La révolution

Gilberte Côté-Mercier le vendredi, 30 août 1968. Dans Conspiration

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Mes bien chers amis,

Gilberte Côté-MercierVous avez dû le lire dans les journaux la nouvelle incroyable que les deux chefs de la révolution française de mai dernier sont invités à des tournées de conférences au Québec et que le Ministère de l’immigration prend très bien la chose.

Ce sont Daniel Cohn Bendit et Jacques Sauvageau. Ils arrivent en août ou septembre, ils se font précéder par l’un des dirigeants de la jeunesse communiste révolutionnaire, Pierre Dubé. Ces trois messieurs seront reçus et entendus par nos chers étudiants de nos chers universités qui nous coûtent si cher. Et bien nos universités menacent de nous coûter autre chose que de l’argent puisqu’elles annoncent la révolution au Canada, spécialement au Québec, pour le mois d’octobre prochain. Les étudiants de nos universités vont contester. C’est le nouveau vocabulaire pour dire se révolter, monter des émeutes, construire des barricades, allumer des incendies, occuper des édifices publiques, assassiner de braves gens, résister à la police, lever le poing, manifester dans les rues avec drapeaux rouges et drapeaux noirs, organiser la grève générale pour obtenir un dialogue puis l’anarchie totale, voilà leur but.

Toute cette violence est exprimée par le mot innocent contester. C’est ainsi que l’on peut lire dans nos journaux que les trois chefs révolutionnaires qui ont mis le feu à la France s’en viennent chez-nous pour expliquer à nos fils étudiants la contestation. Comment ils ont contesté en France et comment on pourra nous contester ici au Québec. Comme vous voyez ce n’est pas bien alarmant ; le Ministère de l’immigration a raison de ne pas s’en faire et de laisser les portes du pays ouvertes à qui ne parle que de contestation. D’ailleurs, Jacques Sauvageau déclare sur la place publique que ces révolutions ils ne les préparent pas dans la clandestinité ; tout le monde les voit venir puisqu’il le leur dit lui-même, le chef. Cela ne justifie pas ces révolutions. Et cela ne les empêche pas de venir ni d’être violents mais cela donne un semblant de droit au prédicateur de révolutions. Il croit justifier ses crimes par l’annonce qu’il en fait d’avance avec trompettes et clairons.

Drôle de morale. Elle ressemble à l’enseignement donné à la jeunesse d’aujourd’hui que l’on forme à l’impudeur et à l’effronterie pour la rendre capable d’exécuter ces crimes aux sues et aux vues de tout le monde en se disant que ce n’est plus un crime quand tout le monde le voit. Qu’au contraire c’est un sujet de popularité. Les vedettes du crime sont les grandes célébrités de notre siècle de débauche. Le christianisme a eu ses vedettes de la vertu : les saints, vrais sauveurs des autres. Les générations qui ne vivent que pour l’argent ont leurs vedettes de la réussite. Leurs grands hommes sont proposés à l’exemple de la jeunesse. Aujourd’hui ce sont les vedettes de l’homosexualité et de la révolution qui sont les grands du jours.

Voilà pourquoi nos universités ouvrent les bras aux trois chefs révolutionnaires de France. Trois grandes vedettes et voilà pourquoi le Ministère de l’immigration laisse passer. Et puis on verra bien n’est-ce pas si il y a une révolution au Québec.. Et quand on aura vu bien des choses seront brisées. Il sera trop tard. La révolution de mai en France n’a duré qu’un mois. Les gens avertis disent que ce n’est qu’un essai ; ils s’attendent à une reprise prochaine des émeutes et des grèves il va sans dire. D’ailleurs, Sauvageau lui-même a quitté ses ouailles de Paris en leur recommandant de continuer, de se reprendre en octobre. Ça n’a pas besoin de recommencer en France pour être un désastre déjà. Les pertes à la production occasionnées par la grève générale de mai sont chiffrées à trois milliards de dollars. On établit à 730 millions le nombre des heures perdues dans les activités publiques et privées.

