Il ne s'agit pas d'une grève canadienne, mais de la grève formidable, même si elle fut courte, des 500,000 houilleurs des États-Unis.
En marge de cette grève, Gorham Munson, de New-York fait des remarques très justes dans Men First No. 136 et 137.
Le meneur des mineurs, John Lewis, tint tête au gouvernement par deux fois dans le même mois. Que demandait Lewis? Une augmentation de salaire de $2.00 par jour pour les mineurs.
Comme on le voit, c'était encore une question d'argent.
La question de l'argent est la plus radicale de toutes les questions économiques. Et c'est curieux de remarquer que les plus radicaux des chefs ouvriers refusent obstinément de s'en occuper.
Comment cela se fait-il? Pourquoi des groupes en conflit, toujours sur une question d'insuffisance d'argent, continuent-ils leur lutte entre eux, au lieu de se demander une bonne fois pourquoi il n'y a pas d'argent pour TOUS lorsqu'il y a de la production pour tous?
L'explication se trouve dans les points suivants, formulés par Arthur Brenton, qui fut lié aux revendications ouvrières en Angleterre avant de connaître le Crédit Social:
1. Ce sont les banquiers qui augmentent ou diminuent le volume de l'argent.
2. Les banquiers se servent de leur pouvoir de contrôle pour maintenir une rareté d'argent.
3. Les banquiers emploient ce pouvoir par des méthodes qui voilent le fait qu'ils l'emploient.
4. À cause du voile jeté sur les méthodes des banquiers, les gens s'accusent les uns les autres de causer la pénurie d'argent. Ils se divisent entre eux. Chacun ou chaque groupé pense qu'il manque d'argent parce qu'un autre en a plus que sa part.
5. Le peuple est mis et maintenu sous l'impression qu'il existe un montant total d'argent fixe et limité, et que la cause de tous les maux réside dans un mauvais partage de ce montant entre les classes ou entre les individus. Si le montant total était mieux partagé, se disent-ils, il y en aurait assez pour tous.
6 C'est ainsi que les banquiers continuent leur contrôle sans être molesté, pendant que les groupes se déchirent entre eux sans rien régler.
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C'est pourquoi, ajoute M. Munson, John Lewis, ignorant de la cause fondamentale, n'offre rien de constructif au sujet des prix, du coût de la vie, des taxes ou de la finance nationale. Pas plus d'ailleurs que les propriétaires des mines. Pas plus que l'office du gouvernement.
Cependant, un commentateur influent, Walter Lippmann, commence à orienter ses observations dans la bonne direction lorsqu'il écrit dans le New York Herald Tribune:
"Le fait est que l'administration, le Congrès et le public en général n'ont pas de programme pour la stabilisation des prix... Toute notre campagne est basée sur une idée fausse: nous tenons pour acquis que les prix de détail à charger au public et les prix que doivent recevoir les fabricants sont liés ensemble. Il faudra faire une cloison entre les deux. Nous devrons garantir aux producteurs un prix assez fort pour assurer la continuation de la production en quantité suffisante; et d'autre part, il faudra çharger au public un prix assez bas pour maintenir un niveau de vie suffisant."
C'est ce qu'ont toujours proclamé les techniciens du Crédit Social.
1. Abaissement du prix de vente au détail, pour rencontrer le pouvoir d'achat;
2. Compensation aux marchands et, par eux, aux producteurs pour assurer à ceux-ci la récupération du coût financier.
Mais Lippmann ne va pas jusqu'au bout. Il préconise un abaissement du prix, compensé par des octrois du gouvernement, ces octrois étant financés par des taxes qui abaissent encore le pouvoir d'achat, ou par des emprunts qui augmentent la dette publique et signifient de futurs abaissements du pouvoir d'achat.
Impossible de résoudre le dilemne sans liquider le système d'argent-dette. Le Crédit Social seul tient la solution.