La conscription du logement

Gilberte Côté-Mercier le jeudi, 01 février 1945. Dans Conscription

Staline dans votre maison

Femmes, gardiennes du foyer, c'est le temps ou jamais de vous lever pour défendre ce qui vous reste de famille.

On a sorti de votre maison vos grands garçons à coups de police militaire.

On a sorti de votre maison vos grandes filles à coups de dettes à payer.

On a sorti de votre maison votre mari à coups de service sélectif.

On a sorti de votre maison vos petits enfants à coups d'école obligatoire.

On vous sort vous-même de la maison à coups d'embauchage intégral.

Mais ce n'est pas tout.

La Gestapo de Mackenzie King va maintenant inspecter tous les coins de votre maison, va me­surer la grandeur de vos chambres et de vos lits, va vous intimer de recevoir un, ou deux, ou trois chambreurs de plus, contre votre gré, va vous forcer à déménager pour aller rester n'importe où dans le Canada.

Enfin, ce qu'on appelle le Régisseur du loge­ment va contrôler votre foyer, votre famille. Il aura tous les droits de briser votre foyer, en en envoyant les membres ailleurs. Il aura tous les droits de briser votre foyer en vous forçant à y loger des indésirables choisis par le gouvernement lui-même — ils peuvent être juifs, ou anglais, ou païens, ou débauchés, ou contaminés, ou voleurs, ou espions, ça ne vous regarde pas.

Voilà où nous en sommes maintenant au Cana­da, dans le pays qui se bat contre la dictature d'Hitler, mais qui s'est allié à la dictature de Sta­line.

Il fallait s'y attendre !

Ottawa, Hull, Montréal

La ville d'Ottawa, la semaine dernière, a reçu son Régisseur du logement.

Le maire de la ville de Hull vient de demander à Ottawa un Régisseur du logement.

Les conseillers de la ville de Montréal voteront mardi, 23 janvier, pour savoir s'ils vont accepter ou non un Régisseur du logement.

Qui lutte contre cela ?

La Ligue des Propriétaires de la ville de Mont­réal fut la première à donner l'alarme contre cette mesure de dictature.

L'Union Créditiste des Électeurs met toute son organisation de Montréal sur pied pour sauver la liberté des personnes humaines et des familles.

Corruption des esprits

Avant que la chose soit rendue publique, tous les conseillers de Montréal avaient été approchés par des puissances occultes qui avaient présenté la chose comme ceci : Messieurs de la ville de Montréal, Ottawa vous veut un Régisseur du lo­gement. Si votre Conseil accepte de bon gré le principe du Régisseur, votre Conseil choisira lui-même son Régisseur et le Régisseur fera ce que le Conseil désire. Mais si le Conseil n'accepte pas de bon gré, le gouvernement fédéral imposera un Régisseur choisi par Ottawa. Vous serez plus mal.

Autrement dit : Messieurs qui représentez un million et demi de population sur onze millions dans le Canada, vous avez à choisir entre faire égorger la population ou la faire pendre. Si vous n'acceptez pas de bon gré de la faire égorger, elle sera pendue.

Et les conseillers, pour la plupart bons politi­ciens habitués à choisir entre deux partis politi­ques poisons tous les deux, se sont crus obligés d'accepter le couteau pour éviter la corde.

Quelle aberration et quelle capitulation !

Mais ce n'est ni le couteau ni la corde que nous voulons, c'est la vie !

— "Mais, il n'y a pas moyen de réclamer la vie, crie-t-on, puisque c'est la guerre !"

— Eh bien, si c'est pour avoir la dictature qu'on se bat contre la dictature, cessons la guerre tout de suite. Elle ne vaut rien que des larmes, des morts et de la haine.

Nous voulons la liberté. Nous en avons assez de toutes les mesures des Gordon.

Principes foulés aux pieds

L'État n'a pas le droit de conscrire la personne humaine, parce que la personne est supérieure à l'État. La personne est faite pour Dieu, pour l'immortalité. Et l'État n'est fait que pour la terre, qui passera.

L'État n'a pas le droit de conscrire les famil­les, parce que la famille commence dans un sacre­ment institué par le Christ. Son rôle est supérieur à celui de l'État.

