Les partis politiques divisent

Louis Even le dimanche, 23 janvier 1966. Dans Economie

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Mes bien chers amis,

Louis EvenÀ mesure qu'approche le terme d'un Parlement et que s'annonce à venir prochainement une élection, les députés se montrent nerveux. On remarque qu'ils sont plus excités et puis ils ne font pas autant attention aux affaires courantes. Qu'est-ce que c'est qui les rend nerveux ? Qu'est-ce que c'est qui fait cette nervosité là ? Est-ce parce que ils sont intéressés aux misères qu'ont le peuple, aux difficultés qu'il y a dans les familles, est-ce cela qui les intéresse, est-ce cela qui les rend anxieux ? pas du tout.

C'est parce que ils prévoient un appel au peuple, un appel au peuple, une élection cela veut dire que le député va aller de nouveau devant le peuple pour savoir quel va être son sort s'il va être réélu ou pas élu. Et en dehors du Parlement il y en a aussi des aspirants députés qui s'intéressent cette année-là pour savoir s'ils vont être élus, s'ils vont être candidats ou pas candidats.

Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que le politicien s'intéresse à son propre sort bien plus qu'au sort du peuple. Un député est supposé (être) le représentant du citoyen. Mais il se représente surtout lui-même; c'est lui-même qui est intéressé à son sort avant tout. Le peuple, le peuple peut souffrir, les familles peuvent avoir besoin d'argent, les enfants sont nombreux, les allocations familiales toutes petites, cela n'émeut pas les députés; mais leur sort, ah, c'est cela qui compte. L'élection c'est important pour eux; ce jour-là va décider s'ils vont être encore au Parlement ou ne pas y être.

Et bien, c'est à ces gens-là qu'on veut que le peuple donne sa confiance, qui y confie ses intérêts. " Élisez-les et puis après ils vont prendre soin de vos affaires. " On voudrait que le peuple, une fois qu'il a choisi ses parlementaires le jour de l'élection, n'ait plus à s'occuper de ça, que ça va marcher tout seul.

Il est temps. Il est grand temps que le peuple apprenne que ce n'est pas ça qui va régler ses affaires. Il faut que le peuple apprenne à se conduire en citoyen responsable et la responsabilité, ça ne consiste pas à ce qu'on fait l'espace d'une ou deux minutes, derrière un écran, bien caché pour faire croix après un nom. Si c'est toute la responsabilité du citoyen d'une démocratie, ça ne va pas bien loin. Aussi qu'est-ce qu'on remarque, les résultats, vous avez beau changé de Parlement ou mettre le même, il y a pas de différence dans la ligne de conduite de la politique : les taxes continuent pareilles, les privations pareilles dans les maisons, le coût de la vie pareil, le chômage pareil.

" oui ", disent quelques-uns. " C'est parce que c'est les vieux partis qui sont là. Mais si on mettait un nouveau parti, des gens nouveaux, ça changerait. Là ça changerait."

Écoutez donc, si le peuple n'est pas capable actuellement de se faire écouter par le gouvernement actuel, comment va-t-il être plus capable de se faire écouter après à moins qu'il se fortifie lui-même, à moins que le peuple devienne plus puissant. Il ne se fera pas plus entendre par d'autres politiciens que par les politiciens actuels. Or, une élection, des partis politiques devant le peuple ça fait la division du peuple. Si vous avez deux partis et bien le peuple va se diviser en deux camps pour les élections; les uns vont être par exemple pour le parti Libéral, les autres pour le parti Conservateur. Si vous introduisez un troisième parti ça fera une troisième division, un quatrième parti ? Une quatrième division. Le peuple est divisé comme ça en morceaux se combattant les uns les autres; croyez-vous qu'il va être plus fort qu'un peuple uni ? Non. pas du tout. Et ceux qui le prétendent en faisant un nouveau parti, qu'il s'appelle Parti Socialiste, Nouveau Parti Démocratique ou bien Parti du Crédit Social, c'est la même chose. C'est introduire de nouvelles divisions dans le peuple, c'est l'affaiblir davantage.

