Terroristes

le jeudi, 16 janvier 2070. Dans Conspiration

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Mesdames, Messieurs,

Louis EvenLa population du Canada, celle du Québec surtout, n'oubliera sans doute pas de sitôt les évènements d'octobre qui l'ont surprise, stupéfiée, horrifiée. Inutile d'en faire un récit, tout le monde les connaît mais des commentaires restent à point.

On a arrêté des individus, des jeunes pour la plupart. Il le fallait certainement. On a même trop longtemps toléré des subversions organisées. Le FLQ aurait dû être déclaré hors-la-loi dès ses premières bombes avant d'attendre qu'il en vienne aux enlèvements de personnes. Mais on ne débarrasse pas un terrain de ses arbres à poison en s'en prenant seulement aux fruits empoisonnés. La vague de terroriste qui a secoué les embourgeoisés dû hausser les épaules quand nous criions gare au communisme envahissant, gare à la subversion s'infiltrant partout et gagnant les esprits.

Le terroriste, la plaie des hippies, le vulgarisme, le règne de la laideur, l'intronisation de l'érotisme, l'usage croissant des drogues, des contestations et manifestations de jeunesses contre l'ordre établi sont les fruits empoisonnés d'un arbre mauvais. Sans nier la responsabilité des jeunes révolutionnaires qu'on arrête, nous n'hésitons pas à trouver bien coupables aussi d'autres qu'on n'arrête pas parce qu'ils n'ont jamais manipulé de dynamite ni fait de violences physiques à personne. Ils se sont contentés de laver des cerveaux, de jeter le discrédit sur des institutions civilisatrices, de promouvoir l'affranchissement du lien religieux entre l'homme et son Créateur.

C'est, disons le mot, la déchristianisation graduelle mais rapide de la province de Québec qui fait que, en 1970, il se passe chez-nous des choses qui n'y eussent été impensables dans le climat social de 1950, par exemple.

Quand on donne congé à Dieu tout l'ordre social devient chancelant.

Il y a des noms attachés à l'œuvre de déchristianisation de notre province. Certains de ces hommes occupent aujourd'hui des postes élevés dans les gouvernements. Et dans l'exercice de leurs fonctions, ils ont à faire face à des monstres qu'ils leur répugnent mais qu'ils ont contribué eux-même à engendrer. Les premiers coups de pioches contre les institutions traditionalistes chrétiennes du Québec, sous prétexte d'émanciper son peuple d' une prétendue coquille cléricale, furent portés par Cité Libre , revue fondée vers 1950. Ses fondateurs et premiers directeurs pour plusieurs années furent Pierre Elliot Trudeau et Gérard Pelletier. Le premier est aujourd'hui Premier Ministre du Canada, porté artificiellement vers ce sommet par les ailes de la grosse publicité -une telle puissance qu'elle pourrait presque entreprendre de canoniser le démon -. Le second, Gérard Pelletier, est Secrétaire d'État dans le cabinet du même gouvernement Trudeau.

Un quotidien de Montréal de bonne tenue littéraire, Le Devoir , fondé par un patriote Canadien-français de renom et un grand catholique, Henri Bourassa, était devenu, à bon droit, le quotidien préféré du clergé des intellectuels. Mais sous le deuxième successeur du fondateur, il prit graduellement une orientation vers la gauche, vers le socialisme, sans pour cela perdre sa clientèle intellectuelle et cléricale,contribuant ainsi à former la classe intellectuelle socialiste d'aujourd'hui.

Le Devoir nouvel esprit comptait parmi ses principaux rédacteurs, outre son directeur Gérard Filion, André Laurendeau et Pierre Laporte et il continu de plus belle actuellement sous la direction actuelle de Claude Ryan. Un autre intellectuel de gauche

Léon Lortie, figure marquante à l'université de Montréal, fonda l'Institut canadien des Affaires publiques où se rencontraient des journalistes de mêmes tendances : André Laurendeau, Gérard Filion, Gérard Pelletier, Pierre Elliot Trudeau, Jacques Hébert, Jean-Louis Gagnon et d'autres.

Au Congrès de cet institut tenu à Ste-Adèle en 1956,ces beaux esprits s'en prirent surtout au système scolaire confessionnel d'alors. Les évêques, disaient-ils, étaient des nouilles en matière d'éducation. Les parents étaient jugés incapables de choisir le genre d'école convenant mieux à leurs enfants. Il fallait changer tout ce système scolaire. Les autorités publiques étaient ridiculisées comme incompétentes, inertes, corrompues. Croit-on que ces verdicts étaient de nature à fortifier le respect envers les autorités de tous niveaux?

En 1953, Pierre Dansereau fondait Le Rassemblement que Le Devoir annonçait comme un nouveau Mouvement politique et que Jacques Hébert saluait comme une bombe politique. C'était surtout une nouvelle occasion de propagande pour nos rongeurs intellectuels. Les communistes de Moscou et de Pékin ne furent pas lents à saisir les avantages qu'ils pouvaient tirer de cette attitude d'intellectuels canadiens. Pierre Elliot Trudeau, alors simple citoyen, sans aucune fonction dans aucun gouvernement, reçu et accepta une invitation de Moscou. Jacques Hébert fut l'invité du gouvernement communiste de Pologne. De Pékin aussi vinrent des invitations avec frais payés par le gouvernement et qui amenaient en Chine Trudeau, Pelletier, Filion, Hébert.