L'État est fait pour aider les personnes et les familles. Et si l'État tue les personnes et les fa­milles, l'État est un usurpateur.

— Mais, dit-on, le Régisseur ne touchera pas aux familles.

— Le Régisseur touchera aux maisons, gîtes des familles. Le Régisseur troublera l'intimité sacrée des foyers. Il réglera lui-même les conditions de vie de la famille. Il n'en a pas le droit.

Aucun gouvernement, ni municipal, ni provin­cial, ni fédéral, n'a le droit de nous imposer un Régisseur du logement, car il y a autre chose que les droits de l'État, il y a les droits des personnes, basés sur la nature des personnes.

— Mais il manque des logements, il faut bien loger le monde !

— S'il manque des logements, on n'a qu'à en construire. Ce n'est pas une solution, de tasser plus qu'ils le sont les habitants des maisons ac­tuelles. Parce qu'il manque des logements, ce n'est pas une raison pour faire des étables, des greniers avec tout ce qu'on a d'habitable main­tenant.

Le gouvernement commence par exiger des permis pour construire. Puis, il refuse les permis. Puis il crie au manque de logements !

Tout cela semble bien faire partie d'un plan d'ensemble pour enrégimenter le monde. La Pro­vidence de Satan est très intelligente. Et les agents de Satan, les francs-maçons, ne pourraient faire mieux pour démolir les familles chrétiennes.

— Mais il y a des prêtres qui ont demandé le Régisseur !

— Quels que soient ceux qui la demandent, la chose n'est pas changée. Les principes sont indé­pendants des prêtres. Ils existent de toute éter­nité. La personne humaine est libre, c'est Dieu qui l'a faite ainsi. La famille est antérieure à l'État, et l'État qui la démolit est un usurpateur.

Nous regrettons que certains prêtres ignorent parfois les principes. D'ailleurs, allez donc deman­der à ces prêtres, qui veulent un régisseur du lo­gement à Montréal, s'it seraient prêts à voir les agents du Régisseur faire enquête dans leurs presbytères et imposer des chambreurs jusqu'à pleine capacité de toutes les pièces !

Mais ils savent trop bien que ça ne les concer­nera pas.

La conscription des autres

C'est comme cela sur toute la ligne. Tous ceux qui sont pour une mesure de contrôle sont sûrs d'être eux-mêmes exemptés de ce contrôle.

Quand donc les lois lieront-elles d'abord ceux qui les votent ? C'est alors que nous aurons des administrateurs sages !

Tous nos députés qui ont voté la guerre de 1939, auraient peut-être été plus prudents si la condition première de déclaration de guerre avait été qu'ils s'enrôlent les premiers.

Ceux qui réclament de telles mesures sont des fous ou des vendus. Demandez-leur donc combien ils ont été payés pour cela.

Ceux qui se soumettent à de telles mesures sont des victimes ou des lâches.

Ceux qui combattent de telles mesures sont des héros.

Il y eut les martyrs de la religion. Il faut peut-être qu'il y ait les martyrs de la liberté de la per­sonne humaine, pour compenser pour toutes les victimes de la piastre.

*    *

Allons, femmes de Nouvelle-France, dormirez-vous toujours ? Levez-vous donc, c'est le temps de montrer que vous êtes les gardiennes du foyer.

Et vous, les hommes, vous les protecteurs de la famille, que faites-vous donc ? Halte-là ! Debout ! Battez-vous contre l'esclavage de votre famille. Si la mesure est votée par votre Conseil de ville, organisez-vous en délégations pour aller voir vos conseillers et protester ; écrivez-leur, té­léphonez-leur. Ne dites pas qu'il est trop tard. Tant qu'il vous reste de la vie, il est encore temps.

Si la mesure n'est pas encore discutée en public dans votre ville, comme dans la ville de Québec par exemple, informez-vous tout de suite pour savoir si les négociations ne sont pas déjà com­mencées en cachette, comme d'habitude. Puis, téléphonez à votre échevin pour le mettre en garde.

Levons-nous tous et toutes ! Hâtons-nous !

Il vaut mieux se battre maintenant avec la langue et la plume, que d'attendre d'être obligés de recevoir les inspecteurs du Régisseur à nos portes avec un tisonnier et une matraque.

Gilberte Côté-Mercier

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