Capital social

Gilberte Côté-Mercier le samedi, 11 novembre 1967. Dans Économie

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Mes bien chers amis,

Gilberte Côté-MercierSi j'étais un notaire et que je vous enverrais une lettre vous annonçant que vous êtes le bénéficiaire d'un héritage ; vous n'avez qu'à vous présenter pour le réclamer et l'obtenir.

Tout de suite, vous vous mettriez en communication avec moi au sujet de cet héritage.

Hé bien, le journal Vers Demain du mois de décembre vous fait, à vous personnellement, une révélation aussi sensationnelle. Et la nouvelle qu'il vous apprend est véritable. Le titre de l'article :

Chaque citoyen du Canada a droit à un dividende social ; par conséquent vous même.

Et chacun de vous est un capitaliste volé. Volé de ses capitaux sociaux et volé de ses dividendes sociaux. Chaque citoyen du Canada a droit à un dividende social. Un droit non reconnu mais réel. Un dividende social.

Vous connaissez les dividendes privés sur vos capitaux privés. Ce sont des dividendes industriels ou autres. Dividendes privés sur des capitaux privés. Capitaux qui viennent de vous-même et dividendes qui vous reviennent à vous même en particulier.

Très bien pour les capitaux et les dividendes privés. Mais il y a un capital social qui n'appartient à personne en particulier et qui une fois exploité, rapporte des fruits.

Les ressources naturelles comme les chutes d'eau, les mines dans la terre et la science, organisation sociale, on ne peut pas dire que ça appartient à quelqu'un en particulier. C'est un capital social qui appartient à tout le monde.

Une compagnie privée d'électricité, par exemple, comme la Shawinigan Power d'autrefois, pouvait exploiter les chutes de Shawinigan pour en faire de l'électricité. Elle pouvait vendre cette électricité en réalisant des profits. La Shawinigan avait le droit moral de se prendre des dividendes pour le capital privé qu'elle avait placé dans l'entreprise électrique. Et cette compagnie avait le droit de payer des dividendes à ses actionnaires, sur le capital-argent placé. Mais dans la chute d'eau, il y avait quelque chose qui n'appartenait pas à la Shawinigan Power. Dans les chutes d'eau, il y a quelque chose que le Bon Dieu y a mis qui est la propriété de tous et chacun des citoyens de l'unité économique qu'est la province de Québec. On appelle ça une richesse naturelle, une ressource naturelle.

Et dans l'électricité sortie de la chute, il y a quelque chose qui n'appartient à aucun capitaliste en particulier mais à tous les citoyens : c'est la science. La science qui permet de changer le pouvoir d'eau en pouvoir électrique et la science n'est la propriété de personne en particulier.

Les découvertes de la science, accumulées de siècles en siècles sont propriété de la société tout entière, spécialement propriété des propriétaires du pays citoyen.

Les ressources naturelles qui sont dans la chute d'eau, la science qui est dans l'électricité sont un capital social . Capital social qui doit rapporter un dividende social en plus des dividendes privés.

Pourquoi reconnaîtrait-on des droits au capital privé et refuserait-on d'en reconnaître au capital social ?

C'est cela l'erreur du régime capitaliste où nous vivons. Les adeptes du dit-capitaliste admettent des dividendes seulement pour les placements d'argent dans les entreprises. Pour eux, seul le capital-argent est considéré comme capital. Erreur, que le capitalisme compris de cette façon.

Le communisme, de son côté, ne reconnaît au capital-argent aucun droit. Il voudrait que tout soit commun dans les entreprises. Autre erreur que celle-là. Erreur opposée à la première.

Le Crédit Social se place entre les deux. Il reconnaît au capital privé des droits aux fruits de la production, aux dividendes, et il reconnaît aussi au capital social des droits aux fruits des dividendes.

Ce qui est privé, comme le travail, l'administration, le placement d'argent dans l'entreprise, ça peut revendiquer salaires et dividendes. Mais il ne faut pas oublier la partie sociale, l'entreprise, du capital de l'entreprise.

Le capital social comme le pouvoir d'eau, la science, etc... Ce capital a droit à sa part de dividende que l'on appellera dividende social pour le distinguer des dividendes privés. Et le dividende social revient à tout le monde puisqu'il est le fruit d'un capital social.

Le dividende social doit donc être distribué à tous et à chacun. Tout et chacun compris dans tout le monde. Voilà ce que déclare la doctrine du Crédit Social.

Le Crédit Social affirme que chacun de vous est capitaliste, mes amis. Vous êtes un capitaliste ayant droit à un dividende social, pas seulement un dividende sur les chutes d'eau exploitées mais un dividende sur toutes les richesses naturelles exploitées dans le pays.

Les mines de fer de l'Ungava devraient vous rapporter un dividende social aussi. Tout ce qui est exploité dans le pays devrait rapporter un dividende à ses actionnaires, n'est-ce pas ? Salaires à ses travailleurs en plus un dividende social à tous les citoyens du pays. Sans cela, les habitants du pays sont volés ; volés de leur dividende social.

