Deux grands Américains, Henry Ford et Thomas A. Edison parlent en faveur d'un argent sans dette créé par l'État

Alain Pilote le mardi, 01 juin 1999. Dans Crédit Social

« Il est absurde de dire que notre pays peut émettre 30 millions $ en obligations, et pas 30 millions $ en monnaie. Les deux sont des promesses de payer, mais l'un engraisse les usuriers, et l'autre aiderait le peuple. »

Pourquoi le gouvernement devrait-il payer un intérêt à un système bancaire privé pour l'usage de sa propre monnaie, qu'il peut émettre lui-même, sans intérêt ? C'est exactement ce que les créditistes du journal Vers Demain soutiennent, lorsqu'ils demandent au gouvernement fédéral de reprendre son pouvoir de créer l'argent du pays. Deux Américains célèbres, l'industriel Henry Ford (pionnier de l'industrie automobile américaine) et l'inventeur Thomas Edison (quoique n'ayant fréquenté l'école que 3 mois, il comptait plus de 1000 brevets d'inventions à son actif) sont aussi d'accord avec cette demande des créditistes.

En 1921, Ford et Edison inspectaient la centrale électrique en construction Muscle Shoals, sur la rivière Tennessee, aux États-Unis, lorsqu'ils furent interviewés par le « New York Times », qui rapporta ces interviews dans ses numéros du 4 et 6 décembre 1921. Nous reproduisons ci-dessous des extraits de ces interviews, et les leçons qu'ils nous enseignent valent encore pour aujourd'hui. (Ces renseignements sont tirés du numéro de mai- juin 1998 de la publication britannique « The Social Crediter », 16 Forth Street, Edinburgh, EH1 3LH, Scotland. La traduction est de Vers Demain.)

Sans le contrôle des banquiers il n'y aurait pas de guerres

« Avec l'exploitation de cette centrale, dit Ford, plusieurs choses sont possibles, un plus grand pouvoir de production pour ce pays tel qu'il ne l'a jamais connu... La plus grande chose que je vois dans Muscle Shoals est une occasion d'éliminer les guerres dans le monde. » On demanda alors à M. Ford comment cela était possible.

« C'est bien simple, lorsque vous analysez la question. La cause de toutes les guerres, c'est l'or. Nous prouverons au monde entier, par Muscle Shoals, premièrement, la faisabilité, et deuxièmement, les avantages de remplacer l'or comme base de la monnaie, par les ressources naturelles impérissables de la planète... Le mal fondamental de l'or, en rapport avec la guerre, est le fait qu'il peut être contrôlé. Brisez ce contrôle, et vous arrêtez les guerres. La seule manière de mettre fin à jamais au contrôle de ces banquiers internationaux et à leur exploitation de l'humanité est de mettre fin à l'étalon-or, à l'or comme base de la monnaie. »

«Mais avec quoi allez-vous remplacer l'or ? »

« C'est ici que Muscle Shoals entre en jeu, dit M. Ford. Voyez quel spectacle nous avons devant nous. Les ingénieurs de l'armée disent qu'il en coûtera 40 millions $ pour compléter ce grand barrage. Mais le Congrès (députés et sénateurs des États-Unis) est présentement économe, et n'est pas d'humeur à obtenir cet argent par les taxes. L'alternative habituelle est d'émettre des obligations devant rapporter à leurs détenteurs 4 % d'intérêt par année, pendant 30 ans. Les États-Unis, le plus grand gouvernement au monde, désirant obtenir 40 millions $ pour compléter un ouvrage qui profitera à toute la société, est forcé d'aller voir les prêteurs d'argent pour acheter sa propre monnaie. Au bout de 30 ans, le gouvernement doit non seulement rembourser les 40 millions $, mais aussi un intérêt de 120 pour cent, autrement dit, 80 millions $ pour l'usage de 40 millions $ pendant 30 ans... Pensez-y. Peut-il y avoir quelque chose de plus enfantin et contraire au sens des affaires ! »

De l'argent sans dette par l'État

« Maintenant, je vois une manière par laquelle notre gouvernement peut compléter ce grand ouvrage sans payer un seul sou aux prêteurs d'argent. C'est une manière parfaitement solide et sensée, si simple et facile que peut-être nos propres gens ne la voient pas. Le gouvernement a besoin de 40 millions $. Cela représente 2 millions de billets de 20 dollars. Que le gouvernement émette ces billets, et s'en serve pour payer toutes les dépenses impliquées dans la construction du barrage. Une fois le barrage complété, nous pouvons mettre la centrale en marche, et en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, toute la somme de 40 millions $ peut être récupérée des profits de la centrale. »

« Mais supposez que l'entrepreneur ne veuille pas accepter d'être payé avec ces billets ? » demanda-t-on à Ford.