Et pour parler un peu de ceux qui se présentent sous le nom de Parti du Crédit Social, ils se trompent eux-même ou plutôt ils veulent tromper le peuple. Ce n'est pas du tout le crédit Social; ce sont des politiciens. Le Crédit Social authentique ne croit pas à la formule des élections, à la formule de la division du peuple pour servir le peuple. Et le fondateur même du Crédit Social, le major Douglas, le dit carrément :

" Il y a incompatibilité entre le Crédit Social et la politique électorale. La politique électorale c'est une politique de division et le Crédit Social est une politique d'union. " Le Crédit Social authentique tel que le prêche le journal Vers Demain, tel que le message porté par les Bérets Blancs dans les maisons. Cette politique du Crédit Social voit surtout à montrer aux gens, au peuple, aux familles, qu'ils ont les mêmes besoins fondamentaux, les mêmes désirs, les mêmes aspirations fondamentales. Ils veulent tous avoir leur sécurité, avoir l'assurance du jour, avoir l'assurance du lendemain.

Puisqu'ils veulent tous la même chose, pourquoi ne pas se mettre tous ensembles, c'est pour cela que le journal Vers Demain dit : Laissez donc la question des divisions . Il y en a déjà trop, n'en faites pas une de plus mais mettez-vous ensembles pour demander ce que tout le monde veut avoir. Et dans ce travail-là, quand on va aux maisons, on remarque si ce sont des gens qui sont pas trop pris dans ce parti, ils entendent le message, ils disent que ça a du bon sens mais si c'est des gens qui sont ou Libéraux ou Conservateurs, si on a le malheur de lancer le mot Crédit Social et un dividende à tout le monde, u n dividende du Crédit Social, ils disent : " Ah, c'est le parti du Crédit Social, je suis contre ça parce que j'appartiens au parti Libéral ou bien il y en a qui disent, j'appartiens au parti Conservateur. Ou encore : Ah, un nouveau parti, c'est la même chose que les autres, ça ne change rien. "

Ils ont raison de dire que ça ne change rien et un mot ici en passant : À ceux qui sont Libéraux ou qui sont Conservateurs, que ça ne vous dérange pas, votez donc libéraux si vous aimez ça, votez pour votre candidat Libéral, si vous êtes conservateurs, ça ne fait rien du tout cela, mais mettez-vous ensembles pour demander soit à votre Conservateur soit à votre Libéral une chose que vous voulez tous avoir; qu'est-ce que c'est qu'on veut tous ? On veut tous avoir assez d'argent pour vivre. On veut avoir une part de la production du pays et on y a droit. On veut avoir cela. Maintenant demandez-le aux députés, au gouvernement de quelle couleur qu'il soit, ça ne dérange rien, ça. Mais c'est la doctrine du Crédit Social : le droit de tout le monde à une part des biens de la terre. Tous les citoyens ont droit à une part des biens du Canada; ça c'est un principe parce que la terre et ses biens ont été créés pour tout le monde et parce que la production d'un pays est faite à même les ressources naturelles du pays qui appartiennent à tout le monde. Elle est faite aussi par le travail des individus et le travail des individus est récompensé par le salaire. Mais les salaires ne paient pas les prix parce que tout le monde n'est pas employé mais tout le monde est propriétaire des richesses naturelles du pays.

À part de ça, dans la production il y a bien d'autres choses que le travail; il y a autre chose que le capital-piastre. Il y a le progrès, il y a les machines, il y a l'automation, il y a la motorisation, à toutes ces choses-là qui rendent la production plus abondante même avec moins de bras et qu'est-ce que c'est que cette chose-là ? C'est le plus gros capital producteur du pays. Retranchez donc seulement pour un instant l'électricité, retranchez la vapeur, retranchez l'utilisation de l'énergie du pétrole, toutes ces choses-là qui ont été inventées depuis 100, 200, 300 ans, retranchez ça de la production aujourd'hui, quelle production allez-vous avoir ? Même avec tout le travail, tous les travailleurs du pays, s'efforçant de faire de plus longues heures des journées, des longueurs de semaines pour produire, ils produiront pas le quart, pas même le dixième de ce qu'on produit aujourd'hui.

