En pays catholique

le lundi, 01 mars 1943. Dans La vie créditiste

Nous recevons de Godbout (Côte Nord), la lettre suivante, signée de M. Alexis Labrie :

"Comme il m'est impossible de vous renouveler actuellement mon abonnement à votre journal, je viens vous en donner la raison.

"Je reste créditiste jusque dans l'âme, mais je suis sans ouvragé depuis quatre mois. J'ai été congédié de mon emploi le 26 octobre, sans l'avis de sept jours réclamé par la loi, pour avoir refusé de travailler le dimanche 25 octobre.

"J'ai mentionné tous ces détails au Bureau du Service Sélectif de Québec, 45 Boulevard Charest, et je leur ai envoyé ma réclamation assermentée par un juge de paix. Mais je suis encore sans nouvelles depuis ce temps-là. La compagnie qui m'employait est la St-Régis Paper Co."

Cela se passe en pays catholique, pendant que l'on nous crie sur tous les tons que nous faisons la guerre pour la défense de la chrétienté. Sans doute pour le droit de sanctifier le dimanche !

Voici un Canadien français, catholique, victime de sa fidélité au dimanche, qui réclame justice auprès d'un bureau gouvernemental, dans la capitale d'une province catholique, et dont on ne s'occupe pas plus que d'un chien crevé. Quatre mois de privations et de soucis : le temps des fêtes de Noël y compris !

M. Alexis Labrie ajoute qu'il est maintenant réduit à la mendicité. Cela n'empêchera ni les ministres, ni les députés, ni les ronds-de-cuir de notre bureaucratie cancéreuse, de prendre leurs trois repas par jour et de jouir de leur lit chaque soir. Sans compter d'autres douceurs intermédiaires.

S'il y a des gens que ces faits font bouger, ce sont les créditistes. Nous n'approuverons jamais ce traitement imposé à des Canadiens français, et nous allons redoubler d'ardeur dans notre croisade.

La compagnie qui a renvoyé M. Alexis Labrie est la St-Régis Paper Company. Une compagnie qui, comme les autres de son espèce, emploie la main-d'œuvre canadienne à dépouiller les forêts canadiennes au bénéfice d'exploiteurs internationaux : et il faut les servir pour avoir le droit de manger des produits de la province !

Les créditistes retiendront ces deux noms :

Le persécuteur : St-Régis Paper Company ;

La victime : le Canadien français Alexis Labrie.

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