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Ce candidat

le dimanche, 15 décembre 1940. Dans Autres

Oui, je me présente à l'échevinage cette année.

Il y a assez longtemps que nous, les pauvres propriétaires de la ville de Montréal, nous nous faisons exploiter. Je suis bien décidé. J'irai défendre nos intérêts. Puisque la nouvelle constitution de la Cité de Montréal invite les propriétaires à une si belle représentation, j'en profiterai. Je me ferai défenseur de nos droits.

— Mes compliments, monsieur le candidat. Mais, qu'allez-vous réclamer ?

— Comment, vous êtes propriétaire, madame ? Vous ne vous apercevez donc pas que c'est nous qui portons tout le fardeau des taxes dans notre ville !

— Je me rends compte en effet, que nous sommes égorgés, ni plus ni moins. Et c'est pour cela que je vous demande comment vous allez vous y prendre pour diminuer la charge d'impôts qui nous écrase.

— Je vais tout simplement demander que les taxes soient mieux réparties.

— C'est-à-dire que vous voulez jeter sur le dos des autres le fardeau qui vous écrase ?

— Ce devrait être à chacun son tour de payer, je pense.

— Monsieur le candidat, je ne vous demanderai pas si vous savez ce que c'est que le bien commun. Et je ne vous dirai pas que si votre voisin est dans la misère, cette misère même vous atteindra un jour. Mais, dites-moi, en êtes-vous encore à considérer que le problème des échevins est un problème de répartition des taxes ? Pourquoi ne serait-il pas un problème de diminution de taxes ?

— Ah ! les taxes, les taxes, elles ne diminueront jamais. Elles augmentent encore.

— Pourquoi augmentent-elles ?

— Mauvaise administration.

— Sans doute. Et en quoi consiste cette administration d'après vous ?

— Cela vient du gaspillage des administrateurs.

— Du gaspillage ? Qu'est-ce qu'on paye de trop dans la ville de Montréal ?

— Il y a du coulage partout.

— Peut-être, monsieur le candidat. Mais, je suis sûre que vous ne savez pas à quel endroit ça coule le plus.

— Je l'apprendrai lorsque je serai à l'Hôtel-de-ville.

— Si vous aviez étudié le Crédit Social, vous le sauriez déjà.

— Je n'ai pas eu le temps d'étudier le Crédit Social,

— Croyez-vous, monsieur le candidat, que vous aurez plus de temps lorsque vous serez échevin ?

— Alors, je verrai sur les lieux.

— Il y a nombre d'échevins qui ont vu sur les lieux et qui n'ont pas compris davantage, parce qu'ils ne savaient pas que les banques qui prêtent le crédit le fabriquent de toutes pièces, et que c'est justement cette fameuse dette au banquier qui étouffe les propriétaires de la ville de Montréal, comme d'ailleurs tous les contribuables du pays. Monsieur le candidat, si vous aviez appris tout ce qui s'enseigne chez les créditistes, vous arriveriez à l'Hôtel-de-ville les yeux ouverts.

— Mais, puisque je vous dis que je n'ai pas eu le temps.

— Comment prétendez-vous défendre les intérêts du peuple si vous n'avez pas le temps d'étudier ses problèmes ?

Et ce candidat fut élu...

MARIE

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