Il y a quelques semaines, le Dr. Robertson Orr, des États-Unis, présent en Australie, fut le conférencier au souper mensuel du "Social Credit Movement of New South Wales".
Entre autres choses, il apprit à son auditoire australien que :
1. — L'Alberta n'a pas ajouté un seul dollar à sa dette publique provinciale depuis sept ans ;
2. — L'Alberta n'a pas augmenté ses taxes depuis sept ans ;
3. — L'Alberta a aboli la taxe de vente provinciale.
Les membres présents, pourtant des créditistes, furent surpris. L'un d'eux s'écria : "Pourquoi n'avons-nous pas entendu parler de ces choses ?" Le conférencier répondit : "Vous n'en avez pas entendu parler, parce que les gros intérêts ne veulent pas que vous en entendiez parler."
(C'est assez exactement comme pour le mouvement créditiste de la province de Québec : s'il y a quelque nouvelle qui semble de nature à nuire au mouvement, les journaux la proclament ; dans le cas contraire, ils se taisent).
À la même conférence, le docteur Orr assura les Australiens qu'aux États-Unis bien des gens réclament eux aussi une réforme monétaire. Il en a justement causé avec un compatriote, officier de l'armée américaine en fonction en Australie. L'officier lui a déclaré carrément :
"Je veux que vous sachiez bien que je n'ai pas endossé l'uniforme pour protéger les chacals de Wall Street. Je continuerai de me battre tant qu'il y aura des ennemis du peuple, soit à l'étranger, soit à l'intérieur. Et c'est bien la détermination de la plupart de mes camarades officiers, et de nos hommes aussi."
* * * *
Le docteur Orr raconta encore à ses auditeurs qu'il avait eu l'occasion d'assister, à Sydney (Australie), à une conférence groupant une trentaine de personnes, parmi lesquelles trois économistes distingués, trois banquiers distingués, trois éditeurs distingués, etc., etc.
Le but de la conférence était de discuter si, après la guerre, l'Australie devait se rattacher plus étroitement à l'Angleterre ou aux États-Unis. À un moment, l'un des orateurs déclara : "Messieurs, nous ne pouvons rien discuter avant de savoir ce qu'il adviendra de l'or des États-Unis." Et, selon le docteur Orr, ce fut le sentiment général de tous les distingués personnages de la conférence.
Lui-même se permit de suggérer, avec toute la douceur et la témérité réclamées dans la circonstance, que la conférence continue ses délibérations en assumant que l'or de son pays pouvait très bien être dévalorisé ou... jeté à la ferraille.