

lois actuelles de sécurité sociale, car il ne serait pas
pris dans les taxes de ceux qui travaillent, mais serait
financé par de l’argent nouveau, créé par l’Office Na-
tional de Crédit. Personne ne se ferait donc vivre par
les taxes des contribuables; ce serait un héritage dû à
tous les citoyens du pays, qui sont pour ainsi dire tous
actionnaires de la compagnie Canada Limitée.
Et contrairement au bien-être social, ce dividende
serait sans enquête, il ne pénaliserait donc pas ceux qui
veulent travailler. Loin d’être une incitation à la pares-
se, il permettrait aux gens de s’occuper dans l’activité
de leur choix, celle où ils ont des talents. D’ailleurs, si
les gens arrêtaient de travailler, le dividende baisserait
automatiquement, puisqu’il est basé sur la production
existante. Sans ce revenu non lié à l’emploi, le progrès
devient non plus un allié de l’homme, mais une malé-
diction, puisqu’en éliminant le besoin de labeur humain,
il fait perdre aux travailleurs leur seul source de revenu.
Finance des travaux publics
Comment se ferait le financement des services et
travaux publics avec un tel système d’argent social ?
Chaque fois que la population désirerait un nouveau
projet public, le gouvernement ne se demanderait
pas: «A-t-on l’argent ?», mais: «A-t-on les matériaux,
les travailleurs pour le réaliser ?» Si oui, l’Office Na-
tional de Crédit créerait automatiquement l’argent
nécessaire pour financer cette production nouvelle.
Supposons, par exemple, que la population désire
un nouveau pont, dont la construction coûte 50 mil-
lions $. L’Office National de Crédit crée donc 50 mil-
lions $ pour financer la construction de ce pont. Et
puisque tout argent nouveau doit être retiré de la cir-
culation lors de la consommation, ainsi l’argent créé
pour la construction du pont devra être retiré de la cir-
culation lors de la consommation de ce pont.
De quelle manière un pont peut-il être «consom-
mé»? Par usure ou dépréciation. Supposons que les
ingénieurs qui ont construit ce pont prévoient qu’il
durera 50 ans; ce pont perdra donc un cinquantième
de sa valeur à chaque année. Puisqu’il a coûté 50 mil-
lions $ à construire, il subira donc une dépréciation
d’un million $ par année. C’est donc un million de dol-
lars qui devront être retirés de la circulation à chaque
année, pendant 50 ans. Au bout de 50 ans, le pont sera
complètement payé, sans un sou d’intérêt ni de dette.
Est-ce que ce retrait d’argent se fera par les taxes?
Non, cela n’est nullement nécessaire, dit Douglas, le
concepteur du système du Crédit Social. Il existe une
autre méthode bien plus simple pour retirer cet argent
de la circulation, celle de l’ajustement des prix (appelé
aussi escompte compensé).
D’ailleurs, sous un système de crédit social, les
taxes diminueraient de façon drastique, et la plupart
disparaitraient tout simplement. Le juste principe à ob-
server, c’est que les gens ne paient que pour ce qu’ils
consomment. Par contre, il serait injuste de faire payer
à la population de tout le pays des services qui ne sont
offerts que dans une rue ou une municipalité, comme
le service d’eau, d’égoût ou de vidange; ce sont ceux
qui bénéficient de ces services qui auraient à payer la
municipalité qui les fournit.
L’ajustement des prix
De quelle manière cet ajustement des prix fonc-
tionnerait-il? L’Office National de Crédit serait chargé
de tenir une comptabilité exacte de l’actif et du passif
de la nation, ce qui ne nécessiterait que deux colon-
nes: d’un côté, on inscrirait tout ce qui est produit
dans le pays durant la période en question (l’actif), et
de l’autre, tout ce qui est consommé (le passif). Le 1
million $ de dépréciation annuelle du pont, de l’exem-
ple mentionné plus haut, serait donc inscrit dans la co-
lonne «passif» ou «consommation», et ajouté à toutes
les autres formes de consommation ou disparition de
richesse durant l’année.
Douglas fait aussi remarquer que le vrai coût de
la production, c’est la consommation. Dans l’exemple
du pont, le prix comptable était de $50 millions. Mais
le prix réel du pont, c’est tout ce qu’il a fallu consom-
mer pour le produire. S’il est impossible de détermi-
ner pour un seul produit quel a été son prix réel, on
peut, par contre, facilement savoir quel a été, durant
une année, le prix réel de toute la production du pays:
c’est tout ce qui a été consommé dans le pays durant
la même période.
Ainsi, si les comptes nationaux du Canada mon-
trent que, dans une année, la production privée, la
production de biens consommables, a été de 500 mil-
liards $, et que pendant la même année, la consom-
mation totale a été de 400 milliards $, cela veut dire
que le Canada a été capable de produire pour une
valeur de 500 milliards de produits et services, tout en
ne dépensant, ou consommant, que pour une valeur
de 400 milliards. Autrement dit, cela démontre qu’il en
a coûté réellement 400 milliards pour produire ce que
la comptabilité des prix établit à 500 milliards.
