Au Hasard Des Rencontres

le mardi, 01 juin 1937. Dans Cahiers du Crédit Social

"Le Soleil

Le soir d'une conférence créditiste donnée à St-Malo de Québec, un ami nous a montré un éditorial du "Soleil” où l'on déclarait impossible l'établissement d'un système monétaire Crédit Social. Passe encore, écrivait-il, s'il s'agissait d'une petite île isolée, avec une petite population, mais pas dans le système économique complexe de nos pays civilisés. Ce qui revient à dire, puisque le Crédit Social est un système monétaire réglé par une comptabilité : la comptabilité est possible pour une petite compagnie qui ne fait de commerce que dans sa propre localité ; mais il n'en peut être question pour de grandes compagnies lancées même dans le commerce d'exportation, une comptabilité pour elles est impossible.

Si l'on a peur de se fatiguer les méninges et qu'on préfère le laisser-faire, quitte à subir l'esclavage le plus avilissant, on acceptera les conclusions de ce “Soleil” couché.

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La swastika dispense-t-elle de raisonnement ? Un compagnon de travail nous a invité à lire un article du "Fasciste Canadien” qui, en grandes manchettes, taxait le Crédit Social de Communisme déguisé. Celui-là écrit sans doute pour des retardataires. Peut-être n'en a-t-il pas d'autres comme lecteurs. Mais quand, au lieu de faire appel à l'intelligence, on glorifie le règne du biceps décoré d'une croix déformée, on ne s'embarrasse pas d'arguments.

De raisonnement, point, mais les assertions injurieuses gratuites, les plus extravagantes. C'est ainsi que l'auteur traite l'ingénieur écossais Douglas de Juif hollandais ! Mais y a-t-il tant à s'étonner ?... En 1932 paraissait, dans le "Goglu" et le “Miroir," une série d'articles illustrés, rédigés par un "chef” goglu d'alors, fasciste d'aujourd'hui, dans lesquels on présentait M. Harpell comme un Juif conduisant les forces israélites à l'assaut de la "grande institution chrétienne" qu'est la Sun Life ! À noter que ce gueulard savait parfaitement ce qu'il faisait. Son inspiration naissait-elle du zèle pour ses frères ou de l'appât de la récompense promise ? A-t-il beaucoup changé depuis ?

Le rédacteur de l'article du Fasciste ne signe pas, mais il y a bien des traits de ressemblance...

Avec un sérieux comique, il nous assure que, lorsque les Fascistes auront pris le pouvoir, ils sauront bien corriger la misère en déconcentrant la richesse... sans doute par l'entremise de la Sun Life !

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"L'Actualité Économique"

Un lecteur attire notre attention sur des réflexions parues dans "l'Actualité Économique" d'avril, sous la rubrique "Faits et Nouvelles,” page 71 pour être exact.

L'Actualité Économique est l'organe officiel des Hautes-Études et le Crédit Social ne semble pas encore avoir ébranlé la foi orthodoxe de nos distingués professeurs et étudiants de cette section de l'Université. L'histoire du monument inachevé sur la montagne et de l'armée de chômeurs dans la plaine aurait pourtant de quoi soulever des points d'interrogation.

Nous ne nous tracassons pas de ce que l'Actualité Économique dit de “l'aventure Aberhart," mais nous relevons ce paragraphe :

"L'étonnant, c'est que, en dépit des avatars du gouvernement de l'Alberta, la théorie du Crédit Social continue à se répandre en divers milieux. Chez certains, cela devient de la toquade. Les arguments les plus puissants restent sans effet : on ne raisonne plus. Il n'est pas de problème, d'ordre économique, d'ordre social ou politique, qui ne recevrait sa solution de cette universelle parade. On oublie qu'il n'y a guère de nouveau sous le soleil et que ce que l'on offre aujourd'hui comme le grand remède a déjà été maintes et maintes fois essayé pour le malheur des gens."

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Si l'auteur sait ce que propose le Crédit Social, nous serions curieux d'apprendre où et quand il a été "essayé maintes fois pour le malheur des gens."

L'auteur parle de remède : il reconnaît au moins la maladie; quel remède lui et son aréopage ont-ils à recommander, et pourquoi ne se pressent-ils pas de le faire ?

Nous prétendons qu'il est stupide autant qu'inhumain de laisser des foules dans la pauvreté quand l'abondance se perd sous nos yeux. Mais, paraît-il, nous ne raisonnons pas. Les arguments les plus puissants restent sans effet sur les créditistes : ceux-ci ont au moins de la conviction. Chez certains (d'entre nous), cela devient de la toquade. C'est justement à des toqués — plus peut-être qu'à des togés — qu'on doit les innovations les plus hardies qui ont marqué les étapes du progrès.

L'histoire, vraie ou légendaire, nous représente un Néron jouant du violon pendant que Rome brûle. Sans doute que, pour ce sage-là aussi, ceux qui s'agitaient pour éteindre l'incendie étaient des toqués.

Après tout ceci, nous remercions sincèrement l'auteur d'affirmer que la théorie du Crédit Social continue à


Vient de paraitre :

La brochure du R. P. Lévesque “Crédit Social et Catholicisme” est aussi publiée en anglais, sous le titre : "Social Credit and Catholicism." Si vous avez des amis qui ne lisent que l'anglais, recommandez-leur ce fascicule. Au même prix que l'édition française, 10 sous.

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