Objection au Crédit Social

Gilberte Côté-Mercier le mercredi, 01 décembre 1943. Dans Crédit Social

Les créditistes jouent double jeu

L'objection :

"Les créditistes sont des hypocrites ; ils disent qu'ils ne forment pas de parti politique, et ils font de la politique."

La réponse :

Il y a une différence entre un parti politique et de la politique.

Celui qui fait de la véritable politique voit à la poursuite du bien de tous les citoyens du pays.

Celui qui fait de la politique de parti voit à la poursuite du bien des membres du parti, à l'exclu­sion des autres.

Les hommes politiques, qui le sont pour vrai, mettent leur personne et leur vie au service du pays.

Les politiciens de parti mettent le pays à leur service personnel.

Les hommes politiques recherchent les besoins du peuple, pour les satisfaire.

Les politiciens de parti recherchent leurs propres besoins, pour les combler.

Les hommes politiques réclament le pouvoir pour mettre les malfaiteurs à la raison.

Les politiciens de parti cherchent le pouvoir pour garnir leurs goussets ou satisfaire leur vanité.

Faire de la politique, c'est étudier le bien com­mun, en instruire le peuple et l'organiser pour réa­liser le bien commun.

Faire un parti politique, c'est grouper des po­liticiens avides du pouvoir et qui, pour l'obtenir, mettent tout leur art à capter des votes.

L'Union des Électeurs fait de la politique, oui, de la politique de bien commun.

Le parti libéral, l'Union Nationale, et les autres partis, font de la politique de parti, pour le bien d'un petit groupe, même si c'est au détriment des autres.

Gilberte CÔTÉ

Objection au Crédit Social

L'objection :

"Le Crédit Social ne peut pas être bon, car ce n'est pas un catholique qui a inventé la technique créditiste de l'argent."

La réponse :

Douglas, l'inventeur du Crédit Social, n'est pas un catholique, en effet.

Mais, la technique créditiste de l'argent est une technique justement, et non pas une philosophie. Si elle réussit à écouler les produits, elle est une bonne technique, que son inventeur soit catholi­que ou protestant, nègre ou Chinois. Se demande-t-on si l'inventeur de la radio est catholique, ou si même le fabricant de notre radio est catholique, pour savoir si notre radio est bon ? Non. On regar­de tout simplement son radio, et on le fait fonc­tionner. Qu'importe la religion de l'inventeur ou du manufacturier ?

Mais la technique créditiste est basée sur une philosophie. Et cette philosophie peut-elle être bonne lorsque l'inventeur du Crédit Social n'est pas catholique ?

Lorsque Pierre dit que Dieu existe, vous deman­dez-vous si Pierre est catholique pour savoir si Pierre a raison ? Non. Vous vous demandez si vrai­ment Dieu existe. Vous cherchez dans vos propres connaissances pour y comparer le jugement de Pierre, et vous trouvez que Pierre a raison, quelle que soit la religion de Pierre.

De même, pour juger le Crédit Social, nous de­manderons-nous si Douglas est catholique, ou si nous regarderons le Crédit Social lui-même, sa phi­losophie, pour la comparer à la philosophie catho­lique ? Et alors, nous pourrons dire si oui ou non la philosophie créditiste est catholique, peu impor­te la religion du Major Douglas.

On a fait de même pour juger les coopératives de consommation. Les pionniers, les coopérateurs de Rochdale n'étaient pas des catholiques, et pour­tant les coopératives sont enseignées jusque dans nos églises.

Et nous constatons que la base de la technique créditiste, la philosophie créditiste, est catholique d'esprit, puisqu'elle est faite de charité, de sens social. Les Créditistes attendent encore que le con­traire leur soit prouvé par ceux qui affirment le contraire.

La philosophie créditiste serait mauvaise si elle faisait tort à Dieu ou aux hommes. Si la philoso­phie créditiste insulte Dieu, qu'on nous le prouve, encore une fois.

Une philosophie qui insulte Dieu, c'est une phi­losophie qui va contre la nature et les commande­ments. Telle est bien la philosophie du système bancaire actuel, qui met les hommes à genoux de­vant l'argent quand Dieu a dit : Tu n'adoreras que Dieu seul. Mais le Crédit Social met l'homme au-dessus de l'argent, au contraire.

Et la philosophie créditiste ne fait pas non plus de tort aux hommes. À qui donc le dividende fera-t-il du mal ? Toujours pas à ceux qui le recevront ! Pas davantage à d'autres, puisque ce dividende ne sera pris à personne.

Et si la technique est bonne pour la distribution des produits ; et si la philosophie, base de la techni­que ne nuit ni à la charité due à Dieu, ni à la cha­rité due aux hommes, qu'importe donc que l'in­venteur ne soit pas catholique de confession ? On peut même dire qu'il est catholique d'inspiration, du moins lorsqu'il enseigne le Crédit Social, avec sa philosophie faite pour l'homme.

Gilberte CÔTÉ 

Gilberte Côté-Mercier

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