Ah qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que ce progrès, ces choses-là c'est cela qui fait la production grosse d'aujourd'hui. Ah qui est-ce qui a gagné ça ? Qui est-ce qui a gagné le progrès ? Qui est-ce qui peut dire : moi aujourd'hui je suis celui qui a inventé le pouvoir électrique, c'est moi qui a inventé l'utilisation de la vapeur, c'est moi qui ai inventé les moteurs à pétrole. Etc... ? Non. Ce sont des générations passées qui nous ont passé ça. Personne aujourd'hui n'est le propriétaire exclusif de ces choses-là mais tout le monde en est copropriétaire; c'est un héritage collectif et tant qu'on n'aura pas admis ça que tout le monde aujourd'hui est cohéritier des générations passées, on aura la politique et l'économie de loups qu'on a aujourd'hui qui sans gêne prend tout pour lui même ce qu'il a pas gagné même ce qu'ont gagné les ancêtres pour tout le monde.

Et bien le Crédit Social dit ce n'est pas comme cela. Il faut que la production donne quelque chose à tout le monde parce que tout le monde est propriétaire du plus gros capital de production aujourd'hui. Quand on parle de capital, faut pas penser rien qu'aux piastres; mettez les piastres haut comme vous voudrez, montez les jusqu'au ciel si vous voulez, si vous avez pas de richesses naturelles dans le pays les piastres ne développeront rien. Si on n'a pas de travail non plus. Mais le travail de moins en moins et de plus en plus de progrès et les richesses naturelles. Or les richesses naturelles, propriétés de tout le monde, le progrès, propriété de tout le monde, le travail, propriété de celui qui le produit, celui qui le donne. Alors, le salaire au travailleur et à tout le monde comme co-capitaliste, comme cohéritier, un dividende.

Voilà ce que dit le Crédit Social. C'est la formule pour distribuer la richesse d'une autre manière au lieu de la distribuer rien qu'à ceux qui gagnent actuellement, la distribuer à ceux qui gagnent, oui et aux enfants, aux fils, aux héritiers de ceux qui ont gagné dans le passé.

Cette théorie là, cette distribution de la richesse de cette manière-là accomplirait parfaitement le but de la production. Le pape Pie XII nous l'a rappelé bien souvent :

" Les richesses de la terre ont été créées pour tous les hommes et doivent être mises à la disposition de tous. Et c'est par du fait de sa nature, dit-il, l'homme a un droit fondamental aux biens de la terre. Il a le droit d'user des biens matériels du seul fait qu'il est un être doué de raison. " Non pas parce qu'il est employé mais parce qu'il est doué de raison et cette production du pays doit être distribuée à tous les citoyens pourtant on n'est pas capable de l'atteindre avec les moyens actuels, il faut absolument le dividende du Crédit Social. Mais encore une fois, pour faire prévaloir cette idée-là dans les esprits, convaincre les gens que c'est la meilleure manière la plus adéquate, la plus conforme à la justice de distribuer les biens, et pour convaincre les gens, ce n'est pas de former un parti politique, c'est l'éducation du peuple, d'aller à lui comme font les Bérets Blancs, comme font les Pèlerins d'un monde meilleur qui vont aux maisons de ce temps-ci.

Ils vont justement pour présenter un monde meilleur, un monde où la richesse sera mieux distribuée à l'homme, un monde moins loup, un monde plus fraternel et c'est cela que proclame le journal Vers Demain que je vous invite à lire. Abonnez-vous à Vers Demain et recevez les Bérets Blancs.

Louis Even