Avant la guerre, en France, comme dans tous les pays du monde, il y avait une armée de fonctionnaires, de journalistes et de commerçants, qui travaillaient, dans l'unique but de gagner de l'argent. D'idéal, point. Il faut vivre. Pour vivre, il faut de l'argent, semblaient dire ces gens-là.
Or, les Allemands, sont entrés en France. Trois jours après ils avaient déjà à leur service presque tous les dits fonctionnaires, journalistes et commerçants. D'Allemand, il n'y en a besoin que d'un seul par maison industrielle ou autre. Tout le reste du personnel est le même qu'avant la guerre. Les employés reçoivent le même salaire. Rien de changé, sauf les maîtres du pays et la destination des taxes.
Et après tout, que peut bien faire à monsieur X, dont la vie n'a d'autre but que l'argent, que cet argent béni lui vienne d'un gouvernement français ou d'un gouvernement allemand ?
Voilà où mène l'amour de l'argent. C'est la ruine d'un homme, puisqu'il perd son âme. Et c'est la ruine d'un pays.
Nous ne discutons pas si monsieur X a des excuses pour mettre ainsi l'argent au-dessus de la pensée. N ous ne mesurons pas la responsabilité d'un pauvre esclave qui se voit tout enlever par des financiers cupides, à qui il ne reste plus qu'à trahir pour mourir de faim. Seulement, nous constatons que lorsque l'argent est devenu l'objectif suprême, on ne trouve plus de patriotes, et tous les citoyens peuvent devenir des traîtres à la première occasion.
En France, c'était comme cela. En France...
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Ici, au Canada, si on en juge par ceux qui nous entourent, on se demande si ce ne serait pas comme cela aussi.
Voyez-vous Hitler arriver en maître, dans la province de Québec même où l'on pourrait espérer trouver encore un peu de principes, puisqu'on y trouve des catholiques ? Y voyez-vous entrer Hitler avec ses soldats et ses techniciens ?
Croyez-vous que les bons valets de nos parlements et de leurs succursales, croyez-vous que nos honnêtes gérants de banque, nos professeurs libres comme leur pensée ( !), enfin tous ceux qui proclament à grands cris leur dévouement au pays, croyez-vous que ces grands saints du monde moderne lutteraient longtemps pour ne pas succomber aux offres dorées des Allemands ?
Non seulement, ils n'hésiteraient pas un seul instant à sacrifier l'idéal pour sauver leur poche et leur peau, mais, avec une candeur attendrissante, ils érigeraient leur lâcheté en principes, ou répondraient avec hauteur "que ce n'est pas à eux qu'on fera croire qu'il y a sur la terre du monde qui ne travaille pas pour l'argent".
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Mon Dieu ! Où donc allons-nous ? Ce n'est pas étonnant que pour purifier ce monde pourri, il faille des guerres comme celle que nous vivons...