La machine, le progrès, fabrique des chômeurs

Gilberte Côté-Mercier le dimanche, 01 juin 1997. Dans Crédit Social

Il faut de l'argent pour pour vivre

De l'argent sans salaire quand les machines travaillent à la place des hommes

De l'argent pas gagné pour acheter les produits de la machine

Le salaire pour acheter les fruits du travail

Le dividende pour acheter les fruits du progrès

Du chômage au Canada, y en a-t-il ? Y a-t-il des chômeurs ?

Souvent, l'ouvrier qui ne chôme pas, croit que tout le monde travaille ou que ceux qui ne travaillent pas, c'est de leur faute. Et si vous parlez du chômage à ceux qui n'en souffrent pas, ils vous répondent : "Les chômeurs ce sont des paresseux ! Qu'ils fassent comme moi, etc."

Eh bien ! non, il ne faut pas dire cela.

Le chômage est une plaie sociale qui ne dépend pas des ouvriers ni des patrons. Le chômage dépend du progrès.

C'est parce que la machine remplace les bras des hommes que les hommes chôment. La machine fabrique des chômeurs.

La machine, le progrès, cause du chômage.

Et le chômage fait des ouvriers sans salaire et par conséquent, sous notre régime, des ouvriers sans argent pour faire vivre leur famille.

Il y a du chômage au Canada et en quantité. Regardez les statistiques. Ajoutez au chiffre des statistiques tous les chômeurs pas enregistrés, par exemple les jeunes gens qui sortent des écoles. Ajoutez aux statistiques tous ceux qui ne travaillent que 2 jours par semaine. Ils ne sont pas comptés non plus dans les statistiques.

Il y a des chômeurs plein les villes et les campagnes. Voulez-vous savoir, combien il y en a, des chômeurs ? Allez faire du porte en porte avec les créditistes. On trouve environ un chômeur par logement au moins.

Ça, c'est la vérité.

Et c'est grave. C'est grave pour tous, même pour ceux qui ne sont pas chômeurs.

J'invite donc tout le monde à lire ce modeste exposé qui donne la véritable et la seule solution au problème de chômage.

Dans une seule journée, j'ai reçu à mon bureau, 3 appels téléphoniques de mères éplorées dont le mari est en chômage et qui ne savent plus où tourner la tête pour payer leur loyer et acheter de quoi à nourrir la famille.

Le même jour, 3 hommes d'environ 30 ans, sonnent à ma porte.

C'étaient des employés du Canadien National. Ils venaient m'annoncer que 253 ouvriers du C.N.R. venaient de recevoir leur avis de congédiement.

Ces 3 représentants des 253 nouveaux chômeurs qui sont venus me voir, je vous prie de me croire qu'ils n'ont pas envie de crever de faim pendant 10 ans de crise. Et ils font bien.

Ils sont jeunes. Ils ont de la santé. Ils ont femme et enfants à nourrir. Le pays est plein de produits. On leur enlève leur salaire. Ils protestent. Ils exigent des revenus. Ils veulent de l'argent pour vivre. Parce qu'ils ont des besoins et parce que le pays est capable de leur fournir les produits pour vivre.

Les richesses dans les vitrines pour nous crever les yeux quand on n'est pas capable de les acheter, c'est stupide et il faut que ça arrête, cette folie-là.

Il faut de l'argent pour tout le monde afin que tout le monde puisse vivre.

Et de l'argent, on ne peut plus en avoir par les salaires seulement, puisque les machines font l'ouvrage à la place des ouvriers. Eh bien ! il nous faut de l'argent quand même, parce qu'il faut vivre et parce qu'on peut vivre quand les produits sont fabriqués, prêts à être consommés.

Il faut de l'argent sans salaire quand les machines travaillent à la place des hommes.

De l'argent sans salaire, c'est un dividende. Que tout le monde reçoive un dividende pour vivre aujourd'hui, puisque les salaires sont supprimés en grande partie par le progrès des machines.

Un dividende. De l'argent sans travailler, parce que l'ouvrage est fait. Les magasins combles le prouvent. L'ouvrage est fini pour les produits qui attendent les consommateurs. Demandez au gouvernement s'il y a du beurre dans le pays. Demandez-lui ce qu'il va faire des millions de livres de beurre qu'il achète pour débarrasser les cultivateurs. Le beurre rancit au nez des chômeurs affamés.

Faut-il laisser rancir le beurre ? Non. On n'a pas le droit de détruire les richesses devant ceux qui ont faim.

Faut-il donner gratuitement en pure charité, le beurre aux pauvres ? Non. Que l'État achète lui-même les richesses et s'en fasse le distributeur, c'est du socialisme et une source de désordres et d'injustices sans fin.

