Le budget de la cité de Québec pour 1946-47 n'est pas plus dégagé du poids imposé par le système que celui de l'année précédente. Au contraire. Sur un revenu de moins de 5 millions, près de 2 millions iront au service de la dette, exactement $1,969,940.
Comme toujours, c'est le plus gros morceau des dépenses, et c'est le morceau qui ne fait de bien à personne, sauf aux exploiteurs du peuple. Le deuxième morceau, celui qui peut faire du bien à un grand nombre, ce sont les travaux publics, avec à peine un million, exactement $1,006,024.
Le budget de la province pour 1946-47 est marqué du même sceau. Le grand total des dépenses envisagées s'élève à $107,965,650.
Quel est le plus gros item des dépenses ? Là aussi, c'est le service de la dette, qui va coûter $17,038,300.
Le deuxième item, la voirie, vient loin par derrière, avec $10,944,000.
Pourquoi verser ainsi 17 millions, qui n'améliorent pas la province d'un iota, à des gens qui ne sont habiles qu'à exploiter les autres ? Pourquoi ? Parce qu'on vit sous un système d'endettement, où les ressources naturelles, les bras et les cerveaux ne peuvent servir que si une dette s'inscrit dans les livres des maîtres du système.
Et à Ottawa ?
Ici, on passe des millions aux milliards. Un total de presque deux milliards et trois quarts, exactement $2,769,349,815. Ce n'est plus le budget de guerre de quatre milliards et demi, mais c'est encore impressionnant.
Or, le gros article des dépenses, et celui qui ne donne rien au public, c'est encore le service de la dette. Le service de la dette fédérale va nous coûter un demi-milliard, près du cinquième du total.
Avant la guerre, on se plaignait déjà avec raison du fardeau de la dette ; elle nous coûtait annuellement $133,000,000, et c'était en ce temps-là aussi le plus gros morceau du gâteau fédéral. La guerre a fait monter l'annuité à $481,207,000, soit 348 millions de plus. À qui vont ces 348 millions ? Sûrement pas à ceux qui sont morts pour la patrie, ni à leur famille, ni aux vétérans qui reviennent mendier un emploi et un logis.
Le fédéral est supposé posséder la souveraineté absolue et le droit de légiférer en matière monétaire. Fameuse législation, en vertu de laquelle, pour passer d'un chômage absurde de dix années à des activités meurtrières de six années, il faut s'engager à payer 348 millions de plus par année aux maîtres du système.
Le fait d'achats de bons de la Victoire par des citoyens n'y change rien, puisque les citoyens ne peuvent prêter que de l'argent qui a pris son origine dans une dette à payer aux banques. Ils ne sont que les agents. inconscients du système qui réussit ainsi à s'en faire des protecteurs.
Système insensé. Dettes insensées. Gouvernements-valets insensés.