« Cela ne risque pas du tout d'arriver, répondit en souriant M. Ford. II accepterait d'être payé avec des obligations du gouvernement, n'est-ce pas ? » Et en sortant un billet de 20 dollars de ses poches, M. Ford enchaîna : « Hésiterait-il à prendre cette sorte d'argent ? Bien sûr que non ! En d'autres mots, c'est ce qui est derrière une obligation ou un billet de banque qui fait qu'on accepte d'être payé avec la bonne foi et la confiance du peuple américain. Des billets de 20 dollars émis par le gouvernement pour compléter ce grand développement public auraient tout autant la confiance du peuple américain que toute obligation ou autre billet de banque déjà en circulation. Voyez-vous, c'est seulement une question de confiance dans le peuple des États-Unis. »

« Mais votre plan bouleverserait le système monétaire actuel, et pourrait causer un mal incalculable ! » répliqua-t-on à Ford.

« Pas nécessairement... Pas besoin d'abolir quoique ce soit... Toutes les fois que le gouvernement a besoin d'argent pour des développements publics, au lieu de penser en termes d'obligations et de gros intérêts à rembourser, pensons en termes d'argent sans intérêt et sans dette... Vous rendez- vous compte que 80 cents de chaque dollar prélevé en taxes servent à payer les intérêts (sur la dette nationale) ? La dette nationale n'est rien d'autre que des intérêts à payer. Chaque nouveau développement public entraîne une hausse de la dette nationale. Voici maintenant une façon d'obtenir ces développements sans augmenter la dette. Ce fardeau des intérêts détruit tout notre système financier... il faut y mettre fin un moment donné...

« Il s'agit simplement de penser et calculer en termes différents de ceux qui nous ont été imposés par les banquiers internationaux et auxquels nous sommes devenus si habitués au point que nous pensions qu'il n'existe pas d'autre choix. Nous devons revoir nos positions sur ce sujet. La seule différence entre l'émission de billets et l'émission d'obligations est qu'il n'y a pas d'intérêts à payer, et que les trafiquants d'argent de Wall Street, qui n'ont rien fait pour construire le barrage et ne méritent rien, ne recevront rien. »

« Mais comment tout cela va-t-il empêcher la guerre ? »

« Simplement parce que si cette méthode (financer le projet par l'émission de billets) est essayée ici à Muscle Shoals, elle s'avérera un tel succès que le peuple américain ne consentira plus jamais à financer des projets publics par l'émission d'obligations à intérêt. Lorsque le gouvernement a besoin d'argent, il peut l'obtenir en émettant des billets basés sur les ressources naturelles impérissables de la nation. D'autres pays, voyant notre réussite, feront sans doute la même chose. Le métier de vendeur d'argent aura disparu... »

« Vous attendez-vous à ce que le Congrès agisse en faveur de votre suggestion ? »

« Eh bien, je ne sais pas. Peut-être n'agiront-ils pas, mais je vous parie que le citoyen américain moyen verra la droiture, la justesse et le bon sens de cette mesure... »

Edison appuie le plan de Ford

Le « New York Times » du 6 décembre 1921 rapporta les paroles de Thomas A. Edison, qui accompagnait Ford durant l'inspection des travaux :

Thomas A. Edison adhère aux vues de Ford, selon lesquelles le gouvernement peut compléter la construction de la centrale, et l'exploiter sans que cela ne coûte un sou, en émettant de la monnaie basée sur cette centrale, au lieu d'obligations avec intérêts... M. Edison a réitéré sa conviction que le plan de Ford est un bon plan et qu'une fois la méthode d'émettre de la monnaie pour financer les développements publiques essayée, le pays ne retournera jamais à la méthode des obligations.

« Les banques sont une bonne chose, dit M. Edison, et elles sont essentielles pour le commerce de la nation. C'est le trafiquant d'argent, le profiteur, le banquier privé, auquel je suis opposé. Ils détiennent leur pouvoir par une valeur fausse et fictive donnée à l'or. L'or est une relique du temps de Jules César, et l'intérêt est une invention de Satan. »

M. Edison continua : « C'est le contrôle de l'argent qui est la racine de tous les maux. »

« (Ford) dit que le gouvernement peut financer Muscle Shoals sans aller demander la permission aux trafiquants d'argent, et je pense qu'il a absolument raison là-dessus... Voyez-vous, l'or et l'argent sont deux choses séparées. L'or est le mécanisme d'escroquerie par lequel l'argent peut être contrôlé. L'or ne devient de l'argent que lorsque le peuple des États-Unis et des autres pays mettent leur sceau dessus. »

« Mais la suggestion de M. Ford de financer Muscle Shoals par l'émission de monnaie ne soulève-t-elle pas des objections ? » demanda-t-on à M. Edison.

