Le plus redoutable

Gilberte Côté-Mercier le jeudi, 01 octobre 1942. Dans Réflexions

Le Crédit Social a des adversaires de toutes sortes. Certains le sont ouvertement, d'autres sournoisement. Les premiers discutent par des sophismes ou se contentent d'affirmer du haut de leur prestige. Ceux-là, quels qu'ils soient et d'où qu'ils viennent, les créditistes savent toujours les reconnaître... et les démasquer. Même, on reproche aux créditistes d'être bilieux et de se fâcher trop fort contre ceux qui les dénigrent. Pour être juste, demandons-nous si les dénigreurs auraient eu autant de patience que les créditistes... et nous pardonnerons plus facilement les saintes colères des créditistes que les vertus hypocrites des démolisseurs.

Mais, il y a les adversaires sournois. Ceux que les créditistes ne voient pas toujours, et qui, à cause de cela, sont les pires adversaires. Ce sont ceux qui, à l'intérieur même du mouvement créditiste, sèment le découragement et la paresse.

Discours de découragés : "Nous n'arriverons jamais" ! — "Si nous n'avons pas tout de suite la deuxième étape, tout est perdu" ! — "Les Voltigeurs se découragent". — "Il y a moins de travailleurs qu'avant" ! — "Les marchands nous quittent, tout va tomber" !

Discours de fatigués (ou de paresseux) : "J'en ai assez fait pour la cause, c'est au tour des autres". — "Je n'ai pas le temps". — "Je suis fatigué" ! — "Le dimanche, il faut que je sorte avec ma famille". — "C'est gênant de passer du crédit" ! — "Le marchand créditiste est trop loin".

Les découragés et les fatigués se rendent-ils compte qu'ils sont les grands responsables si le Crédit Social n'arrive pas plus vite, et qu'ils pourraient bien être plus responsables encore si nous arrivions trop tard, après les financiers ?

Qu'on songe un moment à la vitesse avec laquelle l'argent créditiste circulerait, les produits Nouvelle-France se rendraient aux consommateurs, si seulement les créditistes, mais tous les créditistes faisaient tous leurs efforts.

Quarante mille familles recevant le journal VERS DEMAIN ! C'est-à-dire deux cent mille personnes ! C'est tout un pays ! Est-ce que ça ne suffirait pas pour équilibrer la petite poignée de trustards et de politiciens ?

Certes, il y a des difficultés, mais est-ce une raison pour tout laisser tomber ? Tous ceux qui ont réussi en quoi que ce soit ont rencontré des difficultés : S'ils ont réussi, ce n'est pas à cause qu'ils marchaient dans un chemin facile, mais parce qu'ils tenaient malgré tout. Tenir malgré tout ! Voilà le grand secret. Se coucher le soir, fatigué, oui, mais se lever tous les matins avec un nouveau courage et un nouvel espoir. Cela, ça se cultive dans l'âme. "L'espérance est la vertu que Dieu aime le mieux", dit Charles Péguy. L'espérance, c'est une vertu tellement humaine. Sans elle, qui donc trouverait la force de vivre ? C'est humain parce que ça donne la force de vivre. C'est humain aussi parce que ça donne la force de réussir.

Lorsque les premiers chrétiens entreprirent de convertir le monde païen, qu'ils avaient contre eux les empereurs et les prêtres des idoles, les puissants et les riches, qu'ils avaient pour eux les chaînes et le martyre, la tâche était difficile, mais pas impossible, puisqu'ils ont réussi. Ils portaient en eux la grâce divine. Pas plus que tous les baptisés du christianisme, qui travaillent pour la gloire de Dieu.

Nous sommes des baptisés et nous travaillons pour la gloire de Dieu. Il y en a qui peuvent ne pas avoir de la gloire de Dieu la même conception que nous, mais ça ne change ni Dieu ni nous. L'histoire est pleine de ces divergences de vue, même entre les saints. Saint Pierre et saint Paul ne s'entendaient pas toujours sur les méthodes.

Les créditistes travaillent pour la gloire de Dieu. Nous pouvons l'affirmer bien haut. Ceux qui, parmi nous, n'ont pas cette intention pure, que Dieu veuille les convertir. Et si tous nous faisons fausse route, que le même Dieu veuille bien nous en détourner.

Avec cet idéal au cœur, comment donc les créditistes peuvent-ils se décourager ? Comment donc peut-il y en avoir qui se lassent de travailler ?

Allons donc, en avant, créditistes ! Du cœur et de la joie ! En avant vers la victoire, qui n'est donnée qu'aux grands enthousiastes et aux grands tenaces !

Gilberte Côté-Mercier

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