L'annonce des banques à charte qui court de ce temps-ci déclare :
"Les banques sont, dans tous les sens du mot, les serviteurs du public."
Dans tous les sens du mot. Même dans le sens où un serviteur endette et étrangle son maître.
Servantes du public — rappelant plus d'argent qu'elles n'en laissaient aller, donc raréfiant l'argent pendant les dix années de 1930 à 1940. Servantes du public qu'elles forçaient à se priver devant des montagnes de produits.
Servantes du public pendant la guerre, les banques qui laissent l'argent augmenter à condition que la dette augmente. Servantes du public, qui financent la tuerie à condition de pouvoir drainer les poches du public lorsque la paix reviendra.
Les banques sentent le besoin de se canoniser elles-mêmes, parce qu'elles sont de moins en moins canonisées par un public qui ouvre de plus en plus les yeux.
Si à force d'exposer à nu la supercherie des banques, on allait leur jouer un mauvais tour l'année prochaine, lorsqu'il sera question de renouveler leurs privilèges pour dix ans à Ottawa, voilà qui serait irréparable. Une seule brèche dans leur forteresse risquerait de compromettre la perpétuation de leur contrôle. Elles ne peuvent le permettre.
Aussi l'annonce continue :
"Lord Macmillan, dans le rapport de la Com mission royale de 1933, s'exprimait ainsi : Le mécanisme de la finance est délicat ; si la confiance sur laquelle il repose croît avec lenteur, elle peut être détruite du jour au lendemain ; aussi ceux à qui incombe la responsabilité du bien-être du peuple doivent-ils agir avec prudence quand il s'agit d'y apporter des changements."
Si le mécanisme de la finance est délicat, c'est parce qu'il n'est pas conforme aux faits. Est-ce que le mécanisme de la production et du transport est si délicat, si précaire ? Est-ce que la production menace de ne plus pouvoir fournir de biens ?
Si la confiance sur laquelle repose le mécanisme de la finance peut être détruite du jour au lendemain, c'est que la base de cette confiance n'est pas dans les faits, mais dans une supercherie. Si la base de la confiance était dans les produits qui répondent à l'argent, la base serait aussi solide que la capacité de production elle-même. Elle ne ne pourrait que se fortifier à mesure du progrès.
Une base établie sur la tromperie est chancelante, en effet, à mesure que la lumière se fait. Mais, plus vite on se débarrasse du menteur, le mieux c'est pour les victimes du mensonge.
Ceci n'est pas pour nier la valeur du service de comptabilité des banques. Une banque opérant seulement comme banque serait un service irréprochable. Une banque opérant comme souverain et comme mécanisme d'endettement n'est qu'une odieuse dictature.