« Certainement. Il existe toute une série de slogans trompeurs utilisés toutes les fois qu'a lieu une poussée de bon sens dans le peuple...

« Que sont les billets de banque et les chèques ? De simples promesses. Sur quoi sont-ils basés ? Principalement sur deux choses : l'énergie humaine et la terre productive. L'humanité et le sol, telles sont les seules bases réelles de l'argent...

« Maintenant, il y a Ford qui propose de financer Muscle Shoals par une émission de monnaie (au lieu d'obligations). Très bien, supposons un instant que le Congrès suit sa proposition. Personnellement, je ne pense pas que le Congrès ait assez d'imagination pour le faire, mais supposons qu'il l'ait. La somme requise est autorisée, disons 30 millions $. Les billets sont émis directement par le gouvernement, comme toute monnaie doit l'être.

« Lorsque les travailleurs sont payés, ils reçoivent ces billets des États-Unis. À l'exception peut-être que ces billets peuvent porter la gravure d'un barrage au lieu d'un train ou d'un bateau, comme certains billets de la Réserve Fédérale, ils seront la même chose que n'importe quel autre numéraire émis par le gouvernement, c'est-à-dire, ils seront de l'argent. Ils seront basés sur la richesse publique existant déjà à Muscle Shoals ; ils seront retirés de la circulation par les salaires et bénéfices de la centrale électrique. C'est-à-dire le peuple des États-Unis recevra tout ce qu'il a mis dans Muscle Shoals et tout ce qu'il pourra y mettre durant des siècles... le pouvoir sans fin de la rivière Tennessee... sans taxes et sans augmentation de la dette nationale. L'ancienne manière augmente la dette « Mais supposez que le Congrès n'y voit pas, qu'arrivera-t-il ? » demanda-t-on à Edison.

« Alors, le Congrès doit retourner à l'ancienne méthode. Il doit autoriser une émission d'obligations. C'est-à-dire, il doit aller chez les prêteurs d'argent et emprunter assez de notre propre monnaie nationale pour achever ces travaux, et nous devons payer de l'intérêt aux prêteurs d'argent pour l'usage de notre propre argent. C'est-à-dire : sous l'ancienne manière, chaque fois que nous voulons augmenter la richesse nationale, nous sommes forcés d'augmenter la dette nationale.

« C'est ce qu'Henry Ford veut empêcher. Il pense que c'est stupide, et je le pense aussi, que pour le prêt de 30 millions $ de son propre argent, le peuple des États-Unis soit obligé de payer 66 millions $ le montant total à payer avec les intérêts. Des gens qui n'ont pas levé une pelletée de terre ni contribué pour une seule livre de matériel vont ramasser plus d'argent des États-Unis que le peuple qui a fourni les matériaux et le travail.

« C'est ce qui est terrible avec l'intérêt. Dans toutes nos importantes émissions d'obligations, l'intérêt à payer est toujours plus gros que le capital. Tous nos grands travaux publics coûtent plus de deux fois le coût réel. Dans le système actuel, nous ne faisons qu'ajouter de 120 à 150 pour cent au coût originalement fixé.

« Tout le problème est là : si notre nation peut émettre une obligation d'une valeur d'un dollar, elle peut émettre un billet d'un dollar. L'élément qui fait que l'obligation est bonne est le même qui fait que le dollar est bon. La différence entre l'obligation et le dollar est que l'obligation permet aux prêteurs d'argent de ramasser deux fois le montant de l'obligation plus un 20 pour cent additionnel, alors que l'argent mis en circulation ne paye que ceux qui ont directement contribué à la construction du barrage de quelque manière utile...

« Il est absurde de dire que notre pays peut émettre 30 millions $ en obligations, et pas 30 millions $ en monnaie. Les deux sont des promesses de payer, mais l'un engraisse les usuriers, et l'autre aiderait le peuple. Si l'argent émis par le gouvernement n'était pas bon, alors, les obligations ne seraient pas bonnes non plus. C'est une situation terrible lorsque le gouvernement, pour augmenter la richesse nationale, doit s'endetter et se soumettre à payer des intérêts ruineux à des hommes qui contrôlent la valeur fictive de l'or. » (Fin de l'article du « New York Times »)

Commentaires de Vers Demain

L'éducation du peuple

Comme Ford et Edison s'y attendaient, le gouvernement américain a manqué d'imagination et de courage pour appliquer cette solution de bon sens, et émettre sa propre monnaie honnête, constitutionnelle, et sans dette, et a plutôt préféré ne pas briser le joug de son esclavage aux contrôleurs de l'argent, et continuer à emprunter de l'argent à intérêt des banques privées.