Le vrai prix de la production est donc de 400
milliards. La population doit donc pouvoir obtenir le
fruit de son travail, la production de 500 milliards, en
payant seulement 400 milliards. Car il a été bien éta-
bli plus tôt que l’argent ne doit être retiré que selon
la consommation: s’il s’est consommé pour 400 mil-
liards de produits et services, on ne doit retirer de la
circulation que 400 milliards, ni plus ni moins.
Escompte sur les prix
Comment faire pour que les consommateurs ca-
nadiens puissent obtenir pour 500 milliards $ de pro-
duits et services tout en ne payant que 400 milliards $?
C’est très simple, il suffit de baisser le prix de vente de
tous les produits et services de 1/5, soit un escompte
de 20%: l’Office National de Crédit décrète donc un
escompte de 20% sur tous les prix de vente pendant
le terme suivant. Par exemple, le client n’aura qu’à
payer 400 dollars pour un article étiqueté 500 dollars.
Mais s’il ne veut pas faire faillite, le marchand doit
quand même récupérer 500 $ pour la vente de cet arti-
cle, et non pas seulement 400 $, car ce prix de 500
$ inclut tous ses frais. C’est pourquoi on parle d’un
escompte «compensé»: dans ce cas-ci, le marchand
sera compensé par l’Office National de Crédit, qui lui
enverra le 100 $ qui manque.
Pour chacune de ses ventes, le marchand n’aura
qu’à présenter ses bordereaux de vente à l’Office
National de Crédit, qui lui remboursera l’escompte
accordé au client. Ainsi, personne n’est pénalisé: les
consommateurs obtiennent les produits qui, sans
cela, resteraient invendus, et les marchands récupè-
rent tous leurs frais.
Inflation impossible
Grâce à ce mécanisme de l’escompte sur les prix,
toute inflation serait impossible: en effet, l’escompte
fait baisser les prix. Et l’inflation, ce sont les prix qui
montent. La meilleure manière d’empêcher les prix de
monter, c’est de les faire baisser ! De plus, l’escompte
sur les prix est exactement le contraire de la taxe de
vente: au lieu de payer les produits plus cher par des
taxes, les consommateurs les paient moins cher grâce
à cet escompte. Qui pourrait s’en plaindre?
On voit bien alors que ceux qui disent que le Cré-
dit Social va faire de l’inflation, parlent à travers leur
chapeau, car ils ignorent l’existence de l’escompte
compensé. Bien sûr, s’il n’était question dans le Cré-
dit Social que d’imprimer de l’argent et rien d’autre,
les craintes de l’inflation seraient justifiées, mais jus-
tement, le Crédit Social possède une technique pour
faire face à tout danger d’inflation.
Il existe trois principes de base dans le Crédit So-
cial: 1. l’argent émis sans dette par le gouvernement,
représentant de la société, selon la production, et
retiré de la circulation selon la consommation; 2. le
dividende mensuel à tous les citoyens; 3. l’escompte
compensé. Les trois sont nécessaires; c’est comme
un trépied: enlevez un de ces trois principes, et le
reste ne tient plus.
Toute cette technique du Crédit Social, telle qu’ex-
pliquée très brièvement ci-haut, n’a qu’un but: financer
la production des biens qui répondent aux besoins; et
financer la distribution de ces biens pour qu’ils attei-
gnent les besoins. En examinant la circulation du cré-
dit sur le schéma ci-contre, on s’apercevra que l’ar-
gent ne s’accumule en aucun temps, qu’il ne fait que
suivre le mouvement de la richesse, entrant en circula-
tion au rythme de la production, et prenant la voie du
retour vers sa source (l’Office National de Crédit) au
rythme de la consommation (lorsque les produits sont
achetés chez le marchand). En tout temps, l’argent
demeure un reflet exact de la réalité: de l’argent appa-
raît lorsqu’un nouveau produit apparaît, et cet argent
disparaît lorsque le produit disparaît (est consommé).
Où est l’inflation là-dedans?
Tout cela ouvre des horizons et possibilités in-
u
soupçonnés. Pour que ces possibilités deviennent
réalités, il faut que tous connaissent le Crédit Social.
Et pour cela, il faut que tous reçoivent Vers Demain.
Ami lecteur, c’est là que votre responsabilité entre en
jeu: vous qui avez compris le Crédit Social, c’est votre
devoir de le faire connaître aux autres, en sollicitant
autour de vous l’abonnement à Vers Demai n !
Alain Pilote
La circulation de l’argent
Dans un système de Crédit Social
De l’argent est avancé par l’Office National de
Crédit
au producteur (industrie)
, pour la pro-
duction de nouveaux biens, ce qui amène (flèche de
gauche) un flux de produits étiquetés avec des prix
et des salaires distribués aux employés
(flèche
de droite). Puisque les salaires ne suffisent pas pour
acheter toute la production, l’Office de Crédit comble
la différence par l’émission d’un dividende périodique à
tous les citoyens
. La rencontre des consommateurs
et des produits se fait chez le marchand
, et lorsqu’un
produit est acheté (consommé), l’argent qui avait été
avancé au début de la production de ce produit retourne
à sa source
, l’Office National de Crédit, qui rembour-
se au marchand l’escompte
qu’il avait accordé au
consommateur. L’argent avancé au début a accompli
sa fonction, le produit ayant rejoint le consommateur.
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VERS DEMAIN octobre-novembre-décembre 2016
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