Les journaux sont supposés exister pour répandre la lumière : donner des faits et les commenter, orienter les esprits en ce qui concerne la chose publique.
Si le ministre vit de l'autel, le journaliste doit vivre de sa fonction, des services qu'il rend à la communauté.
Or, on nous dit qu'une vingtaine de périodiques de la province de Québec sont menacés de la ruine et entrevoient leur disparition parce qu'ils ne peuvent plus annoncer la bière et les autres boissons alcooliques. Ils vivaient surtout de l'annonce de boissons : cette source de revenus interdite par ordre du gouvernement fédéral, ils ne tiennent plus debout.
Vivaient-ils de leur fonction ? Leur fonction était-elle de faire connaître au public les différentes marques de boissons alcooliques ? Ou bien, le public devait-il la lumière de ses journaux aux argents des distilleries, c'est-à-dire, en définitive, à l'argent que le public dépense dans les tavernes et aux comptoirs de la Commission des Liqueurs ? Est-ce grâce aux buveurs que le public pouvait s'instruire ?
Si l'on coupe aux journaux les recettes de ceux qui exploitent les habitudes alcooliques, on menace les journaux de disparaître.
À quoi assisterait-on si l'on interdisait à certaines institutions du haut enseignement d'accepter les donations de gens qui se sont enrichis et s'enrichissent encore en saignant le public ?