Mao Tsé-toung tenait ces gracieusetés pour un placement publicitaire qui valait le prix et effet, les rapports de ces voyageurs, s'ils n'étaient pas une approbation directe du régime de la Chine Rouge étaient au moins des descriptions complaisantes des choses vues et entendues. Jacques Hébert avait été extasié de l'apparence et de la formation des enfants chinois. Des enfants de choeur de nos cathédrales, disait-il, lui paraissaient miteux à côté d'eux.

Mao ne s'était pas trompé; de tels rapports lyriques publiés pas des journalistes avec l'argument convaincant d'avoir de leurs yeux vus ne pouvaient qu'affaiblir l'opposition au communisme, émousser l'esprit de combat des militants et attrister considérablement les âmes qui souffrent sous le joug communiste. La même bande d'intellectuels de gauche a bénéficié largement d'invitations aux tribunes de Radio-Canada; ils pouvaient ainsi laver les cerveaux de millions de canadiens dans leurs propres foyers et les mettre en condition pour accepter les laïcisations à venir : le rejet des valeurs traditionnelles et chrétiennes héritages de trois siècles d'éducation catholique dans la famille et à l'école et de trois siècles de vie paroissiale.

Ce nouveau train de penser gagna même des prêtres et des religieux. Parmi eux, un Mariste s'attaqua surtout au système scolaire dans des articles satiriques accueillis avec enthousiasme par Le Devoir . André Laurendeau poussa l'auteur à les réunir en un livre dont ce journaliste écrivit lui-même la préface. Le livre publié par Les Éditions de L'homme de Jacques Hébert sous le titre de Insolences du Père Untel connut une grande diffusion, contribuant ainsi à créer le climat pour la démolition du Conseil de l'Instruction publique. Ce frère mariste, de son nom Jean-Paul Desbiens est aujourd'hui rédacteur-en-chef de La Presse, le plus gros journal quotidien de langue française en Amérique.

Vint 1960. Les précurseurs avaient préparé le terrain pour des changements de taille dans la province de Québec. L'élection de cette année là servit leurs desseins en portant au pouvoir le Parti Libéral pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale. Avec le Premier Ministre Jean Lesage, les membres les plus influents du nouveau gouvernement furent Paul Gérin-Lajoie, René Lévesque, le favori de Moscou, Pierre Laporte, qui avait passé du Devoir à la politique et qui, depuis, a eu la fin que l'on sait.

Ils ne perdirent pas de temps; on ne tarda pas à entendre la grande publicité glorifier un projet de grande charte de l'éducation parrainé par Gérin-Lajoie et celui de la nationalisation des compagnies productrices de l'électricité, moussée par René Lévesque. Les forces athées et communistes virent leur chance. Ce qu'elles n'avaient pu obtenir 50 années auparavant, au temps de la loge d'émancipation, ils leur fallaient le réussir maintenant. L'accélérateur fut poussé à fond. Le 8 avril 1961, Marcel Rioux, Maurice Blain et quelques autres de ce calibre convoquèrent une assemblée pour la fondation d'un mouvement laïc de langue française pour pousser la laïcisation du système scolaire à l'heure constitutionnelle du Québec.

Cette fondation d'agnostiques se fit avec une assistance de 500 à 600 personnes dans la salle sociale de l'Université de Montréal, une institution établie par une Charte romaine avec un cardinal, l'Archevêque de Montréal comme chancelier et dont le recteur était alors un dignitaire ecclésiastique de l'Archidiocèse. Le plan maçonnique fut exécuté par l'adoption, en 1964, du fameux Bill 60 . Le Conseil de l'Instruction publique fut dissous et remplacé par un Ministère de l'Instruction Publique dont Paul Gérin-Lajoie fut le premier titulaire.

Les Évêques n'avaient plus rien à dire dans les programmes scolaires ni dans le choix des manuels pour les écoles. La paganisation de notre système d'enseignement s'établit rapidement dans tout le système du primaire au pré-universitaire.

Nous n'avons donné ici que quelques noms et n'avons touché, faute de temps, que quelques secteurs. Que ne faudrait-il pas dire des unions ouvrières, de syndicats qui autrefois étiquetés catholiques se sont empressés de secouer ce vêtement et sont devenus de plus en plus des officines de socialisme, de pro-communisme, des fabricants de grèves, allant jusqu'à perdre tout soucis des menaces ou nécessités sociales.

Qu'est devenu la CSN avec les Gérard Picard, les Gérard Pelletier, les Jean Marchand, celui actuellement lui aussi Ministre dans le gouvernement Trudeau et la direction syndicale actuelle les continue.

Mais terminons sur une note moins attristante :

À la méditation, nous sommes portés à voir dans les évènements d'octobre au Québec une grâce du Ciel, un avertissement qui a provoqué chez plusieurs une prise de conscience. Un Père franciscain nous disait récemment et c'est confirmé par plusieurs prêtres, que nombreuses sont les conversions suscitées par ce passage de l'Ange d'un Dieu trop offensé. Alors, ne faut-il pas se réjouir plutôt que de se lamenter? Si c'est l'éloignement de Dieu qui a introduit un cancer révolutionnaire dans notre société autrefois si chrétienne de Québec, n'est-ce pas par le retour à Dieu dans la vie privée, dans la vie familiale, dans la vie publique, dans les institutions, qu'il peut être extirpé bien plus efficacement que par les répressions uniquement policières si nécessaires soient celles-ci

Si vous en êtes comme nous, convaincus, aidez-nous à le proclamer partout.