L'Institut d'Action Politique, incorporé

le dimanche, 01 juillet 1945. Dans La vie créditiste

Lancé en 1940, incorporé en 1945

Le 6 avril dernier, par lettres patentes expédiées sous le grand sceau de la Province de Québec, le Lieutenant-Gouverneur accordait une charte éri­geant en corporation l'Institut d'Action Politique. Ces lettres patentes ont été enregistrées par le sous-registraire de la province le 19 avril 1945.

L'Institut d'Action Politique (I.A.P.) n'est pas un organisme inconnu de nos créditistes. Sa fonda­tion remonte à mai 1940.

L'I.A.P. est une institution unique en son genre. Comme toute institution nouvelle, il a dû passer par des périodes de transition. Il convenait de l'orienter et de lui faire subir une certaine épreuve expérimentale avant de demander son incorpora­tion.

But de l'Institut d'Action Politique

Une institution se spécifie par sa fin. Autrement dit, ce qui distingue une institution d'une autre, c'est la fin spéciale pour laquelle elle existe.

Puis, toute association d'hommes bien ordonnée doit avoir une double fin : une fin concernant les membres mêmes de l'Association, et une fin con­cernant la société (le prochain) ; cela, pour la bonne raison que les hommes vivent en société et que le véritable bien de chacun est lié au véritable bien des autres.

Les associations égoïstes peuvent ignorer cela, mais elles ne sont pas dans l'ordre.

Les instituts religieux, éclos sous l'impulsion et édifiés sous la direction de l'Esprit-Saint, savent fort bien reconnaître ce fait. Tous ont un double but : la sanctification personnelle de leurs membres, puis le rayonnement sur les autres selon un mode qui différencie l'Institut. Chez les contemplatifs, c'est par la prière et l'expiation que l'Institut rend service au prochain. Chez les instituts enseignants, c'est par l'enseignement. Chez d'autres, c'est par la prédication ; chez d'autres, par le soin des malades, etc.

Et quel est le but de l'Institut d'Action Politi­que ? Ce but est aussi double :

    1. Promouvoir l'éducation politique, économi­que et sociale de ses propres membres ; en former des hommes possédant le sens de leurs devoirs, de leurs droits et de leurs responsa­bilités comme membres de la cité temporelle ;

    2. Éclairer et organiser les citoyens ; les entraî­ner à poser des actes légitimes en vue d'assu­rer la poursuite du bien commun par le gou­vernement et les institutions publiques, dans le champ municipal, provincial et national.

Ce double but fait l'objet du premier article de la charte constituant l'Institut en corporation. Les autres articles octroient à l'Institut le droit de recourir à des moyens variés, selon qu'il juge opportun pour mieux atteindre sa double fin.

Un Institut d'action

Comme son nom l'indique, l'Institut d'Action Politique est un institut d'action.

Pour que son action soit bien dirigée, il la fait précéder et accompagner de l'étude. Mais il ne se borne pas à l'étude. S'il se bornait à l'étude, il pourrait faire des savants, mais qui risqueraient de rester des savants embourgeoisés : il y en a déjà trop de cette catégorie.

Si l'Institut se bornait à l'étude, il n'atteindrait pas son deuxième but : son but social, le bien poli­tique de la multitude, en l'éclairant et en l'orga­nisant pour l'emploi judicieux de moyens politiques appropriés.

Si l'Institut se bornait à l'étude, il manquerait même son premier but, la formation de ses propres membres. Cette formation, pour être réelle, impli­que la personne complète : pas seulement son in­telligence, mais aussi sa volonté ; et la volonté n'est bien elle-même que lorsqu'elle détermine des actes.

L'esprit de l'I.A.P.

L'esprit qui anime l'Institut d'Action Politique est un esprit de charité, de sincérité, de désintéres­sement, de dévouement, de fidélité, de ténacité.

Tous les membres, Évidemment, ne font pas preuve de cet esprit au même degré. Mais ceux qui voudraient y apporter un esprit contraire s'aper­cevraient vite que l'atmosphère ne leur convient pas.

On n'entre pas dans l'Institut d'Action Politique pour y trouver un profit pécuniaire ou matériel. On n'y entre pas non plus pour la poursuite d'am­bitions politiques personnelles. Ce serait se tromper d'adresse.

Quelle est donc la récompense du membre de 1'I.A.P., en retour de son travail et de son dévoue­ment ? Sa récompense est de l'ordre des récompen­ses familières à tous les apôtres des bonnes causes. Sa récompense est dans le développement de sa personnalité. Ceux qui ont pris part aux activités de l'Institut d'Action Politique sont là pour en rendre témoignage. Demandez au Défricheur, au Voltigeur, à l'Animateur, au Responsable à tous les degrés, si son travail sur les autres ne l'a pas agrandi, rendu plus homme, plus citoyen, plus Canadien.

Ce perfectionnement personnel est un trésor que personne ne peut ravir et qui, s'il est dans l'ordre, se prolongera jusque dans l'éternité.

Le membre de l'Institut a aussi la satisfaction de servir ses frères, de promouvoir le bien de son pays. Son cœur s'élargit avec sa vision, et le cœur jouit en se donnant. Le grand cœur du membre de l'Institut jouit beaucoup en se donnant beau­coup.

