En échec devant le signe

le lundi, 15 avril 1946. Dans L'économique

À un électeur qui lui demandait de presser le gouvernement provincial d'inaugurer un hansard québecois (Rapport des débats de la Chambre législative), l'Hon. Roméo Lorrain, ministre des Tra­vaux Publics, répond que c'est remis à plus tard, parce que le gouvernement a déjà trop de dépen­ses à envisager.

"On nous demande, des milliers de dollars pour des fins d'éducation, d'hospitalisation, d'hy­giène, etc ; on nous demande encore des milliers de dollars pour l'agriculture, l'établissement de lois sociales, etc. Ajoutons que nous avons devant nous une requête des employés civils ayant trait au re­lèvement des salaires : ceci comporterait une dé­pense additionnelle annuelle d'environ trois mil­lions de dollars..."

Comme on voit, le ministre est arrêté par le manque de signes (piastres).

La question à poser serait : Y a-t-il moyen de trouver des sténographes pour prendre note des discours et un imprimeur pour les imprimer en un fascicule, jour par jour ? Et y a-t-il dans la provin­ce suffisamment de choses, en fait de nourriture, habits, etc., pour répondre au salaire des sténogra­phes et au prix versé à l'imprimeur ?

S'il y a ces personnes et ces choses, pourquoi n'y a-t-il pas de piastres en rapport ? Et s'il n'y a pas de piastres, pourquoi ignorer la présence d'hommes, de choses et de besoins en attendant la bonne volonté des faiseurs de piastres ?

Le ministre semble vouloir excuser cette capitu­lation de son gouvernement, en ajoutant :

"Pour ce qui est des réformes financières, il s'agit évidemment d'un problème dont la solution relève du gouvernement fédéral."

Soit. Mais combien de fois le gouvernement de la province de Québec, qui n'est pas toujours si muet, a-t-il officiellement demandé au gouverne­ment fédéral de solutionner ce problème ? Si ce n'est pas l'affaire de Québec d'opérer les réformes financières qui s'imposent, c'est toujours bien son affaire d'insister pour qu'elles soient faites par qui de droit, puisque Québec même souffre de ces obs­tacles financiers.

D'ailleurs, n'y a-t-il pas, en Alberta, un système établi et partiellement utilisé par la population de la province, pour atténuer graduellement l'absen­ce de piastres conventionnelles et permettre des développements internes sans passer au guichet des endetteurs ?

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