Un immolé

Louis Even le samedi, 15 août 1942. Dans Réflexions

Le 1er août, veille du congrès du Lac St-Jean, notre si dévoué créditiste, Pierre Bou­chard, d'Arvida, était frappé d'une grande épreuve. Son fils de 20 ans, qui faisait la con­solation du père et de la mère, a été appelé par le bon Dieu pour travailler désormais dans le ciel avec les anges, et les saints qui sont morts.

Nul doute que c'est au ciel en effet qu'il est rendu ce jeune homme. Son père, qui l'aimait tant, disait que s'il l'avait lui-même jugé, il lui aurait bien donné le ciel. Et comme c'est le bon Dieu qui l'a jugé, et que le bon Dieu aimait en­core plus cet enfant que son père de la terre pouvait l'aimer, puisque le bon Dieu est notre Père Eternel et l'amour même, bien sûr que le bon Dieu a donné le ciel à Fernand.

Mais, c'est un chagrin quand même, et un très gros chagrin pour ceux qui restent.

Pourtant, cette épreuve, Pierre Bouchard l'avait demandée à Dieu. Il se souvient d'avoir tellement désiré l'Ordre Nouveau qui devrait venir, et d'avoir fait sa prière devant le Tout-Puissant en Lui offrant le sacrifice que Sa Ma­jesté daignerait choisir Elle-même. Et le bon Dieu a réclamé Fernand, comme d'Abraham, autrefois, il avait réclamé Isaac.

Vous avez compris, Pierre Bouchard, cette épreuve, elle est une réponse du bon Dieu. L'Or­dre Nouveau pour lequel vous travaillez, vous savez maintenant qu'il vous est promis.

Créditistes de toute la province, cela ne vous est-il pas un réconfort de connaître ces choses ?

Un créditiste qui s'immole pour le salut du pays... Voilà bien la grande garantie du suc­cès, la seule, nous le savons nous, catholiques.

Un qui s'immole... Puis, d'autres, et d'au­tres encore. Combien y en a-t-il de ceux-là qu'­on ne connaît même pas !

Un jour, nous rencontrions une charmante et très bonne aïeule d'au-delà de quatre-vingts ans, qui nous disait : "Je ne peux pas faire grand'chose pour le Crédit Social, mais je ré­cite continuellement mon chapelet. Et lorsque j'entends dire que les adversaires vous font du mal, je dis mes Avé plus fort encore.

L'encens des immolations et des prières, uni au travail acharné, en voilà assez pour nous mettre au cœur un espoir indestructible. Nous serons vainqueurs, bien sûr.

Ensemble, les vivants qui luttent, et les morts qui nous inspirent, ensemble, sous la direction de la Reine des Anges et des Saints, nous écra­serons la tête du serpent.

Louis Even

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