Abondance de miel

le vendredi, 15 octobre 1943. Dans L'économique

Les abeilles, qui ne sont sujettes ni au service militaire, ni aux contingentements du ministère des approvisionnements, ni aux caprices du service sélectif, ni aux plafonnements de la commission du commerce, ont fourni au Canada, cette année, l'une de leurs meilleures productions en record.

D'après les statistiques d'Ottawa, où l'on ne manque pas d'experts en addition ni surtout en soustraction, les abeilles canadiennes ont eu la bonne idée d'offrir à la consommation, cette saison, 32 millions et demi de livres de miel. L'année der­nière, elles s'étaient arrêtées à 24 millions.

Cela fait une augmentation de 35 pour cent. On a donc le droit, d'après les abeilles, de consommer en fait de miel 35 pour cent de plus que l'année dernière.

"Il n'en sera pas ainsi, réplique le bureau des ra­tionneux. L'année dernière, nos paperasses n'é­taient pas prêtes pour rationner le miel, mais elles le sont cette année."

En 1942, année de disette de miel, les carnets de rationnements ne portaient pas de coupons pour le miel. En 1943, année d'abondance de miel, M. Gordon vous rationne ce produit — exactement comme la corporation des banquiers, dont il est un membre remarquable, rationnait tout lorsqu'il y avait surabondance de tout avant la guerre.

Les aliénés du rationnement ne rationnent pas d'après la présence ou l'absence des produits, mais d'après leur compétence à inventer et émettre des coupons de rationnement.

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