Lorsqu'un conférencier parle à la radio, il ne voit personne. Son quart d'heure fini, il quitte le poste et s'en retourne chez lui, parfaitement ignorant de la portée de ses paroles.
Tout de même, ces paroles tombent dans bien des maisons, frappent bien des oreilles, éclairent bien des esprits et touchent bien des cœurs. Mais, si personne n'est sur les lieux pour cultiver, pour conduire l'intéressé un peu plus loin, pour le décider à s'abonner d'abord, puis à aider au grand mouvement libérateur, le résultat sera limité.
Qui va ainsi bâtir l'organisation sur la propagande faite par la radio ? Qui, sinon vous, les voltigeurs, vous, les abonnés à "Vers Demain", mis au courant par votre journal ?
L'idéal serait de grouper des voisins chez vous pour écouter l'émission, et faire de l'émission le centre d'une veillée créditiste. Vous donneriez quelques explications supplémentaires et vous inviteriez vos hôtes à s'abonner, comme vous, au journal ; puis à aider de leurs petites contributions pour permettre la continuation des causeries. On peut vous envoyer à cette fin la formule 2463 (Emission à la radio), pour inscrire votre rapport. Cette formule, entre vos mains, vous confère une sorte de consécration pour conduire la soirée.
Mais vous trouverez sans doute que plusieurs voisins préfèrent rester chez eux, près de leur propre radio, pour écouter la causerie. Dans ce cas, le Voltigeur va les voir les uns après les autres, le soir même et le lendemain, pour échanger des réflexions sur l'émission, parler de l'abonnement et des contributions, tout comme il aurait fait avec le groupe, mais plus brièvement, parce qu'il faut recommencer avec chacun. La même formule 2463 peut lui servir au lieu de mentionner les personnes présentes, il mentionne les personnes visitées.
De toute façon, les causeries à la radio facilitent le travail du Voltigeur, mais ne le suppriment pas. Bien au contraire : plus il y a de terre ensemencée, plus il y a de culture à faire.
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Un nouvel abonné d'Actonvale, déjà épris de l'idéal créditiste, écrit ses impressions sur nos radio-causeries :
"Je suis très épaté de vos causeries si intéressantes à la radio. Soyez sûr que, non seulement je n'en manque pas une, mais je veux que toute la population en profite et je vais m'employer à former des groupes pour les écouter et y faire suite."
Il a trouvé la méthode avant même d'avoir reçu le premier numéro de son abonnement. La lumière l'a frappé et il veut la répandre. Ce sont de tels cœurs d'apôtres qui feront la force du mouvement. Pour nous conformer à son désir, nous ne donnons pas son nom.
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Un autre, celui-là M. Arthur Breton, de Sherbrooke, écrit et nous donne un court résumé de la causerie, pour montrer qu'il l'a bien écoutée et comprise, puis il envoie trois abonnements pris à l'occasion de cette causerie.
Comme, ce jour-là le conférencier parlait, dans son émission, du droit de chaque être humain à la vie, donc du minimum vital qui doit être garanti à chaque personne venant en ce monde, le correspondant ajoute ces réflexions personnelles :
"Sous notre régime, le droit de vivre honnêtement n'est reconnu qu'en théorie, les conditions imposées ne permettent pas de vivre comme on le devrait. C'est la raison pour laquelle je travaille en autant que je suis capable pour le Crédit Social.
"Je suis père de cinq enfants et je travaille 55 heures par semaine dans une manufacture, et cela ne suffit pas. J'y ajoute 12 à 13 heures sur les fins de semaines dans une boutique de barbier ; autrement, je n'ai pas ce qu'il faut pour ma famille. Il y a certainement là de quoi me donner hâte de voir instituer le dividende national."
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Si tous les amants du Crédit Social enrôlaient ainsi chaque semaine trois concitoyens dans l'étude du Crédit Social par l'abonnement à "Vers Demain", les causeries à la radio auraient porté leurs fruits, et l'avènement du régime créditiste en serait bien hâté. Tout abonné qui aime son journal et qui désiré le Crédit Social devrait sûrement trouver au moins un abonnement par semaine ; ou bien ses désirs sont vains.