumer convenablement leurs responsabilités...

Vers une société «défamiliarisée»

Quelle est la raison profonde de la crise? Elle est de nature culturelle. Jamais, la famille n’a aussi été frappée de façon radicale comme dans ces cinquante dernières années. Le poids croissant dans les sociétés occidentales de la liberté individuelle, valeur dont nous devons tous être naturellement orgueilleux, a eu cependant l’effet de renforcer exagérément l’individualisme au détriment des relations pérennes et des liens stables... À ce propos, les conclusions du chercheur italien Volpi font réfléchir quant à l’issue des données statistiques du mariage en Italie. Alors que «les mariages et la famille suivent des courbes d’un avion en chute libre», ce scientifique souligne que le nombre de familles monoparentales formées d’une seule personne augmente: il est passé de 5,2 millions de familles en 2001 à 7,2 millions en 2011. Cela signifie que la diminution des mariages religieux et civils ne s’est pas transformée en de nouvelles formes de vie commune, qui sont d’ailleurs plus que fragiles, mais dans une augmentation du nombre de personnes qui ont choisi de vivre seules. Cela revient à dire que toute forme de lien durable est ressentie comme une chose insupportable...

En France, on a calculé qu’une personne sur trois a choisi de vivre seule, alors qu’il y a quarante ans la moyenne était d’une sur dix (Patrick FESTY, in Commentaire, 2013, n° 142, 289). D’ailleurs, l’exaltation absolue de l’individu, libéré de tout lien, ne peut que conduire à la pulvérisation de la société, et à l’effritement de toute forme de lien solide et pérenne.

La famille au centre

De là naît l’urgence de redonner à la famille sa dignité culturelle et son rôle central dans la société. Elle doit être remise au cœur du débat, au centre de la vision politique, économique et aussi de la communauté chrétienne. La société globalisée pourra trouver un avenir civilisé seulement dans la mesure où elle sera capable de promouvoir une culture de la famille, repensée comme le lien vital qui unit le bonheur de la sphère privée avec celui de la sphère publique.

En tout état de cause, la famille n’est pas morte, elle reste même, malgré le moment très difficile qu’elle est en train de traverser, la ressource la plus importante dont dispose la société contemporaine. Elle est une ressource parce qu’elle crée des biens de relation qu’aucune autre forme de vie ne peut créer. La famille est unique dans sa capacité à générer les relations. Son génome ne cesse d’exister car il est ce qui humanise le plus la société...

La famille reste donc la ressource la plus précieuse pour la société, le lieu où l’on apprend l’importance décisive du sens du nous pour la construction et le maintien d’une société plus juste et plus solidaire. C’est au sein même de la famille que la société trouve sa continuité dans la venue au monde des enfants, et donc le lien des relations entre les générations. Prétendre que le mariage entre n’importe qui est possible parce qu’il y a de l’amour, veut dire ne rien avoir compris à la différence de l’amour conjugal qui inclut le fait de pouvoir engendrer.

Rapport de M. Marcel Lefebvre

Marcel Lefebvre avec Mgr MilandouMarcel Lefebvre avec Mgr Milandou

«M. Marcel Lefebvre, votre humble Pèlerin, avait été invité par M. l’Abbé Mesmin Prosper , secrétaire général de l’Association des Conférences Épiscopales de la Région de l’Afrique Centrale (ACERAC), à participer à la 10e Assemblée plénière de l’ACERAC qui se tenait à Brazzaville, République du Congo. Mgr Anatole Milandou, archevêque de Brazzaville, nous a accueillis royalement.

«Une douzaine d’évêques des six pays de l’ACERAC qui sont déjà venus assister à une session d’étude à Rougemont, étaient présents. Nous en mentionnons quelques-uns: Mgr Anatole Milandou, Mgr Samuel Kleda, Président de la Conférence épiscopale du Cameroun et nouveau président de l’ACERAC, Mgr Louis Portella, Président de la Conférence épiscopale de Congo-Brazzaville et président sortant de l’ACERAC, Mgr Matthieu Madega, Président de la Conférence épiscopale du Gabon, et Mgr Jean Cardin, évêque du Congo-Brazzaville.

«À cette importante assemblée, pendant près d’une heure, M. Marcel Lefebvre a parlé de Louis Even, fondateur de Vers Demain et des Pèlerins de saint Michel, et de son combat pour la justice sociale. Il a fait voir la cause des nombreux problèmes économiques qui rendent très difficile l’épanouissement d’un grand nombre de familles en Afrique et de par le monde, et qui contribuent à la perte des âmes, comme l’ont mentionné les Papes Benoît XV et Pie XI. Après le discours de M. Lefebvre, Mgr Samuel Kleda, et d’autres par la suite, ont posé des questions pertinentes. À l’heure du repas, la conversation s’est prolongée sur le sujet de la justice sociale.

«Toute la semaine, M. Lefebvre a eu l’opportunité de distribuer abondamment notre documentation. C’était un grand privilège de rencontrer tous ces participants qui ont accueilli ce message de libération et d’espérance des Pèlerins de saint Michel. Mgr Matthieu Madega du Gabon, est déjà venu deux fois à Rougemont et il reviendra de nouveau en août 2014. Il s’est impliqué personnellement pour rendre possible la participation de l’œuvre des Pèlerins de saint Michel à cette Assemblée plénière de l’ACERAC. Nous sommes assurés que ce grand événement aura une retombée bénéfique pour l’avancement de notre combat pour la justice sociale.»

Marcel Lefebvre

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