Le Bill 1

Gilberte Côté-Mercier le samedi, 04 novembre 1967. Dans Économie

Téléchargez la conférence Mp3Enregistrer

Mes chers amis,

Gilberte Côté-MercierNous avons appris, par les moyens ordinaires d'information que dans la nuit du 20 au 21 octobre, le gouvernement du Québec a voté d'urgence un Bill d'urgence pour arrêter d'urgence la grève des autobus à Montréal. En même temps le gouvernement prenait une injonction contre le piquetage des employés d'épicerie qui étaient en grève depuis 2 jours dans la ville de Québec et les environs.

Injonction valable jusqu'au 27 octobre. Toute la population, sauf les révolutionnaires, qui sont en très petit nombre, toute la population était amplement satisfaite de ces mesures d'urgence qui permettaient de retourner à la vie quotidienne normale, pour l'instant. Nous aussi nous aurions volontiers offert nos compliments à Daniel Johnson et aux députés. Mais cher peuple, il ne faudrait pas se jouer des tours et retourner à notre quiétude, par trop bonasse, souvent.

En fait, il n'y a pas grand chose de réglé au fond du problème. Les grèves continuent à se multiplier. Les prix continuent à monter. La dictature syndicale continue à se fortifier, les manifestations révolutionnaires, au Québec, continuent leurs ébats au nez d'une police qui se laisse complètement cogner sur la tête. Voilà pour le champ de bataille syndicale où la dictature syndicale règne en maîtresse dans notre province. Pas encore jusqu'à s'emparer des pouvoirs civils mais c'est pour demain.

Déjà, la dictature syndicale fait la pluie et le beau temps dans les salaires, dans les prix et à 99% dans les grèves et par conséquent dans nos vies à tous. On peut dire d'elles comme de la dictature financière : sans sa permission, nul ne peut plus respirer. C'est qu'il faudrait mettre la hache dans la dictature syndicale. Et le code du travail qui se prépare, s'il ne met pas la hache dans la dictature syndicale sera un tour joué au peuple et au gouvernement par les chefs de syndicat. Ce qu'il faut grandement redouter.

On ne peut croire que les chefs de syndicats ont battu en retraite dans la nuit du 20 octobre au 21. Sans doute que Marcel Pépin, qui a montré son visage le lendemain à la télévision n'avait pas l'air d'un vainqueur. Mais ses maîtres marxistes ont dû lui remonter le moral depuis ce temps là et lui passer un feu nouveau pour cuisiner le code du travail. On le voit d'ailleurs dans les interlignes des journaux, ces marxistes, qui déclarent que cette apparente défaite syndicale pourrait être plutôt un réveil syndicale.

Ils sont dans le jeu des communistes pour embrigader les gouvernements sous la dictature syndicale. Un code du travail voudra régir les relations entre patrons et employés. Mais ce code du travail ignorera-t-il la formule créditiste pour régler les relations entre patrons et employés ? S'il le fait, il sera alors arriéré. Un code pour la distribution de la rareté au lieu d'être un code moderne convenant au progrès 20ème siècle pour la distribution de l'abondance.

Les relations entre patrons et employés ne seraient-elles pas réglées d'une façon magistrale par le Crédit Social. Le Crédit Social garantie le nécessaire à tous citoyens par un dividende mensuel, disons $50 par mois à chaque membre de la famille de l'employé comme des autres familles. Et ce dividende serait social venant non pas de l'industrie mais de la société. Alors il ne passerait pas dans les prix, il ne ferait monter les prix.

Est-ce que ce dividende social ne vaudrait pas mieux que toutes les augmentations de salaire possibles et impossibles ? Et le dividende social, vous l'obtiendriez sans grèves, sans sacrifier votre salaire pendant un mois ou plus, sans même faire partie d'un syndicat, ni sans doute payer de cotisations syndicales obligatoires soustraites à la source.

