Rien d'inutile

Gilberte Côté-Mercier le lundi, 01 mars 1943. Dans Réflexions

Lorsqu'un chrétien sort d'une retraite fermée, s'il n'a pas pris de résolution, sa retraite est une affaire manquée.

Lorsqu'un homme d'affaires a fini ses calculs d'inventaire, s'il ne prend pas de résolution, l'année qui vient sera un fiasco, même si l'année précédente a été bonne.

Tous ceux qui veulent réaliser quelque chose doivent, après un examen de leur état, prendre des résolutions, s'ils veulent marcher vers la vic­toire.

 * * *

Les créditistes sont des hommes d'action qui veulent réussir. Et pour cela, chaque créditiste devrait, au moins chaque semaine, s'arrêter et examiner son cas en rapport avec l'idéal du Cré­dit Social qu'il poursuit.

Aujourd'hui, 1er mars, le premier jour du troisième mois de l'année, nous nous arrêterons donc pour réfléchir.

Le sixième de l'année 1943 est passé. Quelle est la somme de travail que chacun a faite pour le Crédit Social ?

C'est évidemment chacun seul qui peut ré­pondre.

Il s'agit maintenant de prendre la résolution appropriée pour augmenter cette somme de tra­vail donnée.

Un grand nombre des travailleurs, peuvent répondre : Impossible de faire plus que j'ai fait, j'y ai mis tout mon temps disponible.

Vous y avez mis tout votre temps disponible, mais ce temps disponible justement, ne pour­riez-vous en augmenter l'efficacité, en organi­sant mieux votre affaire, avec plus de calcul et moins de routine ?

Disons que, à partir d'aujourd'hui, nous tous créditistes, nous nous surveillerons sur un point précis, lorsque nous faisons du Crédit Social.

Le point suivant : S'efforcer de n'entretenir aucune pensée inutile, de ne dire aucune parole inutile et de ne faire aucune action inutile.

* * *

Supposons que je suis conférencier. Je re­viens d'une assemblée où j'en ai cloué un avec aplomb. Avant de m'endormir, je rigole tout seul en songeant à mes réparties. Et j'y pense et repense. Comme j'ai eu de l'esprit !... Qu'est-ce que ces pensées-là vont donner au Crédit Social ? Si au lieu de cela, je me demandais ce que j'au­rais pu faire de mieux pour abonner un tel qui a remis à plus tard, ne serait-ce pas plus fruc­tueux ? Pensées inutiles que les miennes à ce moment-là. Je les supprime.

Et cette longue discussion que j'aie eue avec ce politicien ambitieux qui compose avec le dia­ble, qu'est-ce donc qu'elle va rapporter au Cré­dit Social ? Rien du tout. Inutiles, ces paroles. Je les supprimerai à l'avenir.

Et cette démarche pour aller "engueuler" ce rouge feu, sourd et aveugle, afin de soulager ma colère, absolument inutile pour le Crédit Social. Je la supprimerai.

Plus de pensée, ni de paroles, ni d'actions inu­tiles, maintenant. Essayons une seule journée. Et faisons le bilan, le soir, des pensées, paroles et actions supprimées, d'un côté, avec en regard les pensées, paroles et actions inutiles qui nous ont encore échappé, et nous serons ef­frayés du temps que nous perdons, et nous serons très heureux d'avoir trouvé une clef pour doubler nos rendements dans la poursuite de notre si bel idéal.

Et encore une fois, créditistes, cette conquête sur nous-mêmes aura été une conquête sur le monde.

Gilberte Côté-Mercier

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