Qu'est-ce qu'un pays bilingue ?

le mardi, 01 décembre 1942. Dans Réflexions

Vous croyiez qu'un pays bilingue est un pays dans lequel, deux langues étant déclarées officielles, vous avez le droit de vous faire servir dans celle de votre choix  ? Erreur, erreur, messieurs. Vous vous trompez du tout au tout, et toutes vos réclamations pour du français dans les services publics dénotent simplement votre ignorance !

Qu'est-ce, en effet, qu'un pays bilingue ? C'est un pays dans lequel, les deux langues étant déclarées officielles, vous devez accepter celle qu'on vous sert, parce que vous êtes tenu de connaître les deux.

Vous êtes à Québec. On vous présente une formule anglaise, on vous sert une notification en anglais  ; inclinez-vous, vous n'avez pas le droit d'exiger du français, parce que, citoyen d'un pays bilingue, vous devez connaître l'anglais.

Voilà une définition fantasque, direz-vous. Allez donc signifier à un citoyen de Toronto : "Monsieur, remplissez cette formule, rédigée en français ; vous n'avez pas le droit d'en exiger une en anglais, parce que, citoyen d'un Canada bilingue, vous êtes tenu de connaître le français comme l'anglais." Nous voudrions voir la face du bloke !

Vous et moi, pensions que les fonctionnaires, payés par nous, devaient nous servir dans la langue de notre choix. Pas du tout, nous n'avons qu'à payer et accepter ce que le fonctionnaire nous sert dans la langue de son choix.

C'est nous, les payeurs, qui devons être bilingues ; eux, les payés, peuvent rester unilingues, surtout les mieux payés, parce que c'est parmi eux qu'on trouve le plus d'ignorants du français.

Le pittoresque de cette nouvelle définition du bilinguisme, c'est qu'elle ne nous vient pas de Toronto ou de Vancouver. Non, c'est à Québec même qu'elle nous est enseignée, et par un Canadien français investi de la mission de protéger ses compatriotes contre toute définition subversive. S'il n'en est pas l'auteur, c'est au moins lui qui aura eu l'honneur de nous éclairer sur cet aspect inédit du bilinguisme.

Le nom de cet illustre professeur ? M. Victor Dubé, de la gendarmerie royale, maintenant passablement connu des créditistes de la ville de Québec.

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