Le dividende social serait complété par l'escompte sur les prix qui maintiendrait les prix au niveau de votre pouvoir d'achat. Ne serait-ce pas merveilleux pour les chauffeurs d'autobus, pour les commis d'épicerie et pour les autres ? Avec un dividende de $50 par mois à chaque personne et non seulement à chaque employé mais aussi à sa femme et à ses enfants, l'employé pourrait tout seul faire ses conditions au patron, il serait libre économiquement à 100 %. L'employé pourrait si bien poser ses conditions au patron que le patronat actuel disparaîtrait petit à petit pour faire place à l'association de l'employeur et de l'employé ou plutôt à l'association des compétences pour l'exploitation d'une industrie et d'un commerce. Ce serait alors très facile pour des hommes compétents de joindre leurs efforts dans une entreprise puisque le Crédit Social, la maison du Crédit Social, le bureau de crédit ferait des avances d'argent sans intérêt pour produire de la richesse.

On en arriverait à la promotion ouvrière véritable sans léser les droits de personne, sans voler les patrons de leurs biens ni de leur droit de gérer.

La hache dans la dictature syndicale ne se pratiquera très bien que simultanément avec la hache dans la dictature bancaire. Le premier Ministre Daniel Johnson a dit, à l'occasion du Bill no. 1, il a dit : " Le syndicalisme dans la province de Québec, tant que j'aurai un mot à dire devra demeurer le syndicalisme et ne sera jamais le gouvernement. Il ne fera jamais marcher le gouvernement." Il a dit ça. Paroles de souverain pour laquelle nous félicitons le premier Ministre et nous exprimons nos espoirs que cette détermination le suive jusqu'au bout.

Défoncer la dictature syndicale et défoncer la dictature bancaire. Les deux à la fois car l'une nourrit l'autre. Elles s'engendrent réciproquement ces deux dictatures là. Ce que le peuple demande à son gouvernement c'est de la fermeté pour réprimer les crimes de toutes sortes, les crimes économiques comme les autres. On ne pourra tenir les syndicats dans leurs bornes si on n'abolit pas la cotisation syndicale obligatoire ni le droit au piquetage. De même si on continue de permettre le droit de grèves dans les services publiques parce qu'alors, on leur consent tout pouvoir sur nos vies. Et il faudra interdire les manifestations révolutionnaires.

C'est vraiment sans vergogne que n'importe lequel voyou peut troubler l'ordre et la paix, menacer même la vie des gens aujourd'hui, dans nos rues du Québec et les syndicats révolutionnaires profitent de cette tolérance complice pour s'exercer à l'émeute et pour préparer une anarchie véritable qui leur ouvrira les portes des parlements où ils pourront s'installer effrontément comme les communistes l'ont fait dans tant de pays depuis 50 ans par le truchement des syndicats et des associations d'étudiants.

La manifestation des grévistes à Montréal, après l'injonction du gouvernement, le 14 octobre, à 5 heures du matin, au coin du boulevard Rosemont et de la rue St-Denis devrait être punie dans ses coupables, les assommeurs et leurs chefs. Marcel Pépin sera-t-il appelé à rendre compte de ces crimes là ? Car ce sont des crimes. Le premier Ministre reçoit cet homme dans son bureau ; voici le roi qui dialogue avec le chef de la révolte. Et les journalistes les photographient ensembles. On est descendu creux dans la fosse politique.

Une manifestation semblable et pire encore peut-être, était préparée pour Québec, devant le Parlement, dans la nuit du 20 au 21 octobre. On avait convoqué des milliers de mécontents et 2000 professeurs éducateurs avaient promis qu'ils s'y rendraient. Programme : protester avec violence contre le Bill no. 1. Le Ministre de la justice a fait savoir par la radio que la police était armée jusqu'aux dents et en même temps, il recommandait aux manifestants d'aller à l'extrême limite de la patience.

Dieu merci il y eu beaucoup d'appelés mais peu d'élus pour cette manifestation. Quelques centaines seulement s'y rendirent, sur l'invitation des révolutionnaires. Comme quoi la révolution au Québec n'est pas encore mûre encore. Dieu merci. Mais quand même, la police en a vu de toutes les couleurs. Sur la place du Parlement des feux symboliques brûlant des effigies du gouvernement et puis une motocyclette de la police mise en flamme, des coups de poing et autres aux policiers etc...

