Le fermier et les bureaucrates

le vendredi, 01 mars 1946. Dans Réflexions

L'histoire suivante est racontée dans le Social Crediter de Liverpool, Angleterre, édition du 26 janvier 1946. Nous la reproduisons avec beaucoup de plaisir, parce qu'elle suggère la manière efficace de traiter les inspecteurs et autre peste de la bu­reaucratie gouvernementale, fruit pourri de la guerre et du planisme à la mode.

Un fermier-laitier avait comme principal client le Collège de sa paroisse. C'était devenu son habitude, une fois sa ronde finie, d'offrir au Collège la plus gran­de partie de son surplus de lait.

Or, un jour, il reçoit une lettre du Bureau de l'A­limentation, menaçant de le poursuivre s'il fournit plus que la simple ration à chaque client.

Le fermier se présente au Bureau d'e l'Alimentation, avec cette lettre en main, et demande ce qu'il va faire de son surplus de lait. On lui répond que cela ne les regarde ni ne les intéresse.

Le fermier insiste. Après quelques arguments, il voit le directeur même du Bureau local de l'Alimen­tation.

Le Directeur répète, comme son personnel, que le Bureau n'est ni intéressé ni concerné dans la disposi­don de son surplus de lait. On va jusqu'à suggérer ironiquement au fermier de ne pas tant traire ses va­ches, de façon à diminuer son approvisionnement de lait. Après une chaude et longue discussion, on lui dit de s'en aller.

Le fermier déclare alors ce qu'il se propose de faire. Il ne livrera que la stricte ration à chaque client, puis il apportera le surplus et le déposera devant la porte du Bureau de l'Alimentation. Puisque c'est du Mi­nistère de l'Alimentation qu'émane l'interdiction de livrer au consommateur plus que la ration décrétée, dit-il au fonctionnaire, c'est au Bureau de l'Alimen­tation qu'incombe la responsabilité de donner des instructions pour la disposition du surplus.

Le fermier remarque, narquoisement, que, si les fonctionnaires du Bureau boivent eux-mêmes le sur­plus de lait déposé à leur porte, quelqu'un les pour­suivra probablement. Mais, ajoute-t-il, si on laisse le lait se corrompre sur le terrain du Bureau, c'est lui, fermier, qui poursuivra le Bureau pour avoir permis la destruction d'une nourriture propre à l'alimenta­tion. Quant à lui-même, il ne consentira pour rien à laisser du lait se gâter.

Consternation générale dans le Bureau. On prie le fermier de ne point agir ainsi.

Le fermier rappelle avec force au fonctionnaire en chef qu'il est responsable de fournir les instructions appropriées. Il ajoute fermement qu'il donne au Bu­reau une heure pour délibérer. Dans soixante minu­tes, le personnel, trouvera le lait sur le seuil de l'éta­blissement, à la vue de tout le monde. Là-dessus, le fermier s'éloigne.

Au bout d'une demi-heure, le Bureau de l'Alimen­tation lui téléphone que son cas a été pris en considé­ration et qu'il peut continuer à fournir son surplus de lait au Collège. Le fermier remercie le fonctionnaire d'être revenu sur sa décision, mais lui demande une lettre signée contenant les nouvelles instructions, puis­que les premières instructions contraires lui ont été fournies par écrit. On lui répond qu'on va étudier cet­te demande. Le fermier réplique qu'il ne leur reste plus qu'une demi-heure pour vider la question. Si, dans trente minutes, un messager ne lui a pas apporté les nouvelles instructions écrites, le lait sera sur le seuil de leur porte.

Avant l'expiration de la demi-heure, des fonction­naires se présentent chez le fermier, lui expliquent qu'il leur est impossible de donner aucune déclaration écrite contraire aux instructions du ministère. Ils con­sentent toutefois à retirer et détruire leur première let­tre et permettent au laitier, verbalement, mais devant témoins, de disposer de son surplus de lait comme auparavant.

Le fermier se contente de cette attitude. Et c'est ainsi que le Collège et quelques autres clients du fer­mier continuent de bénéficier d'un surplus de lait qui, autrement, serait détruit.

Randolph Churchill, fils de l'Hon. Winston Chur­chill, écrit, dans To-day in Europe, que la conscrip­tion est fille de la Révolution française. Fille folle d'une mère folle.

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