La Ligue pour la Défense du Canada en est à sa troisième charge auprès du ministre de la Justice, l'Honorable St-Laurent, pour demander la libération de M. Camillien Houde. Si 17 chefs communistes, dont Tim Buck, peuvent circuler librement dans le pays, sûrement la détention de M. Camillien Houde n'a pas une once de justification, et toutes les subtilités d'avocats ou de politiciens n'empêcheront pas le bon sens populaire de dire que noir est noir, que blanc est blanc, et qu'on se sert de deux poids et deux mesures dans la considération des cas d'internement.
Nous extrayons pour nos lecteurs les passages suivants de la dernière lettre de M. André Laurendeau, secrétaire de la Ligue, au ministre de la Justice, telle que reproduite dans Le Devoir du 3 novembre :
"Vous avez, dites-vous, l'intention de ne pas engager de polémique au sujet de la détention, illégale et inconstitutionnelle, de M. Houde...
"Non seulement vous refusez de reconnaître l'évidence, mais vous n'enregistrez même pas les révélations que nous avons faites. Vous recourez donc à la "raison du plus fort" : n'est-ce pas contre cette "raison", qui substitue la force au droit, que les Nations-Unies affirment avoir pris les armes ?...
"De tous les internés, M. Houde est le seul qui ait violé une loi particulière ayant une sanction propre : la loi de l'enregistrement national qui prescrit une sanction de trois mois d'emprisonnement et d'une amende ne dépassant pas $200. On sait que M. Houde est dans son 27ième mois d'internement.
"De tous les internés depuis le début de la guerre, il ne reste actuellement en détention que les gueux et les internés politiques. Les gens riches ont été libérés...
"Évidemment, si vous êtes d'avis que la défense du Canada exige l'internement de tous ceux qui se sont opposés, s'opposent ou s'opposeront à la conscription et aux moyens qui y conduisent infailliblement, telle la loi de l'enregistrement national de 1940, alors la détention de M. Houde est motivée. Et vous avez bien tort, dans ce cas, de n'avoir pas encore interné le million de Canadiens et Canadiennes qui se sont opposés à la conscription lors du plébiscite du 27 avril dernier...
"Il se trouve que le premier magistrat de la métropole canadienne a été arrêté comme le plus vulgaire des bandits, dans la rue, au début de la nuit, parce qu'il s'était opposé à la loi de l'enregistrement national, qui, disait-il, mènerait sûrement à la conscription ; que, sans lui permettre de communiquer avec qui que ce soit, on l'a emmené à plusieurs centaines de milles de chez lui ; que l'on n'a pas tenu compte de ses protestations ; que l'on a refusé aux avocats qui voulaient communiquer avec lui de le faire ; que l'on s'obstine aujourd'hui, après 27 mois de détention illégale, à ne pas vouloir reconsidérer le cas ; que cette question prend de plus en plus tous les caractères d'une manœuvre politique contre un homme qui mettrait en danger la sécurité, non pas de l'État, mais d'un parti qui s'était faussement, malhonnêtement, identifié, pendant 25 ans, avec la cause anti-conscriptionniste ; que cette opposition à la libération prend un sens bien spécial, puisqu'elle coïncide avec une extrême générosité envers 17 chefs communistes qui, pendant deux ans, ont défié la loi et la police."
Voilà de fières remarques qu'il faut enregistrer pour l'histoire. Aujourd'hui aura un demain.
M. Pitre Simard, de Ste-Anne de Beaupré, remplit une formule du Service Sélectif.
Question. — Qu'est-ce que vous êtes capable de faire pour le service de votre pays ?
Réponse. — L'administrer sans l'endetter.