Les journaux n'en disent pas trop parce que les manifestants sont leurs amis. Pourquoi la police à Québec n'avait-elle pas reçu l'ordre de briser toute tentative de manifestation ? Même de disperser les curieux ? ce n'était pas le temps de permettre l'éducation politique. Encore moins de tolérer une propagande révolutionnaire, surtout de la part de ceux qui avaient déjà monté une émeute la semaine précédente à Montréal.

Le peuple demande que la police, représentant le droit soit respecté et que l'autorité qu'elle représente exprime sa force véritable contre toute essaie d'anarchie, violente ou non. Que les chefs révolutionnaires soient coffrés.

La loi du cadenas, de célèbre mémoire, n'était-elle pas issue d'une grande sagesse ? N'a-t-elle pas réellement, la loi du cadenas, protégé la province du Québec d'une révolution certaine même déjà dans ce temps là ? Ils se reprennent, les révolutionnaires, depuis la mort de Maurice Duplessis. Notre presse a toute liberté de prêcher n'importe quoi. La radio et la télévision présentent les chefs révolutionnaires à cœur de jour.

Si la révolution préméditée a avorté le 14 octobre à Montréal et le 21 octobre à Québec, il n'est pas dit qu'elle ne triomphera pas un jour chez-nous. Nos syndicats d'étudiants sont aussi avancés dans la violence que dans les pays déjà gouvernés par les communistes. Des étudiants du collège de Jonquière ont manifesté grossièrement et ils ont pratiquement enterré notre marche de chapelet le dimanche 24 septembre dernier à Bagotville. C'étaient des blasphèmes et la police de Bagotville leur laissait le champ libre. À ce même collège de Jonquière l'association générale des étudiants déclarait, quelques jours après cet incident du 24 septembre, déclarait que les étudiants quittaient désormais le chemin de la révolution tranquille pour préparer, pour animer la véritable révolution. Notre équipe, disent les dirigeants de l'association, est fermement décidée à tout mettre en œuvre pour donner une véritable conscience aux révolutionnaires, aux étudiants et au peuple québécois.

Et ce syndicat d'étudiants se prononce contre tout ce qui est bon dans institutions et en faveur de tout ce qui est mauvais. Et il organise effectivement chez ses membres la révolution contre l'ordre établi par des tracts, des manifestations, des débats concurrences, rencontres avec les syndicats ouvriers, partis politiques et même par la création d'une équipe-choc pour saboter toute manifestation réactionnaire. Ils le disent tout de même, vous avez très bien compris. Ce sont les étudiants du collège de Jonquière qui fourniront les révolutionnaires de la rue comme d'ailleurs les étudiants le font dans tous les pays du monde nos révolutionnaires sont à l'œuvre.

Ce que je vous en révèle chers amis est pris tout entier dans le journal Le Soleil de septembre. Comme vous voyez ce n'est pas un secret. Remarquez bien que les Pères Oblats sont directeurs dans cette école qui relève de notre chère ministère de l'Éducation. Encore une dictature à abattre messieurs du gouvernement. Celle de la dictature scolaire que vos fonctionnaires exercent contre les enfants et les parents, dictature syndicale, dictature bancaire, dictature scolaire et dictature de taxes.

La hache, la hache dans tout cela ! Il le faut et mesures d'urgences. Un gouvernement qui respectera le bien commun au point de ne pas permettre aucune dictature sur le dos des gens peut être assuré de l'appui total de notre peuple. Ne l'avez-vous pas déjà expérimenté trois fois depuis juin 1965 Monsieur Johnson, lors de la grève des hôpitaux, lors de la grève des professeurs et ces deux dernières grèves des autobus et de l'alimentation ?

Continuez Monsieur le Premier Ministre. Le Dieu de justice est aussi le Dieu de force. Il fait tomber les orgueilleux de leurs trônes et Il exalte les humbles qui Le prient.

Vous avez entendu Mesdames, Messieurs, le programme du journal Vers Demain dont voici l'adresse pour toute communication : Journal Vers Demain, Rougemont, comté Rouville.

Gilberte Côté-Mercier