Dans son rôle propre

le mercredi, 01 mai 1946. Dans La vie créditiste

L'Union des Électeurs est un organisme démo­cratique. Elle existe donc pour imposer des objec­tifs, mais nullement pour s'empêtrer dans les mé­thodes.

L'action de l'Union des Électeurs

L'action politique de l'Union des Électeurs doit consister :

    1. À grossir ses effectifs pour être plus puis­sante ;

    2. À dire aux représentants élus du peuple ce que le peuple désire communément ;

    3. À faire pression sur les représentants élus pour qu'ils accomplissent la volonté du peu­ple ainsi clairement exprimée ;

    4. À exercer les sanctions nécessaires contre des représentants qui refusent de servir.

Tous ces points ont été exprimés maintes et maintes fois. Les lecteurs de Vers Demain savent, par exemple, que l'Union des Électeurs d'un com­té, une fois suffisamment forte, ira trouver le dé­puté du comté et lui demander d'appuyer le pro­gramme de l'Union des Électeurs, programme qui répond aux aspirations de sécurité économique et de liberté personnelle de tous les citoyens.

Si le député refuse de soutenir le programme de ses électeurs, les électeurs organisés feront jouer les sanctions. Ils exposeront à tout le comté l'infi­délité du député et ils procéderont à nommer un mandataire pour exercer les fonctions que le dé­puté refuse d'exercer. Ils grossiront encore leur nombre et, à la première occasion, ils chasseront le député infidèle pour le remplacer officiellement par le mandataire fidèle.

Écueils à éviter

Pour procéder efficacement et dans l'ordre, l'Union des Électeurs s'organise en cadres. Dans la paroisse, l'Union des Électeurs de la paroisse. Dans le comté, l'Union des Électeurs du comté. Avec officiers de paroisse dans la paroisse ; avec officiers de comté dans le comté.

Puis l'Union des Électeurs tient des assemblées régulières. Au moins une par mois dans la paroisse. Que doit-elle faire à ces assemblées ?

Elle doit poursuivre son action propre : Voir aux moyens de grossir ses effectifs et, par des résolu­tions appropriées, exprimer des demandes commu­nes aux représentants du peuple.

Tout ce qui sort de là est du temps perdu.

À titre d'exemple, nous pourrions citer un grou­pe, sans doute bien intentionné, qui a passé une bonne partie de son assemblée à rédiger une réso­lution, avec beaucoup d'attendus, pour demander à l'Institut d'Action Politique de changer de ma­nière dans l'organisation de l'Union des Électeurs.

L'Institut d'Action Politique est une organisa­tion éducationnelle et orientationnelle. Il ne peut donc bien fonctionner que par la manière pyrami­dale, de haut en bas, et non de bas en haut.

L'Union des Électeurs ne forme pas ses cadres pour dicter des méthodes d'éducation ou de pro­pagande ou d'organisation à l'Institut d'Action Politique, mais pour commander des résultats aux représentants du peuple.

La même résolution demandait ensuite pour les adhérents à l'Union des Électeurs des droits dont ils jouissent déjà. Si l'auteur de la résolution avait seulement lu attentivement le catéchisme de l'Union des Électeurs, il se serait dispensé de cette digression inutile.

Le groupe en question a donc perdu un temps précieux ce soir-là, parce qu'il est sorti de son rôle.

Grossir les effectifs

Nous voudrions insister sur ce premier point du programme d'action de l'Union des Électeurs monter et grossir ses effectifs.

Y a-t-il dix membres dans une paroisse ? S'ils ont réellement envie d'exercer une pression effecti­ve sur leur député, ces dix membres doivent viser à être vingt au plus tôt, puis trente, puis cent.

C'est la masse des électeurs qu'il faut amener à l'Union des Électeurs, au moins à titre de simples adhérents. Puis, le plus grand nombre possible à titre de membres lecteurs, de membres qui se ren­seignent, qui apprennent à voir clair et à juger jus­te.

