Un Appel

Louis Even le vendredi, 01 octobre 1937. Dans Cahiers du Crédit Social

Nous voudrions être en tête-à-tête intime avec chacun de nos lecteurs, pour lui transmettre cet appel qui n’est pas fait pour le voisin, pour l’homme de l’autre rue, de l’autre ville, de l’autre vil­lage, de l’autre “rang”.

C’est à vous-même, cher lecteur individuel dont les yeux par­courent ces lignes en ce moment, à VOUS-MÊME, que s’adresse le message qu’elles expriment.

Vous êtes sans doute personnellement convaincu que les priva­tions dont souffrent tant de familles, tant d’hommes, de femmes et d’enfants, n’ont aucune justification en face des richesses qui nous pressent de toutes parts, grâce aux largesses de la Providence et grâce aux développements merveilleux opérés par l’application de l’intelligence que le Créateur a donnée à l’homme. Vous jugez aussi, après vos études du Crédit Social, que cette formule monétaire, sans rien enlever à personne et sans causer de bouleversement, comble­rait les besoins essentiels de tous les membres de la société et per­mettrait au système économique de poursuivre sa véritable fin, qui est une fin humaine.

Vous voulez voir la finance servir l’homme et non l’asservir. Vous désirez de tout votre cœur l’instauration de la technique mo­nétaire du Crédit Social, pour remplacer le chaos monétaire absurde et inhumain qui nous paralyse et nous opprime.

Eh bien, cher ami, si vous en restez là, si vous vous contentez d’admirer et de désirer l’avènement du Crédit Social, vous ne le verrez jamais, parce que vous faites partie d’une minorité. Com­bien grande est la multitude qui penserait comme vous, mais qui n’a pas la moindre idée de la chose, parce qu’elle n’en a jamais rien appris que par les notions empoisonnées qu’elle glane dans les journaux ! Comment voulez-vous que la masse qui souffre réclame un remède dont elle ignore l’existence ? Et comment voulez-vous que l’idée se répande si ceux qui, comme vous, en sont conscients ne tra­vaillent pas de toutes leurs forces à la faire connaître ? Si ceux qui tiennent la flamme ne la portent pas chez leurs voisins, qui donc va le faire ?

C’est de vous, de VOUS-MÊME, que dépend le succès de la cause, la libération économique de la société, la distribution de l’abondance, la fin des misères et des soucis qui empoisonnent tant de vies humaines dans votre entourage immédiat.

On ne vous demande pas de quitter votre foyer et de parcourir le pays en prêchant la doctrine du Crédit Social. Les armées mo­dernes ne font pas la guerre avec des arcs et des flèches. De même, une propagande qui veut obtenir des résultats tout de suite, et non pas dans deux ou trois générations, doit se servir des moyens mo­dernes — l’organisation, la littérature, la radio.

Si VOUS ne contribuez pas votre part pour financer la propagande, répandre la littérature et permettre l’usage de la ra­dio, sont-ce les adversaires ou les indifférents qui vont le faire pour vous ?

Vous n’êtes pas riche : raison de plus pour contribuer à l’établissement d’un système qui va mettre l’aisance et le confort dans tous les foyers, dans VOTRE foyer. Si vous attendez que les “satisfaits” se dérangent pour obtenir un changement, vous attendrez malheureusement longtemps.

On se prive pour donner vingt-cinq ou trente dollars par an, pendant toute une vie, à une compagnie d’assurance, pour une police qui, si on peut la tenir jusqu’au bout, suffira à peine à garantir aux survivants la subsistante honnête de quelques mois. Et l’on hésiterait à faire le même sacrifice, ou la moitié de ce sacrifice, pendant une couple d’années, pour assurer une honnête subsistance à tous les membres de la société pour toutes les années à venir !

Le syndicat financier fut fondé récemment pour financer le temps et les dépenses de l’organisateur provincial. Il a enregistré dès le début des souscriptions héroïques. Tels dont le salaire n’a rien de bien attrayant contribuent tout de même cinq dollars par mois. Mais c’est le nombre qu’il faut, même si les contributions indi­viduelles sont plus petites. Démocratisons la caisse. Les fonds actuels du syndicat ne permettent pas encore d’avoir un organisa­teur continuellement au service de la cause. Il faut pourtant en venir là, et vite, si l’on veut un succès. Le secrétaire-trésorier du syndicat est M. Louis Vézina, 511 rue Saint-Jean, Québec. On voudra bien lui adresser toutes les contributions. Dans les centres orga­nisés avec un cercle local, le secrétaire-trésorier local reçoit ces contributions chaque mois et les adresse en bloc à Québec, pour évi­ter la multiplication des frais d’envoi, mais les noms des donateurs sont enregistrés. L’organisation se fera au régime de votre collaboration, de vos sacrifices — ne perdez pas de vue. C’est le devoir de tout créditiste de mettre de côté chaque mois une fraction de son revenu, si petite soit-elle, pour l’organisation qui fera triompher l’idée.

Le corps de “Clairons” vous est mieux connu ; mais en faites-vous partie ? Vous savez que quiconque adresse un dollar à la rédaction des Cahiers du Crédit Social, à Louis Even, Gardenvale, P.Q., reçoit en retour quarante cahiers dont il dispose à sa volonté ! Avez-vous bien saisi tout le sens de ce mode de diffusion de la doctrine du Crédit Social ? Le “Clairon” fait le sacrifice d’un dollar et administre lui-même l’emploi de ce dollar. Il a le mérite du sacri­fice et celui de l’ouvrage — double mérite, double honneur. Le “Clairon” peut mettre beaucoup d’intelligence dans sa distribution, plaçant les Cahiers à bon escient, non pas précisément au hasard ! se renseignant sur le résultat obtenu, essayant de gagner son protégé. Il y a cent détails que nous pourrions donner ici, mais que votre jugement et votre expérience vous feront saisir et apprécier selon vos circonstances particulières. Si, pour quelque raison, il vous est impossible, ou pourrait vous être préjudiciable, de faire vous-même la distribution, que cela ne vous arrête, faites-la faire, confiez-le à quelque autre, ou même demandez-nous de disposer nous-même des Cahiers. Mais plus vous pourrez faire personnelle­ment, mieux cela vaudra : vous vous souderez de plus en plus et de mieux en mieux à la cause tout humaine et toute sociale que nous poursuivons ensemble.

Surtout, cher lecteur créditiste, rappelez-vous que cet appel s’adresse à VOUS-MÊME. Quelle va être VOTRE réponse ?

Louis Even

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