Et pour panser la blessure de tous ces salaires perdus : une augmentation des prix et des taxes.

La révolution n’a pas besoin de se répéter en octobre en France parce qu’alors ce sera une ruine totale sans parler de la dictature socialiste communiste qui en sortira. Nous au Québec nous pouvons peut-être nous payer le luxe d’une petite révolution étudiante d’un mois avec grève générale en octobre prochain ? Enseignants et étudiants sont en tête de vastes mouvements de revendications, de contestations tandis que des exercices multipliés de grèves même dans les services publiques permettent aux anarchistes de se faire la main pour une bonne grève générale indéfinie en même temps que les émeutes d’étudiants.

Et les journaux attisent le feu à qui mieux mieux ; il ne manque vraiment rien pour un succès des révolutionnaires. Il manquait des chefs, n’est-ce pas ? Nous les empruntons à la France : Cohn Bendit, Jacques Sauvageau et Pierre Dubé. D’ailleurs Bendit n’est pas un Français, c’est un international, un communiste, un sans-patrie. Mais soyez tranquille. La police les surveille. Tout est prêt pour la révolution mais la police est là ; hum ! Pauvre police, elle en aura à faire. Et puis peut-être que les pompiers seront en grève eux aussi car l’Association internationale des pompiers du Canada et des États-Unis se propose de demander le droit de grève à son congrès de Toronto.

En France, au moins, les pompiers allaient éteindre les incendies allumées par les étudiants. Espérons que la police du Canada ne se mettra pas elle-même en grève, ni l’armée.

Mes amis, on dirait que je vous raconte des histoires qui ne tiennent pas debout. Que ce sont des contes de sorcières pour effrayer les enfants tant il est invraisemblable qu’une révolution soit montée et réussie en notre pays si paisible depuis si longtemps. Hélas, il n’en n’est rien. Ce n’est pas un épouvantail de bonhomme sept-heures. C’est tout ce qu’il y a de plus vrai. Vous n’avez qu’à lire nos journaux qui relatent les préparatifs de contestations dans nos universités et les menaces de grèves chez les enseignants, les étudiants, de grèves chez les pilotes d’Air Canada etc. etc. Et il y a chez-nous des centaines de milles hippies qui mènent la vie de sauvages et de pirates eux aussi sur la place publique. Les hippies font n’importe quoi ; ils pénètrent dans les maisons privées, s’emparent de ce qu’ils désirent, rudoient ou assassinent les propriétaires, même des vieillards, les progressistes de toutes sectes regardent avec romantisme l’invasion de ces nouveaux barbares envers qui il faut bien exercer la charité fraternelle de l’Expo 1967.

Et comment les bureaux de l’immigration ont-ils pu laisser entrer ces hippies par centaines de milles à nos frontières ? Le Ministère de l’immigration n’a-t-il pas récemment, en 1966, décidé que l’acte de l’immigration soit renforci à sa plus grande extension de façon qu’aucun de ces indésirables ne soient admis dans ce pays le Canada ? Est-ce que les hippies ne sont aussi indésirables que les Hells Angels, même espèces de barbares avec motocyclettes, chaînes et couteaux ? Cette partie de la loi de l’immigration ne s’applique-t-elle plus depuis que Pierre Eliot Trudeau, le défenseur de certains hippies de Vancouver est devenu Premier Ministre du Canada ?

Comment donc les douanes canadiennes laissent-elles passer les hippies aux frontières ? Faudrait-il croire que le Ministère de l’immigration ne sait pas ce qui se passe aux douanes ?

Jean Marchand, grand collaborateur de Trudeau, n’est plus le ministre de l’immigration. Mais il le fut assez longtemps pour y placer des fonctionnaires à l’esprit syndicaliste, gréviste, révolutionnaire. Les hippies seront de merveilleux instruments de révolution. Ce serait dommage de ne pas laisser venir. Même politique que lorsqu’on laisse entrer Cohn Bendit, Jacques Sauvageau et Pierre Dubé.

