La revue française des Pères Jésuites, Études, tome 221, année 1934, comporte une étude intéressante intitulée "La querelle autour du profit", par le Père Henri du Passage, S. J.
Un ami nous en recommande en particulier la partie couvrant les pages 153 à 157, dont voici la conclusion :
"La force sans cesse accrue des machines amènera, tôt ou tard, des modifications importantes. Le rendement augmenté doit se traduire par des avantages qui n'iront pas à quelques privilégiés, mais à l'ensemble.
"La cité tout entière en percevra le bénéfice. Car ces résultats sont et seront l'aboutissement d'efforts successifs, parfois anonymes, de collaborations multiples. Ils constituent un patrimoine légué par les devanciers, enrichi à chaque génération, et sur lequel tous, aujourd'hui, ont des droits.
"Dès lors, le profit sera moindre pour la production, en tant que telle, précisément parce que les avantages se trouveront mieux monnayés, détaillés dans la masse des consommateurs.
"La lutte actuelle contre l'abondance, alors que tant de misères subsistent, ne saurait représenter qu'un expédient transitoire...
"La mesure de la semaine de quarante heures... amorce encore le gros problème de l'avenir, celui de la répartition des ressources dans un monde d'où la technique mécanique aura plus ou moins licencié le travail humain."
Ces réflexions, tombées de la plume d'un philosophe et moraliste de la compagnie de Jésus, datent de 1934, donc avant toute littérature française sur la technique de distribution du Crédit Social. Et pourtant, il y a presque similitude de termes entre les expressions courantes des créditistes et celles du Révérend Père Henri du Passage :
"Un patrimoine légué par les devanciers, enrichi à chaque génération, et sur lequel tous aujourd'hui ont des droits... Avantages monnayés et distribués dans la masse, des consommateurs... Répartitions des ressources dans un monde d'où la technique mécanique aura plus ou moins licencié le travail humain."
Le religieux qui nous transmet cet extrait remarque :
"Ces paroles démontrent que le problème de l'avenir est bien un problème de répartition des richesses ; que le principe de l'héritage collectif, qui appuie votre dividende national, est un principe bien fondé en morale chrétienne ; que ceux qui préconisent un ordre nouveau, tout en ne voulant rien changer à l'ordre économique actuel, font vraiment fausse route."
Le Milwaukee Journal du 4 juin portait une annonce ainsi conçue :
"Le développement rapide des usines de guerre dans le district métropolitain de Milwaukee a ajouté 110,000 salariés sur les listes de paie. Celles-ci ont pris un essor prodigieux, la paie mensuelle passant de $9,300,000 en 1940 au chiffre actuel de plus de $37,000,000.
"L'arrivée d'employés pour les usines de guerre a augmenté la population civile de 11.3 pour cent, gain qui n'a été dépassé que par Détroit et Washington."
Le journal ajoute que c'est là un champ prodigieusement agrandi pour l'annonce de marchandises, et que lui, le Milwaukee Journal, est le meilleur véhicule d'annonce de la région. Donc, annoncez dans le Milwaukee Journal et apportez-lui des piastres : il aura sa large part de la manne de guerre.
Ce n'est pas dans les bureaux d'administration du Milwaukee Journal qu'on peut sincèrement faire des prières pour le retour de la paix.
Il n'y a pas que les vautours qui s'engraissent de la multiplication des cadavres.