Si cet esclavage financier a persisté jusqu'à aujourd'hui, c'est en raison du manque d'éducation de la population sur la question de l'argent et de son contrôle que les banquiers privées se sont injustement approprié. Comme Henry Ford le disait : « Si la population du pays comprenait le système bancaire et monétaire actuel, je crois qu'il y aurait une révolution avant demain matin... La jeunesse qui résoudra la question monétaire fera plus pour le monde que tous les soldats professionnels de l'histoire. »

Si le problème consiste dans l'ignorance du peuple sur la question de l'argent, la seule solution est donc l'éducation du peuple. C'est exactement la méthode préconisée par le journal Vers Demain. Augmenter l'attention du public sur ce problème est la seule manière de faire en sorte que nos représentants élus se tiennent debout et ne cèdent pas aux pressions des Financiers. Et c'est ici que chacun de vous, chers lecteurs, avez un rôle à jouer, une mission que personne d'autre ne peut remplir à votre place : transmettre aux autres la vérité que vous avez apprise dans Vers Demain au sujet de l'escroquerie des banquiers privés, et la merveilleuse solution du Crédit Social. La manière la plus concrète d'accomplir cette mission est de distribuer les circulaires gratuites (tirés à part) de Vers Demain, ou mieux encore, de trouver de nouveaux abonnés à notre journal.

Pas d'inflation

C'est en lisant Vers Demain que le monde ordinaire peut apprendre quoi répondre aux défenseurs du système actuel d'argent-dette des banquiers, qui ne manquent jamais d'avoir recours à l'épouvantail de l'inflation lorsqu'ils entendent quelqu'un proposer que le gouvernement émette son propre argent, sans dette. Ils ne font que semer la confusion à dessein en disant que si le gouvernement agissait ainsi, il émettrait ou imprimerait nécessairement trop d'argent (plus d'argent que de produits), ce qui créerait immanquablement de l'inflation.

Mais si le gouvernement émet juste assez d'argent (autant qu'il y a de produits), il n'y a absolument aucun danger d'inflation. Considérez le même montant d'argent : un million $ émis par le gouvernement, et un million $ émis par les banques privées. Dans le premier cas, il n'y a pas d'intérêt à payer, et pas de dette. Mais si vous empruntez le même montant des banques privées, vous devez rembourser au moins deux fois le montant. Quelle méthode pensez-vous est la moins dommageable à la société ?

Le mythe de l'or

Un autre mythe qui a circulé pendant longtemps a été la nécessité de l'étalon-or, de dire que l'argent devait être supporté par de l'or afin de valoir quelque chose. Ce mensonge fut colporté et perpétué par les banquiers privés afin de garder l'argent rare (en liant son existence à un métal rare). Comme Edison le disait, « l'or est une relique du temps de Jules César », du temps où il n'y avait pas de papier-monnaie, et que la seule sorte d'argent qui circulait était des pièces d'or ou d'argent.

Le papier-monnaie est apparu par la suite, et au début, les banques prétendaient que ces billets pouvaient être échangés en tout temps pour leur valeur en or. Mais comme la société avait besoin de plus d'argent au fur et à mesure que la production augmentait année après année, il était devenu évident qu'on ne pouvait pas creuser et trouver assez d'or pour correspondre à tout ce nouvel argent. Alors les gouvernement réduisirent progressivement la proportion d'or censée soutenir l'argent, jusqu'à l'éliminer complètement pour les guerres mondiales, qui nécessitaient d'immenses sommes d'argent. (Au Canada, l'étalon-or fut aboli en 1940.)

Comme le conclut la publication « The Social Crediter »  l'étalon-or n'est plus, mais le contrôle des banquiers privés demeure, « puisque plus de 95% de toute la masse monétaire est présentement créée par les banques commerciales, et est mise en circulation sous forme de dette (avec intérêts qu'on doit rembourser). Aucune solution durable au problèmes mondiaux socio-économiques, environnementaux, ou relatifs à la dette n'est possible sans une réforme radicale de ce système. » Travaillons donc à l'établissement d'un système d'argent honnête comme le Crédit Social, c'est la réforme la plus urgente pour les temps actuels.

Alain Pilote

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