Hilaire Belloc, que des revues anglaises proclament "peut-être le plus grand historien actuellement vivant en Angleterre", remarque que certains historiens libéraux (whig), dont les manuels inondent les écoles du pays, depuis l'élémentaire jusqu'à l'université, ont une curieuse manière de présenter les faits.
Ainsi, il y a quelques semaines, dit-il, le professeur Gooch déclarait la révolution de 1689 la plus glorieuse page de l'histoire anglaise. Et il fut longuement applaudi.
Mais que fut en réalité 1689? Une révolution qui aboutit au triomphe du pouvoir d'argent. La Banque d'Angleterre obtint ses privilèges en 1694, après une demi-douzaine d'années de démarches. Ces privilèges transféraient à une Banque privée la prérogative royale de l'émission de l'argent.
Et comment fut préparée la révolution de 1689? Par une agitation de quinze années contre un prétendu complot papiste, complot absolument inexistant.
Ce complot papiste fut imaginé après l'année 1672, lorsque Charles II cessa le remboursement du capital de la dette anglaise envers les banquiers, afin de consacrer l'argent à l'équipement de la flotte. Ou, si l'on veut, lorsque le roi se permit de placer l'intérêt du royaume menacé au-dessus de l'intérêt des prêteurs d'argent.
L'origine même du complot imaginaire est obscure; mais ce qu'on sait, c'est que Shaftesbury, l'homme-lige (yes-man) des banquiers, fit tout en son pouvoir pour l'entretenir au moyen d'une agitation payée.
C'est à la faveur de pareilles agitations, de l'énervement généralisé, de la concentration des esprits sur des sujets montés exprès pour l'occasion, que les véritables comploteurs, les exploiteurs de l'humanité, plantent leurs batteries sur un terrain stratégique dont ils ont eu soin de détourner l'attention.
Le Social Crediter, qui reproduit ces faits, ajoute : "Toute cette période de notre histoire mérite l'étude la plus attentive de la part de ceux qui comprennent la philosophie du Crédit Social".