Qui a mis le fer de l'Ungava dans la terre ? Le Bon Dieu. Pour qui le Bon Dieu a-t-Il mis le fer dans la terre ? Pour le propriétaire du pays, de la province de Québec, en l'occurrence. Qui sont les propriétaires de la province de Québec ? Les habitants, les citoyens de la province de Québec.

Une compagnie exploite ce fer là, très bien. Mais le fer lui-même exploité doit servir à l'enrichissement réel de la province. Il ne doit pas sortir de la province, à moins que des richesses correspondantes en valeur réelle rentrent du même coup dans la province. Et les profits en argent réalisé dans l'exploitation du fer doivent être en partie distribués comme une rente aux propriétaires citoyens de la province. A vous-même. Votre part.

Est-ce la compagnie exploiteuse, maintenant, qui va payer ces dividendes aux propriétaires citoyens ? Pas du tout. C'est la société toute entière qui va émettre des dividendes basés sur les richesses nouvelles qui sortent de la mine de fer. Dividendes issus d'une émission d'argent net basé sur des richesses neuves.

Les dividendes seront distribués à tous les citoyens également puisqu'ils sont tous également citoyens. Tous également propriétaires des richesses naturelles.

C'est cela, le dividende du Crédit Social. Un dividende social basé sur un capital social. Dividende émis à mesure que ce capital social apporte des richesses nouvelles à la société.

Citoyens du Québec, avez-vous reçu vos dividende sociaux sur les mines de fer de l'Ungava ? Non ? Moi non plus. Personne n'a reçu de dividende sur les mines de l'Ungava. Sauf ceux qui y ont placé des capitaux-argent. Notre capital social à nous ne nous a rien rapporté. Loin de nous rapporter quelque chose, notre capital social nous est soustrait totalement par le gouvernement qui donne gratuitement nos mines de l'Ungava aux capitalistes. Le gouvernement donne notre fer en émettant le permis de l'exploiter. Notre gouvernement donne notre fer au sens complet du mot car ce fer ne servira pas à enrichir notre province puisqu'il est exploité aux Etats-Unis et deuxièmement, les profits réalisés par la vente du fer ne seront même pas partagés par les propriétaires -citoyens du fer, ressource naturelle.

Le gouvernement ne pourrait-il pas faire une émission de permis pour chaque citoyen pour acheter le fer aussi facilement qu'il fait une émission de permis pour exploiter le fer ? Le permis pour exploiter le fer est donné sans retour aux compagnies qui l'exploitent et le permis pour acheter le fer n'est pas donné sans retour aux Canadiens citoyens du pays.

On vous prend votre capital social, le fer, pour l'emporter en d'autres pays et ensuite, on ne vous paie pas un sou de dédommagement. Double vol : vol du capital social et vol des dividendes sociaux.

Voilà une sorte de banditisme reconnu par la loi, sollicitée même par nos ministres en quête de capitaux étrangers pour l'exploitation de nos ressources naturelles.

Sottise insondable, d'abord. Et puis complicité infâme avec les valeurs contre le peuple.

Quand donc nos gouvernements se débarrasseront-ils de cet esclavage vis-à-vis de la finance ?

La finance crée la banque, crée l'argent. C'est elle qui contrôle toute la création d'argent et toute la disparition de l'argent en circulation. C'est la banque qui en a le contrôle absolu, ensuite, ce sont les compagnies de finance qui exploitent nos richesses naturelles, qui s'emparent de nos richesses naturelles et qui ne se soucient aucunement de distribuer des dividendes aux vrais propriétaires des richesses naturelles que sont les citoyens du pays.

C'est le Crédit Social, seul, mes amis, qui a la réponse à tous ces problèmes économiques.

Ainsi, de ce temps-ci, nous sommes enlisés dans des grèves interminables, des grèves successives, répétées, multiples. Et le coût de la vie monte continuellement. Tout le monde s'accorde à dire il n'y a pas d'issues. On ne sait pas comment on en sortira. Et on a raison.

Et bien, comment on en sortira ? On en sortira par le Crédit Social.

Le Crédit Social avec son dividende social à tous et à chacun. A chacun de vous, mes amis. Pour permettre de vivre décemment, d'avoir le nécessaire dans le pays parce que le pays est capable de fournir le nécessaire gratuitement à tout le monde. Il faut qu'il y ait un argent gratuit. Un dividende, c'est gratuit. Un dividende social distribué à chacun. Et ensuite, chacun pourra travailler à son gré, poser ses conditions aux patrons et les patrons seront obligés de pratiquer l'association avec leurs employés pour pouvoir exploiter. On aura l'association des compétences pour l'exploitation des richesses et on aura le Crédit Social pour la distribution des richesses.

Vous avez entendu le programme du journal Vers Demain. Il faut lire le journal Vers Demain. C'est extrêmement urgent, mes amis. Que chacun de vous se mette au courant du journal Vers Demain et de la doctrine créditiste qu'il enseigne, autrement, nous sommes dans un marasme dont nous ne sortirons jamais.

Gilberte Côté-Mercier