M. Van Deventer, président et éditeur de l'Iron Age de New-York, parlait récemment à l'Association des annonceurs techniques de Montréal.
M. Deventer n'aime pas la troisième des quatre libertés mentionnées dans la Charte de l'Atlantique : "l'affranchissement du besoin". Il l'a qualifiée de ridicule.
Si l'économie mondiale est dirigée vers la suppression du besoin, dit-il, l'industrie est vouée à une perte inévitable et les nations seront précipitées de nouveau dans le chaos.
La théorie de M. Deventer consiste à créer chez le public un besoin grandissant de produits nouveaux, dont la production sans cesse croissante fournira de l'emploi.
Donc, exciter continuellement les hommes à vouloir quelque chose de plus, ne pas leur permettre d'être satisfaits de ce qu'ils ont.
C'est du matérialisme, dira-t-on. Certainement. Mais c'est la logique du système actuel, qui oblige à produire pour avoir le droit de vivre. Si l'on a tout ce qu'il faut, créer de nouveaux besoins, pour que l'homme puisse continuer d'être attelé. Sans cela, pour respecter le règlement, pas d'autre chose à faire que d'entrer en guerre et détruire en grand, pour avoir de quoi occuper de nouveau les hommes à réparer les ruines.
Cela parait fou. Et c'est fou. Mais tous ceux qui placent l'idéal dans l'embauchage intégral sont du même acabit.