Recrutement

Qui est appelé à être membre de l'Institut d'Action Politique ? Quiconque en admet l'objectif et consent librement à faire de l'action dans la ligne préconisée par l'Institut.

Si l'on veut en avoir une idée, on peut se reporter au premier appel lancé pour la fondation de l'Ins­titut d'Action Politique. On trouvera cet appel à la page 8 du numéro de Vers Demain du 15 avril 1940, paru de nouveau dans l'édition du 1er mai 1940.

Comme il s'agit là d'un fait historique, nous reproduisons ici cet appel :

"APPEL SPÉCIAL :

"Cet appel n'est pas pour de l'argent, mais pour des efforts.

"Si vous êtes un homme passif, incapable d'efforts, cet appel n'est pas pour vous.

"Si vous ne comprenez pas l'urgence d'une presse libre, indépendante de tout, sauf de Dieu et du peuple, cet appel n'est pas pour vous.

"Si vous pensez qu'on peut assainir la politique en gardant les méthodes souillées d'aujourd'hui, cet appel n'est pas pour vous.

"MAIS...

"Si vous êtes pénétré d'un idéal...

"Si vous êtes prêt à fournir des efforts pour le réaliser...

"Si vous savez passer du désir à l'action...

"Si vous êtes éligible pour une organisation d'hom­mes actifs et renseignés,

"Première démarche : écrivez personnellement à VERS DEMAIN (adresse de cette époque). On vous répondra personnellement."

C'était il y a cinq ans. Le journal VERS DE­MAIN ne comptait pas trois mille abonnés dans ce temps-là.

Le premier lecteur qui répondit à l'appel fut Gérard Mercier, de Ste-Anne de Beaupré. Gérard a fait du chemin depuis ce temps-là, parce qu'il a saisi et aimé du premier coup l'esprit qui devait animer l'Institut naissant. Toute la Nouvelle-France connaît Gérard Mercier. Gérard a aidé à faire l'Institut, et l'Institut a fait de Gérard ce qu'il est aujourd'hui.

Et l'Institut en a formé des centaines d'autres.

L'Institut a aussi bâti cette "presse libre et in­dépendante", le petit journal Vers Demain, passé de 3,000 à 43,000 abonnés.

Devient donc membre de l'Institut toute person­ne qui commence à faire de l'action patronnée par l'Institut. Exemple : le Défricheur, dès qu'il prend son premier abonnement.

C'est le premier degré dans l'Institut d'Action Politique, et il n'est pas compliqué.

Le second degré, offert à tous ceux du premier degré, consiste dans l'acceptation d'une responsa­bilité dans les cadres de l'Institut. Exemple : le membre qui accepte la responsabilité de l'éduca­tion et de l'orientation politiques des familles d'une section de vote, ou d'une paroisse, ou d'un comté.

Puis, lorsqu'un responsable s'est acquitté de ses fonctions pendant un certain temps, à la satis­faction de ceux qui ont juridiction pour en juger, et qu'il manifeste le véritable esprit de l'Institut, un troisième degré lui est ouvert.

C'est une hiérarchie que chacun conquiert à son gré.

Et chacun aussi est libre de se retirer quand il le désire. Il n'y a ni vœux ni police pour retenir un membre contre sa volonté. C'est l'idéal qui attire et retient.

La direction de l'Institut

L'Institut demeure libre d'élaborer sa propre constitution, d'avoir un sceau corporatif et de le changer à volonté.

Nous croyons sage de n'établir des points de constitution que graduellement, à mesure des besoins. Notre Institut n'est pas une maquette faite d'avance et dénuée de souplesse. C'est un organisme vivant, différent de tout ce qu'on a vu en politique jusqu'ici, qui a connu un merveilleux développement déjà, mais qui continue à s'épa­nouir.

La charte de l'Institut fixe le nombre des di­recteurs à sept. Le conseil de direction se compose d'un directeur général et de six assistants, dont l'un porte le titre et exerce les fonctions de premier assistant.

Les directeurs actuels sont : M. Louis Even, Mlle Gilberte Côté, MM. J.-Ernest Grégoire, Gérard Mercier, Roland Corbeil et Jean Grenier. Le sep­tième sera désigné sous peu.

Entreprise sans capital-actions

L'Institut d'Action Politique est incorporé sous l'empire de la troisième partie de la Loi des Com­pagnies. C'est-à-dire comme une entreprise sans capital-actions, donc sans actionnaires, donc sans profit pécuniaire pour aucun de ses membres.

Les gains que l'Institut peut faire dans ses opéra­tions sont propriété de l'Institut et doivent servir aux fins de l'Institut.

C'est d'ailleurs la politique qui a été suivie jus­qu'ici avec le journal Vers Demain — ce qui expli­que son succès. Si les profits étaient allés à des per­sonnes, ce sont les personnes qui en auraient pros­péré ; mais comme les profits sont restés au journal et ont servi uniquement à le promouvoir, c'est le journal qui en a prospéré, pour le bien de tous.

Pour plus de détails sur ce dernier point, lire en une autre page du présent numéro : L'Institut et Vers Demain. Et pour des éclaircissements sur un autre point, lire : L'Institut et l'Union des Électeurs.

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