Faut-il réclamer des travaux publics pour gagner l'argent nécessaire à l'achat du beurre ? Non plus. Pourquoi s'embarrasser de construire un pont afin de pouvoir manger du beurre, quand le beurre est déjà fait ? On n'a qu'à le manger tout simplement. On construira le pont si on a besoin de ce pont, mais pas seulement pour avoir la permission de manger du beurre.

Avoir la permission, c'est bien cela. L'argent donne la permission de manger le beurre qui est là, le beurre déjà fabriqué. La permission de manger le beurre qui est là et qui attend celui qui a faim.

La permission, c'est l'argent.

La permission, le permis d'avoir le beurre, c'est l'argent.

C'est l'argent qu'il faut.

Est-ce que c'est de l'ouvrage que vous voulez, vous les ouvriers des Unions ? Pourquoi donc vos porte-parole dans les Unions demandent-ils de l'ouvrage, quand c'est de l'argent que vous voulez. On ne demande pas de l'ouvrage quand on manque d'argent.

On ne demande pas de l'ouvrage quand les produits sont tellement abondants quand on ne sait plus quoi en faire.

On ne demande pas des travaux publics qui vont augmenter les taxes et par conséquent augmenter tous les prix, quand on trouve que la vie est déjà trop chère.

On ne demande pas au gouvernement d'embaucher tout le monde quand on veut garder sa liberté.

Mais, dit-on, pour vivre, il faut travailler. Ce n'est pas vrai, quand les machines travaillent à notre place. Pour vivre, ce qu'il faut ce sont des produits. Et pour avoir des produits, il faut des revenus.

Et quand les machines nous enlèvent nos salaires, il faut arrêter de courir après les salaires. C'est le temps de courir après les dividendes, de l'argent sans travail.

C'est cela le dividende, de l'argent sans travailler pour que les machines travaillent à notre place.

Et le dividende, en plus de nous donner de l'argent pour vivre, nous garantirait la liberté, parce que le dividende nous donne, en même temps que la vie, les loisirs dont l'homme a tant besoin pour réaliser sa grande mission d'homme qui pense, qui réfléchit, qui contemple les œuvres divines et qui sert le bon Dieu.

Telle est la vocation de l'homme.

La vocation de l'homme, ce n'est pas de s'embaucher toute sa sa vie, nuit et jour en temps de guerre, pour servir un système financier inhumain qui lui mesure son pain aux chaînes qu'il supporte, le pauvre homme !

La vocation de l'homme, ce n'est pas de s'atteler comme une bête ou une machine, de s'atteler à une machine d'acier qui va produire des choses matérielles, même des choses meurtrières comme les chars d'assaut ou les bombes atomatiques.

La vocation de l'homme, ce n'est pas de travailler avec ses bras toute sa vie pour arracher son pain.

Non, pas ça. La vocation de l'homme c'est d'ennoblir la terre qu'il habite et de se préparer à passer dans la vie éternelle. On réalise cette vocation en se mettant au service de Dieu par la charité envers le prochain, et en contemplant les œuvres divines par la pensée, en rendant gloire à Dieu.

L'homme d'aujourd'hui est complètement désaxé. Il cherche le travail par le travail. II bâtit continuellement des œuvres matérielles et les détruit à mesure pour avoir la chance de travailler.

Quelle folie que cette vie-là !

Il faut que ça finisse ! Et ça finira quand vous aurez compris que le temps des dividendes est venu.

Le progrès doit s'appeler un dividende, c'est-à-dire un moyen nouveau de se procurer les produits et en même temps une libération du travail.

À mesure qu'on annonce un progrès nouveau, il faut que le dividende augmente pour tout le monde.

Alors, ce sera la sécurité et la liberté des loisirs par le progrès.

Et à quoi donc faut-il demander le dividende ?

On demande le dividende au Crédit Social. Le Crédit Social est le seul système qui préconise un dividende social.

Mais qui va payer ce dividende du Crédit Social ?

Ce dividende sera payé par de l'argent nouveau, basé sur le progrès.

Mais, d'où viendra cet argent nouveau ? De la volonté des gouvernements.

Si le gouvernement d'Ottawa ou de Québec vote la loi du Crédit Social, il établira tout de suite des bureaux de Crédit Social. Ces bureaux-là émettront de l'argent-dividende à tous les citoyens du pays. Nouvelle émission d'argent.

Pendant la guerre, on ne se gênait pas de faire de nouvelles émissions d'argent afin de permettre aux soldats de répandre la mort.

Pourquoi se gênerait-on de faire de nouvelles émissions d'argent pour permettre au progrès de servir les familles qui entretiennent la vie ?

Ce qu'il faut c'est une loi du gouvernement.

Une loi et des bureaux de Crédit Social.

Qu'est-ce qu'ils attendent les gouvernements pour voter le Crédit Social qui est le seul, le seul moyen efficace et humain, le seul moyen de régler le problème du chômage ?

Gilberte Côté-Mercier

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