Le Bill 76 de l'Alberta

le lundi, 15 avril 1946. Dans L'expérience albertaine Aberhart

Le Bill 76 de l'Alberta, session 1946, est un bill de pur crédit social.

Il proclame les droits des citoyens de l'Alberta, non seulement la liberté de culte et la liberté de parole, mais aussi la liberté de choix.

Puis il proclame le droit de chaque citoyen de l'Alberta à la sécurité sociale. Plus précisément et plus concrètement :

Une pension de sécurité sociale, d'au moins $600 par année ( $50 par mois) et les soins médicaux gratuits à toute personne âgée de 60 ans ;

La même pension de sécurité sociale et les soins médicaux gratuits à toute personne in­valide, physiquement incapable de gagner sa vie ;

L'opportunité de gagner sa vie à toute per­sonne âgée de 19 ans ; et, au cas où, sans faute de sa part, elle ne peut se trouver d'emploi lucratif, la pension de sécurité sociale d'au moins $600 par an ;

Le droit aux nécessités de la vie, aux chan­ces d'instruction et aux soins médicaux pour tout citoyen en-dessous de 19 ans.

Où prendre l'argent ?

Pour alimenter les fonds nécessaires, le bill pour­voit à l'établissement d'une commission de cinq membres, avec mandat de faire émettre du crédit circulatoire en rapport avec les capacités producti­ves de la province.

La commission prépare un relevé des ressources naturelles et des capacités productives de la pro­vince, et l'appelle actif.

Puis elle fait la somme de tout l'argent et de tout le crédit en circulation, et l'appelle passif.

La différence entre le passif et l'actif constitue les disponibilités de crédit de la province.

De temps en temps, selon les besoins, la Com­mission, avec l'approbation du lieutenant-gouver­neur en conseil, émet du crédit basé sur ces dispo­nibilités et le verse dans un "Fonds d'ajustement du Crédit Consolidé".

Ce fonds consolidé est utilisé par la Commission, avec l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, pour alimenter le compte de Revenu géné­ral de la Province et permettre les pensions de sé­curité, les services médicaux et éducationnels, des diminutions de taxes, des octrois, des compensa­tions d'escomptes aux consommateurs.

Du même fonds consolidé, des certificats de cré­dit peuvent être émis aux institutions de crédit (banques) licenciées de la province, pour permet­tre des augmentations de prêts aux citoyens.

*    *    *

Avant même que le Bill soit adopté par l'Assem­blée Législative de l'Alberta, des journaux ont commencé à protester au nom de la finance. La Presse, de Montréal, écrit le 23 mars :

"Si l'Alberta veut tenter une expérience de ce genre, les autres provinces du Dominion ont assurément le droit d'exiger qu'elle ne se fasse pas sur leur dos."

Comme si la distribution aux citoyens de l'Al­berta des produits de leur province pouvait nuire aux voisins !

La Presse rappelle que des aventures semblables avant la guerre ont conduit l'Alberta au point de ne pouvoir honorer ses obligations. Elle est mal, très mal renseignée. Lorsque l'Alberta ne pouvait rencontrer ses obligations, ce n'était pas du tout parce que la province avait augmenté son crédit circulatoire, mais parce que, soumise de force au système, elle n'avait pu augmenter ce crédit et en manquait. Et aujourd'hui, malgré tous les jappe­ments de la presse à solde, l'Alberta est, de toutes les provinces, celle dont le statut financier est le meilleur et la seule qui ait un plan d'extinction graduelle de sa dette sur trente années.

La Presse se réjouit de ce que la nouvelle loi (le Bill 76) devra être d'abord approuvée par la Cour Suprême avant sa promulgation. Elle espère que la Cour sera de nouveau du côté de la finance, con­tre le gouvernement légitimement élu par le peu­ple, pour un troisième terme, avec la plus grosse majorité de toujours. C'est la lutte entre l'homme et l'argent. Le gouvernement d'Edmonton est du côté de l'homme, La Presse est du côté de l'argent.

Le journal de Montréal ajoute : "L'heure n'est pas aux extravagances et aux embardées." Non, rien qu'aux embardées de milliards canadiens aux étrangers !

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