Crédit Social

le dimanche, 01 mai 1938. Dans Cahiers du Crédit Social

Nous l'avons déjà dit, le Crédit Social, constatant que le système économique ne fonctionne mal que dans le mécanisme monétaire, s'en prend à ce mécanisme. On ne corrige pas ce qui est bon. On corrige ce qui est mauvais. La monnaie est devenue la maîtresse de l'homme ; le Crédit Social veut la dompter et en faire la servante de l'homme.

Ce n'est pas une prétention de visionnaire. Si c'était seulement un rêve, les financiers qui mènent le monde ne seraient pas sur les épines chaque fois que le Crédit Social leur passe sous les yeux... ou sous le nez.

Que veut donc le Crédit Social ? Il veut :

1. ─ Que chaque individu dans la société ait au moins de quoi satisfaire les besoins premiers de son corps et de son esprit. Autrement dit, personne, ni homme, ni femme, ni enfant, ni vieillard, ne doit manquer du nécessaire dans un pays où il y a tout ce qu'il faut pour donner plus que le nécessaire à tout le monde. Le Crédit Social réclame donc l'abolition de l'indigence, du dénuement, de la misère.

2. ─ Que l'ensemble des consommateurs puissent se procurer l'ensemble des produits faits pour eux. Autrement dit, qu'on puisse acheter tout ce qu'on peut produire, qu'il y ait en face des produits autant de monnaie qu'il en faut pour les faire passer chez les consommateurs.

Le nécessaire garanti à tout le monde

Ce premier point peut paraître du communisme à plusieurs, parce qu'on nous a habitués à un système barbare, et nous en sommes venus à croire que l'ordre établi est ce qu'il doit être et que c'est un péché de vouloir le changer. C'est le contraire qui est vrai.

Lorsque nous réclamons la garantie sociale de la sécurité économique de l'individu, nous sommes en plein accord avec la sociologie catholique. TOUS et CHACUN doivent avoir accès à une honnête subsistance.

Que propose le Crédit Social pour garantir le nécessaire à tous et à chacun ? Il propose le dividende national, une certaine somme de monnaie périodiquement à chaque membre de la société, afin que chacun soit assuré de pouvoir se procurer au moins le nécessaire. C'est un dividende, parce que ce sont les surplus de la société répartis entre les sociétaires. Ce n'est pas une charité, ni un secours direct. Le sociétaire y a droit, et cet argent ne vient pas de la poche des autres. Où le prendre ? On le verra plus loin, après une petite étude de la monnaie.

L'équilibre

L'autre point du Crédit Social, c'est que, en face de la production, il y ait assez de monnaie pour acheter cette production : l'équilibre entre la capacité de la production à livrer les biens et la capacité d'achat des consommateurs.

Comment l'établir ? En abaissant le prix des produits au niveau du pouvoir d'achat (collectivement parlant), et en compensant le marchand pour cet abaissement des prix. C'est-à-dire en mettant de la nouvelle monnaie en circulation chaque fois qu'un acheteur achète des marchandises, de façon à combler ce qui manque entre les mains des acheteurs, au lieu de laisser les marchandises se perdre ou s'accumuler à tel point que la production arrête et que le chômage s'accentue.

Mais où prendre cette nouvelle monnaie ? Même réponse que tantôt : il faut d'abord comprendre au juste ce que c'est que la monnaie et comment la monnaie vient au monde. Comment aussi elle disparaît.

Faisons donc une petite étude de la monnaie, étude qui devrait se faire à l'école, mais que bien des gens n'ont jamais faite, même après avoir passé par l'Université.

C'est un sujet vital, car nous avons tous à faire avec la monnaie tous les jours, et parce que nous souffrons tous quand la monnaie ne fonctionne pas, quand elle ne fait pas passer les articles du magasin dans les maisons.

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