Multiplier les membres lecteurs, c'est ajouter la qualité au nombre. La force vient du nombre, mais elle vient aussi de la qualité. Le député sait faire la différence. Il est sensible aux deux : sensible au nombre, parce qu'il tient à garder assez de votes pour être réélu ; sensible à la qualité, parce qu'il a toujours l'espoir de faire virer des ignorants en temps de campagne électorale, grâce à la machine bien financée du parti, mais il conserve peu d'es­poir près des gens qui se renseignent constamment sur les principes et sur les faits de la politique.

De plus, multiplier les membres lecteurs, c'est augmenter la circulation du journal VERS DE­MAIN. Et là, ce n'est pas seulement le député du comté, mais tous les députés de la province et le gouvernement lui-même qui sont sensibles. Lors­qu'un journal qui compte 60,000 ou 100,000 de circulation parle d'eux et de leurs actes publics, ils y trouvent beaucoup plus d'effet que s'il s'agissait d'un journal de 5,000 ou 10,000 de circulation.

Le journal Vers Demain est donc pour l'Union des Électeurs, non seulement un organe d'éduca­tion et de renseignements, mais aussi sa meilleure arme pour faire valoir ses revendications.

Ajoutons que l'Union des Électeurs doit cons­tamment chercher à grossir aussi le nombre de ses membres, officiels, de ceux qui assument la respon­sabilité de la faire vivre et de parler en son nom.

Grande mission

En rappelant à l'Union des Électeurs qu'elle doit se borner aux objectifs, sur lesquels tout le monde est d'accord, et éviter de perdre son temps à ba­varder sur des méthodes, où il peut y avoir autant d'opinions que de têtes, nous ne minimisons au­cunement la mission de l'Union des Électeurs.

Sa mission est grande : commander des résul­tats.

C'est, au fond, la mission des députés, mais celle qu'ils n'accomplissent pas. Nos députés passent justement leur temps à parler de méthodes, à éta­ler leur prétendue expertise, au lieu de s'en tenir à demander au gouvernement, d'un commun accord et avec instances, ce que tout le monde désire et ardemment.

Voyez ce qui s'est passé à la session de Québec et se passé à la session d'Ottawa. Une fois la ses­sion finie, la grande voix du peuple qui veut une vie plus sûre dans un pays riche, qui veut la fin de la misère et des soucis du lendemain dans un Ca­nada d'abondance, cette voix-là a-t-elle parlé à la Chambre de Québec ou aux Communes d'Ottawa ? Pas du tout. Aussi, rien n'est amélioré dans le sort des individus ou des familles.

C'est le gouvernement qui vient avec ses plans et qui détermine les sujets que les députés vont aborder. Le peuple, zéro. Les députés comme por­te-voix du peuple, zéro.

Voilà pourquoi l'Union des Électeurs a une grande mission à remplir. Elle doit forcer les dé­putés à imposer le sujet au gouvernement. Elle doit les mettre dans l'obligation de dire au gouver­nement ce que les électeurs eux-mêmes, assemblés dans une salle, lui diraient si le gouvernement leur demandait ce qu'ils veulent.

Cela ne se fait pas. Cela ne s'est jamais fait d'une manière ordonnée, concertée et persévérante. C'est une innovation à introduire.

Dans cette grande œuvre, l'Institut d'Action Politique apporte ses lumières et ses apôtres. Mais c'est à l'Union des Électeurs de poser les actes po­litiques, et de les appuyer de tout le poids du nombre et de la qualité de ses membres.

À chacune de ses assemblées, soit de paroisse, soit de comté, la grande préoccupation de l'Union des Électeurs doit donc être de fortifier son nom­bre et sa qualité pour devenir une force réelle. Si une assemblée se termine sans avoir augmenté le nombre de ses membres, ou sans avoir arrêté des moyens concrets pour en augmenter le nombre dans les jours qui suivent, c'est une assemblée inutile ; les plus beaux discours n'y changent rien.

L'Union des Électeurs sera forte et réussira dans son action politique si elle reste dans la ligne de ses objectifs et fournit des efforts constants pour les atteindre.

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