Non, il ne faut pas dire que c’est de l’inconscience aveugle qui soit la cause d’une pareille incurie. Ouvrir les portes du pays aux chefs de la révolution. Il faut être assez intelligent pour comprendre que c’est de la complicité pure et simple. Croyez-vous qu’une révolution peut se préparer au grand jour dans un pays sans la complicité des autorités civiles et autres ? Jamais de la vie. On n’en a jamais vu l’exemple. C’est quand la tête est pourrie que l’anarchie s’installe et la tête est pourrie chez-nous sans aucun doute. Le pouvoir civile, le pouvoir professionnel, le pouvoir intellectuel, même certains pouvoirs religieux, tout cela est pourri. Voilà comment le pauvre peuple est sacrifié. Les pasteurs du troupeau sont vendus, collaborateurs de l’ennemi, ou ils se sont enfui comme des lâches et le troupeau est abandonné aux loups ravisseurs. Nous n’avons plus d’élite chez-nous sinon ces modestes Bérets Blancs prêts à la prison, prêts à la mort et que même des clercs bafouent ignoblement parfois.

Peuple trahi, peuple trahi par ceux qu’il a nourri dans son sein. Cette révolution qui se fera chez-nous ressemble à celle de Cuba en tout point. Il n’est pas difficile d’en prévoir l’histoire d’avance. Toutes les révolutions se ressemblent à 90% et regardons le moi de mai en France nous aurons peut-être une image bien approchante de notre prochain mois d’octobre. Tenez, justement pendant le mois de la révolution de France, le 13 mai, commençait à Paris une conférence de délégués américains et nord vietnamiens, pour essayer de faire cesser la guerre au Vietnam. On sait que les nord vietnamiens officiels sont des communistes et les délégués officiels communistes à la conférence de Paris étaient accompagnés d’autres communistes. Combien ? Un grand nombre. Comme par hasard, tous ces communistes se trouvaient à Paris en même temps que la révolution, par hasard.

Comme hasard aussi, à Montréal, en octobre prochain, il y aura, dit-on, 2000 délégués qui viendront étudier les possibilités de faire la paix au Vietnam. Nous ne savons d’où viendront ces délégués et qui ils seront. C’est la radio qui a annoncé cela. Mais n’oublions pas que ceux qui demandent la paix à tout prix au Vietnam sont des communistes qui veulent favoriser l’expansion communiste dans le monde. Comme par hasard, ces 2000 délégués seront à Montréal en même temps que la révolution promise.

Toutes les révolutions se ressemblent n’est-ce pas ?

On se prend à espérer contre toute espérance que tous les responsables du pays se lèvent dès maintenant pour arrêter les grands malheurs par leur autorité quelle qu’elle soit : autorité civile, autorité spirituelle, autorité d’influence, autorité de tribune, de journaux et autres. Espérance bien vaine en notre monde d’irresponsables. Il semble qu’il ne reste plus qu’une seule autorité en laquelle on puisse avoir confiance : celle de Dieu.

Quelqu’un a dit : le monde actuel sera sauvé par une prière. Nous le croyons fermement. Voilà pourquoi nous vous invitons tous chers amis à prendre votre chapelet avec ferveur et à le faire réciter autour de vous alors peut-être que plusieurs retrouveront leur courage pour mettre des énergies à essayer de prévenir les catastrophes chez-nous.

Mes chers amis vous avez entendu le programme du journal Vers Demain qui fait le combat. Ce programme vous reviens chaque semaine à la même heure le même jour à ce poste. Nous vous invitons à nous écrire pour nous encourager à continuer le combat et il faut que vous le fassiez avec nous le combat et nous vous demandons de prier de bien prier avec nous ensemble pour que le Bon Dieu vienne à notre secours.

Gilberte Côté-Mercier