L'Union des Électeurs est un organisme démocratique. Elle existe donc pour imposer des objectifs, mais nullement pour s'empêtrer dans les méthodes.
L'action politique de l'Union des Électeurs doit consister :
1. À grossir ses effectifs pour être plus puissante ;
2. À dire aux représentants élus du peuple ce que le peuple désire communément ;
3. À faire pression sur les représentants élus pour qu'ils accomplissent la volonté du peuple ainsi clairement exprimée ;
4. À exercer les sanctions nécessaires contre des représentants qui refusent de servir.
Tous ces points ont été exprimés maintes et maintes fois. Les lecteurs de Vers Demain savent, par exemple, que l'Union des Électeurs d'un comté, une fois suffisamment forte, ira trouver le député du comté et lui demander d'appuyer le programme de l'Union des Électeurs, programme qui répond aux aspirations de sécurité économique et de liberté personnelle de tous les citoyens.
Si le député refuse de soutenir le programme de ses électeurs, les électeurs organisés feront jouer les sanctions. Ils exposeront à tout le comté l'infidélité du député et ils procéderont à nommer un mandataire pour exercer les fonctions que le député refuse d'exercer. Ils grossiront encore leur nombre et, à la première occasion, ils chasseront le député infidèle pour le remplacer officiellement par le mandataire fidèle.
Pour procéder efficacement et dans l'ordre, l'Union des Électeurs s'organise en cadres. Dans la paroisse, l'Union des Électeurs de la paroisse. Dans le comté, l'Union des Électeurs du comté. Avec officiers de paroisse dans la paroisse ; avec officiers de comté dans le comté.
Puis l'Union des Électeurs tient des assemblées régulières. Au moins une par mois dans la paroisse. Que doit-elle faire à ces assemblées ?
Elle doit poursuivre son action propre : Voir aux moyens de grossir ses effectifs et, par des résolutions appropriées, exprimer des demandes communes aux représentants du peuple.
Tout ce qui sort de là est du temps perdu.
À titre d'exemple, nous pourrions citer un groupe, sans doute bien intentionné, qui a passé une bonne partie de son assemblée à rédiger une résolution, avec beaucoup d'attendus, pour demander à l'Institut d'Action Politique de changer de manière dans l'organisation de l'Union des Électeurs.
L'Institut d'Action Politique est une organisation éducationnelle et orientationnelle. Il ne peut donc bien fonctionner que par la manière pyramidale, de haut en bas, et non de bas en haut.
L'Union des Électeurs ne forme pas ses cadres pour dicter des méthodes d'éducation ou de propagande ou d'organisation à l'Institut d'Action Politique, mais pour commander des résultats aux représentants du peuple.
La même résolution demandait ensuite pour les adhérents à l'Union des Électeurs des droits dont ils jouissent déjà. Si l'auteur de la résolution avait seulement lu attentivement le catéchisme de l'Union des Électeurs, il se serait dispensé de cette digression inutile.
Le groupe en question a donc perdu un temps précieux ce soir-là, parce qu'il est sorti de son rôle.
Nous voudrions insister sur ce premier point du programme d'action de l'Union des Électeurs monter et grossir ses effectifs.
Y a-t-il dix membres dans une paroisse ? S'ils ont réellement envie d'exercer une pression effective sur leur député, ces dix membres doivent viser à être vingt au plus tôt, puis trente, puis cent.
C'est la masse des électeurs qu'il faut amener à l'Union des Électeurs, au moins à titre de simples adhérents. Puis, le plus grand nombre possible à titre de membres lecteurs, de membres qui se renseignent, qui apprennent à voir clair et à juger juste.
Multiplier les membres lecteurs, c'est ajouter la qualité au nombre. La force vient du nombre, mais elle vient aussi de la qualité. Le député sait faire la différence. Il est sensible aux deux : sensible au nombre, parce qu'il tient à garder assez de votes pour être réélu ; sensible à la qualité, parce qu'il a toujours l'espoir de faire virer des ignorants en temps de campagne électorale, grâce à la machine bien financée du parti, mais il conserve peu d'espoir près des gens qui se renseignent constamment sur les principes et sur les faits de la politique.
De plus, multiplier les membres lecteurs, c'est augmenter la circulation du journal VERS DEMAIN. Et là, ce n'est pas seulement le député du comté, mais tous les députés de la province et le gouvernement lui-même qui sont sensibles. Lorsqu'un journal qui compte 60,000 ou 100,000 de circulation parle d'eux et de leurs actes publics, ils y trouvent beaucoup plus d'effet que s'il s'agissait d'un journal de 5,000 ou 10,000 de circulation.
Le journal Vers Demain est donc pour l'Union des Électeurs, non seulement un organe d'éducation et de renseignements, mais aussi sa meilleure arme pour faire valoir ses revendications.
Ajoutons que l'Union des Électeurs doit constamment chercher à grossir aussi le nombre de ses membres, officiels, de ceux qui assument la responsabilité de la faire vivre et de parler en son nom.
En rappelant à l'Union des Électeurs qu'elle doit se borner aux objectifs, sur lesquels tout le monde est d'accord, et éviter de perdre son temps à bavarder sur des méthodes, où il peut y avoir autant d'opinions que de têtes, nous ne minimisons aucunement la mission de l'Union des Électeurs.
Sa mission est grande : commander des résultats.
C'est, au fond, la mission des députés, mais celle qu'ils n'accomplissent pas. Nos députés passent justement leur temps à parler de méthodes, à étaler leur prétendue expertise, au lieu de s'en tenir à demander au gouvernement, d'un commun accord et avec instances, ce que tout le monde désire et ardemment.
Voyez ce qui s'est passé à la session de Québec et se passé à la session d'Ottawa. Une fois la session finie, la grande voix du peuple qui veut une vie plus sûre dans un pays riche, qui veut la fin de la misère et des soucis du lendemain dans un Canada d'abondance, cette voix-là a-t-elle parlé à la Chambre de Québec ou aux Communes d'Ottawa ? Pas du tout. Aussi, rien n'est amélioré dans le sort des individus ou des familles.
C'est le gouvernement qui vient avec ses plans et qui détermine les sujets que les députés vont aborder. Le peuple, zéro. Les députés comme porte-voix du peuple, zéro.
Voilà pourquoi l'Union des Électeurs a une grande mission à remplir. Elle doit forcer les députés à imposer le sujet au gouvernement. Elle doit les mettre dans l'obligation de dire au gouvernement ce que les électeurs eux-mêmes, assemblés dans une salle, lui diraient si le gouvernement leur demandait ce qu'ils veulent.
Cela ne se fait pas. Cela ne s'est jamais fait d'une manière ordonnée, concertée et persévérante. C'est une innovation à introduire.
Dans cette grande œuvre, l'Institut d'Action Politique apporte ses lumières et ses apôtres. Mais c'est à l'Union des Électeurs de poser les actes politiques, et de les appuyer de tout le poids du nombre et de la qualité de ses membres.
À chacune de ses assemblées, soit de paroisse, soit de comté, la grande préoccupation de l'Union des Électeurs doit donc être de fortifier son nombre et sa qualité pour devenir une force réelle. Si une assemblée se termine sans avoir augmenté le nombre de ses membres, ou sans avoir arrêté des moyens concrets pour en augmenter le nombre dans les jours qui suivent, c'est une assemblée inutile ; les plus beaux discours n'y changent rien.
L'Union des Électeurs sera forte et réussira dans son action politique si elle reste dans la ligne de ses objectifs et fournit des efforts constants pour les atteindre.